Pour les femmes, le harcèlement subi n’est pas seulement moral, mais « de genre » et sexuel.
Le harcèlement dit « de genre » se traduit par un mépris systématique de la femme, un sexisme ambiant, que le psychiatre Christophe Dejours nomme le « cynisme viril ».
Cette misogynie explique pourquoi les femmes cadres gomment fréquemment leur féminité pour se faire respecter. Par ailleurs, les femmes enceintes sont nombreuses à être vivement « incitées » à ne pas revenir travailler après leur congé maternité et les mères d’enfants en bas âge sont découragées par la technique des réunions tardives.
Enfin, 2 % des femmes subissent un harcèlement sexuel défini par la loi comme le « fait de harceler autrui dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle ». Marie Pezé a noté par ailleurs que 30 % des femmes harcelées déclenchaient un cancer du sein, de l’utérus ou des ovaires.
1- Reprenez le dessus
L’expérience le prouve : plus vous subirez des persécutions, moins vous pourrez réagir et plus le harceleur s’en donnera à cœur joie. Donc, cessez d’encaisser les humiliations sans broncher, décidez d’agir. Analysez la situation ; déterminez quel but poursuit votre harceleur ; identifiez vos points forts (compétences, soutien, fonction, etc.) et vos points faibles (sexe, âge, concurrence, etc.).
2- Informez-vous
Consultez les sites dédiés à ce sujet ; vous vous sentirez moins seul(e) et mieux armé(e). Ils sont listés sur http://rhmt.free.fr. Avocat au Barreau de Paris, auteur de “Le harcèlement au travail” (éd. Delmas), Maître Ravisy met à disposition, sur son site www.harcelement.info,
les textes de loi relatifs au harcèlement ainsi qu’un test « pour évaluer la nature et la gravité du processus de harcèlement ».
3- Faites constater la dégradation de votre état de santé
Prenez rendez-vous avec votre médecin traitant pour obtenir un arrêt de travail si nécessaire, puis avec le médecin du travail. Celui-ci interviendra auprès de l’employeur pour que la reprise du travail n’ait lieu qu’après aménagement du poste de travail, avec séparation par exemple des personnes en conflit, ou pour déterminer l’inaptitude temporaire au travail. Même si le harcèlement moral est considéré comme une maladie professionnelle, selon Maître Ravisy, « la victime a tout intérêt à obtenir la qualification d’accidenté(e) du travail, dont les avantages sont nombreux, puisque la qualification “accident du travail” modifie, dans de très larges proportions, l’approche psychologique et judiciaire ».
4- Demandez de l’aide
« Le danger le plus grave à nos yeux résulte du silence presqu’absolu observé par ceux qui pensent pouvoir assumer seuls le processus d’usure mentale qu’ils endurent », insiste Maître Ravisy. Parler permet de reconnaître le harcèlement subi, de sortir de l’isolement et de se faire aider. Contactez la DRH, les délégués du personnel et syndicaux, le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), l’Inspection du travail, mais aussi vos collègues car, selon la Dre Dorothée Ramaut, « un appui sans réserves des collègues de travail est capable, à lui seul, de briser les possibilités d’intervention du “harceleur” ».
5- Etayez votre dossier
Depuis janvier 2002, c’est à la personne harcelée d’établir les faits. Notez toute parole ou agissement stigmatisant le harcèlement et gardez copie de toutes les traces écrites (courriels, notes de service, etc.). Demandez à vos collègues de travail, témoins des faits, des « attestations circonstanciées ». Informez-vous sur le passé du harceleur. A-t-il déjà poussé un ou plusieurs salariés à la démission ? Recueillez ces témoignages.
6- Sortez de l’entreprise
L’arrêt de travail permet d’échapper un temps à l’emprise psychique du harceleur. Beaucoup, au bout du rouleau, démissionnent. Maître Lopes Dos Santos, avocate au sein du Cabinet Ravisy, se veut rassurante : « Cela n’enlève pas l’espoir d’être indemnisé car la démission peut être requalifiée par le juge prud’hommal en un licenciement abusif. Lorsque le salarié reste en poste, il lui est possible de demander au juge de résilier le contrat de travail aux torts de l’employeur. Si la situation est intenable, il peut quitter son emploi et faire constater par le juge que ce départ a été causé par l’auteur du harcèlement.»
7- Demandez réparation
Deux solutions : saisir le conseil des prud’hommes ou aller au pénal. Aux Prud’hommes, la sanction n’est qu’indemnitaire. Au pénal, il y a dédommagement et risque d’emprisonnement (1 an maximum). Maître Lopes Dos Santos demande parfois en plus la publication dans la presse spécialisée du jugement condamnant l’employeur : « Cela permet aux personnes harcelées d’être reconnues publiquement comme victimes, de retrouver leur dignité et de pouvoir montrer à tous que justice a été faite en leur faveur. »
8- Suivez une psychothérapie brève
Les techniques de dévalorisation du harceleur (en entreprise ou… en couple) font des ravages psychologiques : perte de confiance en soi, culpabilité, honte, humiliations répétées, perte de ses repères, isolement etc… qui peuvent aller jusqu’à la violence physique.
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