Par Bernard Vassor
Janvier 1871, pendant le siège de Paris, des "culs rouges"* venus laver leur linge dans la fontaine de la place Pigalle. Jeune fille qui a bu l'eau de Saint Denys Reste fidèle à son mari. Au temps de l'occupation romaine et au moyen âge, de nombreuses sources et ruisselets alimentaient la ville de Paris. Même au temps de l'indépendance gauloise où des chênes abritaient le temple druidique de Teutatès. Il y avait sans doute une douzaine de sources, mais seul le souvenir de quatre d'entre elles est parvenu jusqu'à nous. L'abbé Lebeuf, auteur de l'Histoire de la Ville et du Diocèse de Paris, rapporte avoir vu les vestiges d'une conduite d'eau dans la ruine d'une maison effondrée à la suite de l'ouragan qui détruisit une grande partie des fermes et maisons de Mont-Martre en 994. On découvrit d'ailleurs à la fin du XIX° siècles entre les rues de Belfond (vers le n° 44 ) et de Dunkerque des tuyaux de poterie** ayant servi à la construction de l'aqueduc romain qui conduisait à la plaine Monceau en passant par la rue Victor Macé et rue de Douai. Les quatre fontaines célèbres de Montmatreétaient: "La Fontenelle"( petite fontaine), "La fontaine Saint-Denys" (ou fontaine des Martis), la fontaine de la Bonne (à l'origine de la Bonne eau) et la fontaine du Buc. La Fontenelle tarie au XVII° siècle absorbée par les carrière de plâtre, cheminait à l'emplacement de la rue du Chevalier de la Barre. La fontaine Saint-Denysse déversait à l'emplacement du cimetière Montmartre et doit son nom au premier évêque de Lutèce (vers 272 après J.C) venu là après avoir eu la tête tranchée y faire un petit brin de toilette... L'abbé Lebeuf (toujours lui) dit que les paysans venaient y faire des folies.Seigneurs, decolé fu le corps de saint Denys,
Droit à une fontaine, si nous dit li inscris,
Qui est entre Mont-Martre et le cit de Paris
Encore l'appelle-t-on la fontaine aux Martis
Là, avait ung grant bois qui fut souvent feuillis.
Ignace de Loyola, "dans de frugales et fraternelles agapes", vint avec ses compagnons se réjouir et deviser pieusement pour terminer la journée du 15 août 1534 où il avait jeté par un voeu solennel, dans la chapelle du Martyre les bases de sa fameuse institution.
En 1810, une autorisation d’ouvrir une carrière de gypse calcarifaire (montmartrite) dans ce secteur fut accordée. L’eau qui y coulait depuis des siècles fut absorbée jusqu’à la dernière goutte en un rien de temps dans les excavations ainsi creusées, .
Dessin de O'Galop : une fontaine à Montmartre. La fontaine de la Bonne eau ,de la Bonne Étoile, ou de la Bonne Fée (souvenir celtique) qui servait le temple de Teutatès. Ce sont ensuite les religieuses de l'abbaye qui utilisèrent cette eau précieuse pour laver leurs habits noirs. Elle disparut en 1850. Du cabaret de "la Vache noire" dont les bosquets poussaient à pic, jaillissait une source limpide venue de la fontaine de la Bonne Fée, suivant une tradition celtique des temps oubliés. Cette fontaine alimentait en partie le village et l'abbaye. Il reste une trace en 1837 dans un "Rapport sur l'état des carrières de Montmartre" dréssé par un ingénieur où il est fait mention de son regardappartenant à Mme de Romanet !!! Selon des recherches, qu'il serait trop long de developper dans ce petit article, cette fontaine pouvait être de source artificielle reliant plusieurs petits canaux et réservoirs et des eaux de ruissellement. Les religieuses de Montmartre ayant obtenu après un procès le partage des eaux avec un propriétaire Claude Garrot, seigneur de Champroust. Les eaux qui sont désignées dans les actes, passaient sous le grand chemin de Montmartre à Clignancourt(rue du Mont-Cenis, ancienneme,nt rue Saint-Denis) La fontaine du Buc a laissé son nom à une rue, tandis que deux rue avoisinantes portent les noms de rue du Ruisseau et rue de l"Abreuvoir. L'origine de ce nom est inconnue,certains prétendent que le mot viendrait de bucca(bouche) d'autres du vieux mot français buc, devenu bouck en allemand, du bouc que les gaulois consacraient à leurr dieu. La municipalité a tranché en modifiant on ne sait trop pourquoi la dénomination en "Fontaine-du-But" ! Elle alimentait le fameux "abreuvoir aux ânes des meuniers et des boeufs qui étaient conduits à l'abattoir" elle disparut en 1880. La rue Girardon avait eu pour nom : rue de la Croix-du-Buc rue des Brouillards, puis rue des Fontaines. "Dans ce pittoresque espace abrité par de grands arbres du château des Brouillards, c'était le voisinage de l'abreuvoir, qui le soir s'anime du spectacle de chevaux et de chiens que l'on y baigne (...) et d'une fontaine construite dans le goût antique, où les laveuses causent et chantent comme dans les premiers chapitres de Werter. Avec un bas-relief consacré à Diane (....) à l'ombre des vieux tilleuls qui se penchent sur le monument qui rappelerait à ses heures certains points de la Campagne romaine" La Bohème galante. Gerard de Nerval ...... Le Château d'Eau de la place Ravignan (aujourd'hui place Jean Baptiste Clément) : C'est en 1835 qu'une tour octogonale fut édifiée près du rendez-vous de chasse ayant prétendument appartenu à Catherine de Médicis. Ce réservoir fut surelevé, et en 1860 il fut alimenté par les eaux de la Dhuis. Un autre réservoir fut construit en 1888 presque sur les flancs de la basilique. Des sources coulaient sous terre, rue Ramey, passage Cottin et rue Rochechouart. ........... Une curiosité à noter : à l'emplacement de la fontaine de la place Pigalle, se trouvait un puits encagé par de grosses grilles de fer solidement cadenassées. Un puits artésien situé place Hébert (ancien maire du village de la Chapelle Saint-Denis) à la Chapelle, creusé à la fin de l'empire a été foré jusqu'à 712 mètres de profondeur, les eaux se perdant dans les couches géologiques qu'elles traversaient. *Surnom familier donné aux soldats en raison de la couleur garance de leur pantalon **Poteries déposées au musée Carnavalet A SUIVRE : La fontaine de Davioust, place Pigalle