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Sincérité opportuniste et opportunités sincères, ou de l’ADN et des banlieues…

Publié le 09 octobre 2007 par Jean-Paul Chapon

Depuis ce matin sur France Info, et France Inter, on entend en boucle les déclarations de Fadela Amara dans son style direct. «L’ADN je ne suis pas d’accord parce que je pense qu’on touche à quelque chose qui n’est pas bon pour notre pays…Je le dis aussi en tant que fille d’immigrés: y en a marre qu’on instrumentalise à chaque fois l’immigration, pour des raisons très précises. Je trouve ça dégueulasse!». Quant aux comptage ethnique, la position est claire : «ça aussi c’est un autre combat. Je ne veux pas qu’on définisse les gens en fonction de leurs origines, de leur religion. Créer des catégories de population c’est dangereux».

Ce n’est pas nouveau, la secrétaire d’Etat à la politique de la ville avait déjà marqué ses distances sur ces questions face à la ligne gouvernementale dans l’émission de Laurence Ferrari sur Canal + le 16 septembre dernier. Les tests ADN, “je ne suis pas favorable à ça (…) Ça me heurte en tant que fille d’immigrés… Ce qui me gêne, c’est que ça jette l’opprobre sur les étrangers qui veulent venir chez nous. Ça me choque“.

Alors pourquoi cette soudaine offensive médiatique aujourd’hui ? Car finalement, entre le 16 septembre et le 8 octobre, on n’a pas l’impression d’avoir tellement entendu le mot « dégueulasse » à propos des tests ADN, alors qu’en plein débat au Sénat, même des UMP ou Gaullistes historiques, de Balladur à Pasqua tenaient, avec un autre vocabulaire certes, des propos qui auraient dû aller droit au cœur de la secrétaire d’Etat. Las, après modification de l’amendement Mariani sur ces fameux tests ADN, la rébellion UMP retombe comme un joli soufflé. Et là rien, silence. Car faire entendre sa différence, lorsque l’on est ministre d’ouverture, semble ne pas être facile, ou spontané, mais peut-être est-ce aussi une question de timing, le faire au bon moment…

Justement question timing on peu lire aujourd’hui dans Libération ou dans le Parisien, dans deux petits encadrés, qu’à partir de ce soir, et jusqu’à la fin de l’année, s’ouvrent les « Etats Généraux de la banlieue », seconde phase de concertation du Plan Banlieue de Sarkozy que le président de la République devrait présenter début janvier 2008. Après le virtuel (le skyblog Pour ma ville de Fadela Amara) le réel : 200 réunions un peu partout en France, voir le programme sur Pour ma ville. Alors, un petit coup de gueule bien médiatisé en guise d’introduction, notamment pour faire passer le plan  « anti-glandouille » qui avait sans aucun doute plus séduit Nicolas Sarkozy que les participants de ces Etats-Généraux à venir, c’est pas du luxe. On se souvient de la polémique autour de la dalle d’Argenteuil pendant la campagne de Sarkozy, « ira, ira pas ? » et l’ouverture non pas à la gauche, mais à la banlieue est aussi un des enjeux du gouvernement. Alors pour éviter que l’ouverture des dits Etats-Généraux pour préparer ce tant attendu plan banlieue ne tourne au fiasco ou même à une fermeture anticipée après le « détail » de Fillon, pourquoi pas un joli petit coup de communication - dont on ne saurait remettre en cause la sincérité - mais qui tombe tellement bien. Tout est question de timing, et Fadela semble très vite apprendre les leçons de Nicolas.

Question sincérité, pas d’embrouille, Fadela le précise ce matin. «Je suis une femme libre, ne l’oubliez jamais», dit-elle. «J’ai la possibilité de dire ce que j’ai à dire et, très franchement, le jour vraiment où ce sera trop insupportable, le jour où ce sera trop dur, eh bien je partirai ! »

à suivre donc…

Jean-Paul Chapon


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