Tadhamoun, ou solidarité en algérie

Publié le 23 août 2009 par Adel Miliani

Il est de tradition que les familles algériennes en général se sentent mobilisées durant le mois sacré, dans la plupart des cas pour partager avec des démunis leur repas du f’tour dans toute son intégralité, de la chorba jusqu’au dessert et la zalabia.

Sans doute, la solidarité en Algérie est-elle née de cet itihad historique contre l’adversité, estime-t-on du côté de certains sociologues, cela depuis la fameuse touiza présente chez nous depuis des temps ancestraux, envisagée d’abord comme une action de groupe pour hâter les moissons en joignant les efforts, devenue peu à peu une tradition dans le rif, même pour les travaux des champs et de désherbage, jusqu’à nos jours. Il serait bon de rappeler aussi que durant la guerre de Libération nationale, de pauvres hères en guenilles, et n’ayant souvent pour seule nourriture que de la galette et du lait de chèvre, avaient montré tôt autant leur bravoure que la générosité de leurs sentiments. Disponibles pour la Révolution jusqu’au sacrifice de leur vie, ils marchèrent les poitrines ouvertes aux balles de la soldatesque coloniale et le drapeau algérien flottant haut dans les rues des villes et villages, hommes, femmes et enfants, mus par un souffle de révolte contre leurs misérables et avilissantes conditions de vie certes, mais parce qu’ils tenaient aussi à témoigner leur complète solidarité à leurs “frères” des montagnes.
Plus près enfin, on se souvient de ces files interminables de véhicules pleins à craquer de vivres lors du premier tremblement de terre le plus meurtrier après l’indépendance du pays, à El-Asnam en 1980, de ces citoyens accourus spontanément vers les lieux du sinistre depuis les Aurès, la Kabylie, le M’zab, le Sud, l’Oranie, de partout, parcourant des centaines de kilomètres parfois pour offrir leur aide, au point que les services de sécurité avaient dû bloquer les routes d’accès à la région éprouvée, parvenues à l’extrême limite de la saturation. Puis, un peu plus d’une douzaine d’années après, en mai 2003, dans la wilaya de Boumerdès, au centre-ville de Zemmouri complètement dévasté par un séisme, alors que les éléments de la Protection civile se trouvaient dépassés par l’ampleur de la catastrophe, on constatait que dès les premières heures du sinistre, dans un formidable élan, toute la zone était envahie par d’incessantes déferlantes humaines venant des wilayas limitrophes pour prêter secours et assistance à travers une immense chaîne de solidarité créée par des citoyens et des entreprises
privées. Et les inondations de Bab El-Oued en 2001 et ces innombrables sauveteurs aux mains nues, bravant la pluie et le froid, venus bénévolement porter secours aux agents de la Protection civile, tirant les corps enfouis dans la boue, comprimés dans les voitures ou noyés en mer… Les exemples sont légion.

Meïdet el-hilal
La solidarité durant le Ramadhan n’existe pas d’hier, mais peut-être plus que toutes les autres formes de solidarité, celle-là rejoint et colle de façon plus étroite à la notion de rahma si chère aux cœurs des musulmans, de la clémence ou de la compassion, montrées concrètement par une personne vis-à-vis d’une autre. Et aujourd’hui, non seulement des citoyens, mais aussi de plus en plus d’entreprises économiques mettent publiquement en avant la fidélité aux valeurs fondamentales de solidarité et de citoyenneté, pour contribuer à des opérations à l’intitulé “solidarité Ramadhan”. Ces entreprises donatrices, auxquelles l’année dernière le ministre de la Solidarité Djamel Ould-Abbès avait, une fois encore, rendu un hommage appuyé, se sont fait quasiment une habitude incontournable chaque année de financer largement le processus de solidarité envers les familles démunies, dans l’anonymat souvent, voire en exigeant la discrétion.

Le rôle du Croissant-Rouge algérien
Il est utile de rappeler aussi le travail colossal qu’effectue le Croissant-Rouge algérien durant le mois sacré. Depuis près de dix ans, il organise chaque année, et à travers tout le territoire national, l’opération dite “Meïdet el-hilal”. Celle-ci a pour but la distribution de  repas chauds dans les centres et restaurants du Croissant-Rouge, à toute personne dans le besoin. Trois sortes  de repas sont distribués dans ces centres : des repas chauds à table, des  repas chauds à emporter et des colis alimentaires à emporter. Près de 40 000 bénévoles apportent ainsi leur aide aux plus démunis dans les 250 restaurants ouverts par le Croissant-Rouge dans le cadre de “Meïdet el-hillal” et un nombre de plus en plus important de partenaires s’associent à la vaste opération de solidarité lancée en faveur des familles nécessiteuses : citoyens bénévoles, donateurs privés ou publics, collectivités locales, associations caritatives ou médias, etc. Évidemment, le Croissant-Rouge algérien met aussi en place d’autres actions sociales de proximité pendant l’année dans le cadre de l’un de ses objectifs principaux : la lutte contre la pauvreté, la précarité et la marginalisation. D’autres associations caritatives contribuent à l’opération de solidarité durant le mois sacré, quoiqu’elles ne soient pas bien nombreuses.

ZOUBIR FERROUKHI. LIBERTE

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