Et alors que l'on inaugurait cette semaine le Festival des auteurs de Melbourne, Schlink était présent, et une fois encore, The Reader au centre des attentions. L'histoire de cette femme, Hanna, qui occupait un poste de surveillante dans un camp de concentration dont elle ignorait tout a de quoi chambouler : son histoire d'amour avec un adolescent qui lui fait la lecture met en évidence une chose estime l'auteur : « Si ceux qui commettent des crimes monstrueux était juste des monstres, ce serait plus simple. Le problème est qu'ils ne sont pas simplement des monstres. »
Le romancier évoquera plusieurs thèmes du livre comme la culpabilité, la réconciliation et le pardon. Et l'une des questions du public fut de savoir pourquoi tourner le lecteur vers la compassion plutôt que le mépris envers les criminels de guerre. Pour sortir de cette histoire dans laquelle cette génération a grandi, prisonnière entre les actes des uns et la culpabilité des autres. Dans son cas, il garde le souvenir d'un professeur qui avait un tatouage SS sur le bras ou, quand il fit du droit, d'un enseignant dont les écrits sur l'exclusion des juifs durent être cachés.
The Reader, c'est une tentative pour mettre fin aux tensions, sans renier la barbarie ni les crimes : apaiser ceux qui peuvent l'être encore. « Ma génération a enduré encore et encore, l'expérience d'une personne que l'on a appréciée et respectée, mais qui aura, durant la Troisième Reich, fait des choses terribles. »
Pourtant, la fin du livre mène Hanna vers le suicide : après qu'elle a appris finalement à lire - le noeud essentiel du livre - elle découvre dans les textes de Primo Lévi et d'autres victimes de l'Holocauste ce qui se tramait dans les camps. Pour Schlink, elle acquiert finalement son idée de ce qu'a pu être cette épreuve, mais si elle choisit de se tuer, c'est avant tout qu'elle n'a pas eu la force de revenir dans la vie et de reprendre pied dans le monde.