Pif, paf, pan-pan, c’est bientôt l’ouverture de la chasse. En fait, renseignements pris, ça dépend des bestioles et des coins. Josette est ravie : elle va pouvoir respirer un peu, rêvasser tranquillement au beau Silvio Berlusconi pendant que Marcel et ses potes iront canarder les zoziaux de passage, juste pour embêter monsieur Bougrain-Dubourg et ses camarades de la Ligue de Protection des Oiseaux à plumes.
Même si la chasse ne fait pas partie de nos activités favorites, « Restons Correct ! » ne pouvait pas ne pas saluer l’évènement, ne serait-ce que par solidarité avec ses lecteurs adeptes des activités cynégétiques et si souvent accusés des pires horreurs par les défenseurs des zanimaux et autres bien-pensants animaliers.
En fait, dès qu’on se documente un peu sur le sujet, on découvre que la chasse est un monde extrêmement vaste : on compte largement autant de gibiers, de techniques, d’armes et d’usages que de raisons à l'augmentation de la dette publique…
C’est pourquoi nous avons choisi d’en décrire une seule, la plus belle, la plus rare et sans doute la plus sportive : la chasse à l’ours pyrénéen, importé à grand frais de Slovénie et opportunément relâché dans les montagnes par l’administration publique, en vue de stopper la surproduction de côtelettes d’agneaux par les éleveurs locaux.
Le gibier est rare, le terrain est difficile, la traque est longue, la maréchaussée veille, mais en cas de succès on est sur de passer à la télé, au moins aux actualités régionales.
Comme il est préférable de ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, nous recommandons aux néophytes de s’inspirer de la méthode mise au point par le regretté Ernest Hemingway, lors de mémorables parties de chasse au plantigrade dans les Rocheuses, et que rapporte Carlos Baker son incontournable biographe.
En fait c’est simple : il faut d’abord piquer un canasson au centre équestre le plus proche puis le conduire sur le « terrain ». Là, il n’y a plus qu’à l’éventrer soigneusement et le laisser quelques temps les tripes à l’air,ce qui finit immanquablement par attirer l’animal. Ensuite, ya plus qu’à viser soigneusement et à tirer sans hésitation.
Comme quoi, pour obtenir le Nobel de Littérature, il suffit juste d’avoir un peu d’imagination et de se choisir un biographe attentif et précis…
Quelques précautions sont toutefois nécessaires. D’abord, comme l’attente risque d’être longue, munissez-vous de provisions roboratives en quantités suffisantes. A priori la (vraie) galette-saucisse convient parfaitement.
Ensuite, question arme et compte tenu de la masse du gibier, il est évidemment conseillé d’éviter la pétoire ordinaire. Le mieux reste la Kalachnikov version AK 47 qu’on trouve désormais aisément à tous les coins de rue des cités sensibles.
Enfin, quand vous aurez chargé le cadavre encore chaud de l’animal à l’arrière de votre 4X4, enlevez son collier GPS et débarrassez vous en à la déchetterie municipale la plus proche. Si possible aussi évitez les barrages de gendarmerie en rentrant chez vous car les pandores n’ont pas forcément tous lus l’Adieu aux Armes ou Les Neiges du Kilimandjaro…
Message personnel aux jurés du Prix Nobel de Littérature en ligne : on a bon là ! non ?