Expo madeleine vionnet : puriste de la mode

Publié le 24 août 2009 par Fliz

Vendredi dernier, j’ai décidé d’aller me faire une expo mais pas n’importe laquelle puisqu’il s’agissait de “Madeleine Vionnet : Puriste de la mode“. Qui est Madeleine Vionnet? Ce nom ne vous dit sans doute rien alors que c’est une précurseure dans la Mode pour femme.

Avant-gardiste, moderne, visionnaire, Madeleine Vionnet a bouleversé le monde de la mode la première moitié du XX éme siècle. C’est à elle qu’on doit la coupe en biais : une technique qui permet au tissu de flotter naturellement sur le corps, le moulant souplement. Technicienne dans l’âme, elle pousse le raffinement à l’extrême pour atteindre une pureté absolue des lignes, grâce à une parfaite maîtrise des propriétés du textile, de la coupe du vêtement et de son placement sur le corps. Elle est une source d’inspiration inépuisable pour les plus grands couturiers d’hier et  d’aujourd’hui : de Christian Dior à Issey Miyake en passant par Valentino ou Narcisso Rodriguez, chacun la vénère pour son génie et sa créativité hors-pair.

Cette exposition retrace chronologiquement le parcours remarquable de Madeleine Vionnet depuis l’ouverture de sa maison de couture à paris au 222 rue de Rivoli jusqu’à 1939, date de fermeture de cette même maison lorsque la guerre éclate. C’est pas moins de 122 robes, 750 toiles patrons, 75 albums photographiques copyrights acquèris par les Arts Décoratifs suite à une donation par Madeleine Vionnet en 1952.

Sarouel, volants, strass, décolleté asymétrique, ça ne vous rappelle rien? A votre plus grand étonnement, ces must-have de cet été sont présentes dans la sélection de modèles imaginés par Madeleine Vionnet. Incroyable, non?

Née en 1876, elle débuta comme lingère puis partira en Grande-Bretagne où elle assimilera la technique des grands tailleurs britanniques et la façon dont les œuvres peuvent être copiées plus ou moins bien. Elle en fera d’ailleurs une affaire personnelle : elle mettra au point un système de copyright qui fait encore référence. ” Non seulement, dit elle, j’appose sur chaque modèle sorti de chez moi ma griffe et un numéro de série mais aussi mon empreinte digitale. Je donne aussi le nom des personnes que j’autorise officiellement à copier mes œuvres à plusieurs exemplaires “.

Féministe et engagée, elle a participé à l’ émancipation du corps de la femme en supprimant définitivement l’usage du corset. Puis, c’est encore elle qui a présenté pour la première fois des mannequins pieds nus. Imaginez-vous qu’elle a contribué à une véritable révolution puisque le corps de la femme était enfin libérée!

Par son style, elle s’oppose à sa plus grande rivale,quand Gabrielle Chanel habille, elle efface les contours du corps ; Vionnet, elle exalte les formes mettant en valeur la féminité des corps. Cependant, ces dernières ont pas mal de points communs : elles sont toutes deux issues de milieux modestes et provinciales, elles ont fermé leurs ateliers pendant les deux grandes guerres, elles sont des femmes entrepreneuses.

Une note? Un 9 sur 10 pour cette expo. J’ai découvert “le couturier des couturiers”, une grande dame très souvent imitée mais jamais égalée. Tous les grands couturiers sont formels : c’est la plus grande et est souvent comparée à Picasso en tant qu’artiste. Une femme en avance sur son temps. Sa collection de robes  de jour et du soir est un régal. On évolue dans son univers où l’accent est mis sur la structure et le décor du vêtement : coupe en biais, roses, formes géométriques, transparences, brillances, effet de matières, franges. Elle a utilisé des matières très délicates et recherchées telles que diverses  crêpes, sa prédilection  : de soie,  de chine, romain, georgette, marocain..

J’ai eu un véritable coup de coeur pour deux modèles : le premier est une robe du soir en mousseline ivoire taillée en biais de l’été 1933 et la seconde est également du robe du soir en crêpe romain blanc et drapé datant de l’hiver 1935. Ce fameux drapé s’inspire de la Gréce antique avec le drap libre.

J’y vais : Les Arts Décoratifs

107 rue de Rivoli

75001 Paris

Jusqu’au 31 janvier 2010