Non, c’est impossible ; donc il est impossible que ce soit possible

Par Georgesf

 

Comment se faire éditer ? Il y a, chez certains candidats à l’édition, une ferveur, une foi touchante en un vieux dogme : il est impossible, absolument impossible, de se faire publier si l’on ne dispose pas de relations, de réseaux, et autres confréries para-maffieuses. Il y a soixante-quinze ans, on aurait pris un air entendu pour parler des Juifs et des francs-maçons. Aujourd’hui, on susurre, en hochant gravement le menton, qu’il faut être ancien de Normale Sup ou de Sciences Po, habiter Saint-Germain-des-Prés, appartenir à une famille en vue ou aristocratique.

C’est toujours aussi nul comme état d’esprit.

 Et ça conduit tout droit à l’échec : en se donnant cet alibi pour excuser ses premiers échecs, on plombe tous ses nouveaux projets. À quoi bon écrire si l’on est enseignant dans une petite ville de province, ou chômeur perdu en grande banlieue parisienne, hein ?
Et pourtant, c’est possible.

Si l’on veut être publié, il faut commencer par avoir à la fois une grande conviction, une orgueilleuse conviction « Oui, ce que j’écris doit mériter la publication ». Il faut aussi une grande opiniâtreté : « Si dix maisons ont refusé mon manuscrit, ce n’est pas forcément qu’il est dix fois mauvais ; c’est peut-être, simplement, que j’ai écrit à dix mauvaises maisons, je vais en essayer dix autres ». Il faut aussi une grande humilité « Si cinquante maisons ont refusé mon manuscrit, peut-être est-il perfectible... comment ? »

Mais cela suffit-il ? Oui et non.

Ce qui complique la situation, c’est que la vérité en ce domaine est toujours composite. Oui, il peut être plus facile de vous faire éditer si vous êtes une silhouette publique, ou si vous êtes ami d’enfance d’un directeur littéraire d’Actes Sud. C’est possible, mais ce n’est pas toujours vrai : faire passer un manuscrit par une personne influente, proche d’une maison d’édition, c’est parfois condamner l'oeuvre à des mois de ni-oui ni-non chez l’éditeur ; on n’ose pas le refuser pour ne pas déplaire à Monsieur Linfluent, mais on ne va pas non plus l’accepter. Alors on cherchera à décourager l’auteur : on fera traîner, on demandera des changements d’intrigue, de personnages, on inventera de mystérieux cheminements de l'œuvre  dans la hiérarchie de la maison...

J’ai vécu cela, et je ne suis pas le seul.

Il y a une autre méthode plus simple : la poste. J’ai déjà abordé le sujet il y a plus d’un an, je vais le reprendre en l’étoffant, car il revient à l’actualité. Je me suis rtécemment permis de témoigner de cette possibilité sur un blog très fréquenté par les ouhanabis de l’édition - ou plutôt par les désespérés de l’édition. Mon témoignage était simple, argumenté, sans polémique. Certains auteurs ont témoigné de son bien-fondé. Que croyez-vous qu’il arriva ? Le témoignage a été rejeté :

- premier  temps : « Ah, si Georges Flipo a été publié, c'est parce qu’il est publicitaire ». J’ai alors expliqué que cette origine professionnelle ne m’a jamais servi. Je n’ai d’ailleurs jamais eu droit à une ligne dans CB News ou dans Srtatégies

- deuxième temps : « Ah, il a été publicitaire, c’est donc un menteur. Son histoire de livres publiés après avoir été envoyés par la poste, c’est évidemment un mensonge de pubard ».

Bref, c’est  impossible ; donc il est impossible que ce soit possible.

N’ayant pas de goût pour la polémique, je vais laisser les mal-aimés gémir dans leur marigot, et j’expliquerai ici que l’on peut faire publier son manuscrit par la poste, sans aucune relation, sans aucune lettre de recommandation