L’initiative du Modem, à travers
Marielle de Sarnez, de tendre la main au Parti Socialiste pour
« construire ensemble » est clairement un tournant dans la démarche
politique du Modem.
Un tournant à prendre avec beaucoup de prudence à mon sens.
Comme le rappellent certains et notamment
Bob dans un billet repris par
l'Hérétique, ce qui a fait l’originalité et le succès du message de
François Bayrou c’est bien ce « ni Droite, ni Gauche », c’est l’idée d’une
voie originale qui ferait fi de cette dichotomie archaïque entre la Gauche et
la Droite.
En mars 2008 à l’occasion des élections municipales, beaucoup avaient traité
le MoDem de parti d’opportunistes lui reprochant de « s’acoquiner »
au cas par cas avec des personnalités locales plutôt que de choisir
« clairement » et tant qu’à faire « définitivement » son
camp à travers une alliance nationale avec l’UMP ou le PS.
A l’époque, j’avais pris ma plus belle plume pour exprimer tout le
mal que je pensais de ces critiques.
Je me permets de reprendre quelques extraits de ma prose de
l’époque :
« …Pourtant, quoi de plus cohérent que la STRATEGIE de François
Bayrou et du MoDem !
Quoi de plus cohérent que de dire nous ne sommes inféodés ni à l’UMP ni
au Parti Socialiste qui n’ont ni l’un ni l’autre le monopole des candidats et
des projets de qualités !
Quoi de plus cohérent que d’envisager, surtout dans le cadre de
municipales, les alliances au cas par cas sur la base des projets proposés plus
que sur la couleur politique de tel ou tel candidat !!!
Quoi de plus cohérent pour un parti qui s’est construit sur cette idée
forte que l’on pouvait dépasser les vieux clivages Droite-Gauche, que l’on
pouvait s’exprimer politiquement sans sectarisme !!!
Qu’aurait signifiée une telle alliance sinon la remise en cause,
quelques mois après sa création, de ce qui constitue l’essence même du
Mouvement Démocrate, c'est-à-dire le refus de s’enfermer dans un camp
!!!!!!
Et qu'auraient dit les vilipendeurs du MoDem à ce moment là ?
»
Certes ces propos datent d’il y a 18 mois, le MoDem était alors tout juste
revenu des fonds baptismaux, encore dans l’euphorie des 18% de François Bayrou
à la présidentielle à peine refroidie par des législatives décevantes. Ces
législatives, justement, qui ont révélées, pour ceux qui en doutaient encore,
la force d’écrasement du scrutin majoritaire à 2 tours pour les Partis qui
veulent porter un message différent de celui des Cadors de Droite ou de
Gauche.
Mais depuis, il y a surtout eu le traumatisme des européennes !
Au-delà du score décevant des listes MoDem, pour toutes les raisons que nous
avons déjà eu l’occasion d’évoquer, il me semble que ces élections ont sans
doute sonné le glas d’une certaine idée de ce que devait-être le MoDem, cette
fameuse troisième voie qui est à la base de son message original.
Autant le scrutin majoritaire interdisait tout espoir de briller aux
législatives, même si elles suivaient de peu l’élection présidentielle, autant
les Européennes qui se jouaient dans des conditions idéales avec un PS
affaiblis, sur un sujet maitrisé et surtout sur la base d’un scrutin de listes
à 1 tour, étaient l’occasion ou jamais de s’inscrire définitivement comme une
force qui compte dans le paysage politique français.
Au lieu de cela, le MoDem n’a même pas été capable de faire mieux que les
Ecologistes !
La déconfiture des Européennes a probablement été l’élément déclencheur
d’une prise de conscience que le MoDem ne s’en sortirait pas tout seul. A
partir de là, l’anti-sarkosisme des dirigeants du MoDem ayant considérablement
réduit le choix des alliances possibles, il a été choisi de tendre une main
secourable au Parti Socialiste.
Evidemment, rien ne dit que cette main tendue sera empoignée avec un
fraternel enthousiasme par le PS, mais imaginons qu’elle le soit, que se
passera t’il ?
Je n’envisage sérieusement que 2 scénarios :
En effet, j'élimine d'entrée, le rapport de force équitable, le jeu
d'alliances d'égal à égal.
Dans le premier, le MoDem, via un jeu d’alliances régulières et nationales
avec les PS, s’inscrit définitivement à Gauche et le rapport de force étant ce
qu'il est, devient une composante, non majoritaire de cette Gauche. Petit à
petit, scrutin majoritaire oblige, le MoDem deviendra le « Nouveau
Centre » de la gauche, c'est à dire un Parti croupion du PS obligé de
quémander des places sur les listes PS/MoDem pour obtenir quelques élus, une
sorte de gros parti radical !
Le deuxième scénario, peut-être le moins probable malheureusement, je
l’avais déjà évoqué dans un
précédent billet (eh oui, encore un peu d'auto-promotion !). Dans ce
billet, qui date également de Mars 2008, je développais l’idée, quelques peu
iconoclaste, que dans le cadre de la bipolarisation des paysages politiques
nationaux, il n’y avait pas vraiment de place pour le PS et le MoDem et que ce
dernier pouvait se substituer au premier en tant que parti représentant d’une
Gauche moderne sociale-démocrate.
Evidemment, pour aboutir, ce scénario suppose que certaines conditions
soient remplies et notamment que le PS continue sur sa lancée autodestructrice
et de ce point de vue c'est assez bien parti.
En tout état de cause, et toujours dans l’hypothèse assez improbable à ce jour
d’une alliance avec le PS, je suis persuadé que l’un des 2 contractants y
laissera nécessairement de plumes, espérons que ça soit le ……… (dans le cadre
de ce blog extrêmement interactif, chacun pourra compléter comme il l’entend
sous réserve bien entendu d’avoir imprimé ce billet au préalable) !
PS: Nonobstant la sympathie que m'inspire Marielle de Sarnez, il me semble
quand même qu'il aurait été de bonne attitude démocratique que de demander aux
adhérents du MoDem s'ils sont accord avec cette politique d'alliance. Le débat
sur le sujet dans la blogosphère montre bien que cette question ne fait pas
nécessairement consensus.
PS2: On me rétorquera que Marielle n'a jamais formellement parlé d'alliance, ce
qui est vrai, mais tous ces "nous" et "ensemble", dans son discours sont
suffisamment éloquents pour qu'il ne soit pas utile de prononcer le
mot !