Venus des austères contrées norvégiennes, Kings of Convenience sont un duo de folk-pop jazzy à l'esthétique éclatante. Vous connaissez peut-être la voix principale, Erlend Øye, qui a plus récemment créé le groupe d'electropop rêveuse The Whitest Boy Alive, dont le deuxième album est récemment paru. Pour en revenir à nos moutons, le premier album de Kings of Convenience est plutôt un album d'automne, aux mélodies à la fois amères et sucrées. La recette est simple : deux guitares, deux voix et une batterie par moments. Tels Simon & Garfunkel, le duo nous envoûte sur le folk de Winning a Battle, Losing the War, où guitare et voix sont mélodiques à souhait. Erlend Øye et Eirik Glambek Bøe, excellents au picking et leur chant est doux, chaud et résonnant. On retrouve ce folk innocent sur The Weight of My Words et Summer on the Westhill ; sur ce dernier morceau, le violoncelle vient colorer le splendide paysage. On retrouve des touches de violoncelle sur quelques titres folk (I Don't Know What I Can Save You From, Failure) et des passages au piano sur Parallel Lines et Little Kids, agréable comptine à la Yann Tiersen ; le tout dans une atmosphère légère et souriante.
Ensuite, comme promis, Kings of Convenience s'essaient à un style plus exotique, bariolant leur folk de couleurs jazz. Le mélange des styles est subtil : moins ressenti sur les titres aux paroles plus langoureuses (Toxic Girl, The Passenger), un air de bossa résonne allègrement sur Singing Softly to Me, se répétant sur The Girl from Back Then et se renouvelant, classieux, sur Leaning Against the Wall. Ce style leur va à merveille et fait de Quiet is the New Loud un objet de contemplation. Cet album est une rêverie acoustique tendre et sans prétention, simple et sophistiquée ; c'est un matin de fin d'été, où vous regardez les premières feuilles mortes tomber, savourant l'air limpide d'une nature endormie.
9/10
1. Winning a Battle, Losing the War
2. Toxic Girl ■
3. Singing Softly to Me
4. I Don't Know What I Can Save You From
5. Failure ■
6. The Weight of My Words
7. The Girl from Back Then
8. Leaning Against the Wall
9. Little Kids
10. Summer on the Westhill
11. The Passenger
12. Parallel Lines
Kings of Convenience - Quiet is the New Loud [Astralwerks]
6 Mars 2001
Après un premier album réussi et la sortie d'un disque contenant des remixes de leurs premiers succès (Versus), le groupe a vaincu de nombreux cœurs et sort un second album, Riot on an Empty Street. Le titre de l'album (« émeute dans une rue vide ») exprime un contraste entre bruit et calme, tout comme le faisait Quiet is the New Loud (littéralement, « le silencieux est le nouveau bruyant »). Cependant, ce second album est plus « bruyant » que le premier, si j'ose dire. Il reste très doux, mais on remarque un changement important au niveau des arrangements musicaux, plus riches et substantiels qu'à leurs débuts : vous entendrez plus de violoncelle et de piano, mais également de la contrebasse. Le folk se joue amplifié sur Homesick et de manière plus naturelle sur Cayman Islands, Stay Out of Trouble et Gold in the Air of Summer ; ces titres sont de magnifiques hymnes à deux voix, très chaleureux à l'écoute. Ce folk plutôt classique se retrouve à la fin du disque avec Surprise Ice et The Build-Up, morceau auquel la voix vivifiante de Feist se joint. La participation de Feist à l'album est une agréable surprise et son chant féminin apporte une touche de fraîcheur aux compositions ; on la retrouve avec plaisir sur la bossa très rythmée de Know How.
Le jazz exotique est aussi au menu sur Riot on an Empty Street, où bossa et salsa viennent rythmer Live Long et le joyeux Misread, aux harmonies très réussies. Kings of Convenience sont aussi bien faits pour le folk que pour le jazz vocal ; ils rajoutent même une touche de psychédélisme à la Pink Floyd sur Sorry or Please, dont le refrain vous rappellera les évasions de Dark Side of the Moon. Enfin, peut-être dans un but populiste, le groupe a inclus des titres plutôt funk-rock, Love is No Big Truth et I'd Rather Dance With You, que je trouve moins appropriés, mais qui restent appréciables. Plus hétérogène que Quiet is the New Loud, Riot on an Empty Street se veut plus pop et plus rythmé. C'est une évolution intelligente, même si je préfère la simplicité insouciante du premier album. En attendant Declaration of Dependance, leur troisième album prévu pour le 2 octobre, ces scandinaves ont de quoi vous faire rêver.
8/10
1. Homesick
2. Misread ■
3. Cayman Islands ■
4. Stay Out of Trouble
5. Know How (ft. Feist)
6. Sorry or Please
7. Love is No Big Truth
8. I'd Rather Dance With You ■
9. Live Long
10. Surprise Ice
11. Gold in the Air of Summer
12. The Build-Up (ft. Feist)
Kings of Convenience - Riot on an Empty Street [Astralwerks]
21 Juin 2004