T comme « Trône »
Publié le 23 août 2009 par Jeanyvessecheresse
Imaginez un trône mobile qui, à travers la douce France, va de ville en ville et mène le monarque que vous êtes un instant durant. Un trône rien que pour vous. Un trône accessible sans problème au citoyen que vous êtes pourvu que vous ayez réservé votre place. Un trône moins imposant que celui que l’on imagine sous les fesses du Napoléon peint par Ingres – « Napoléon Ier sur son trône impérial » – mais autrement plus design. Un trône que vous occupez sans parure, face à un miroir qui vous renvoie l’image d’un personnage souriant d’aise et ayant déposé son fardeau. Un trône presque aussi familier que celui sur lequel vous vous attardez chez vous en feuilletant les brèves de comptoir de Jean-Marie Gourio qu’un ami mal intentionné vous a offert l’été dernier ou le numéro de Courrier International que vous avez laissé tomber de vos mains il y a trois mois. Un trône qui fonce à près de 300 kilomètres à l’heure. Un trône de TGV.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Genoux serrés, mâchoires crispées, parfois un impatient au front bas las de la longueur de votre méditation secoue la porte et tente de vous arracher à cette contemplation qu’il vous est si difficile d’abandonner : quiétude d’un décor d’herbes sèches, eau peinte façon Dali plus bleue que celle qui gronde sous vous, ou encore galets et oiseaux marins prêts à larguer quelque dépôt de guano.
N’oubliez pas, avant de quitter ce lieu de pouvoir ô combien éphémère, d’adresser une pensée émue aux bâtisseurs de ces trônes ; leur violon d’Ingres à eux c’est le perfectionnement des WC chimiques (une chimie de plus en plus « verte »). Ils se sont ingéniés à trouver des technologies qui permettent d’espacer les vidanges de votre…