Pour l'épargnant européen et français particulièrement, réaliser que la bourse de Paris réagit plus à un chiffre hebdomadaire du chômage américain qu'à une statistique mensuelle nationale est un premier pas vers la compréhension de "ce qui se passe".décision au fil des jours et des semaines.√ Corrélation : mesure de 2 séries (ici des indices) évaluée sur une période de temps donnée. Si l'évolution va dans le même sens pour les 2, il s'agit alors d'une corrélation positive notée 1 dans le cas où celle-ci est parfaite. Plus le chiffre est élevé plus la corrélation est importante.
Une fois qu'on a pénétré un peu le sujet par un suivi régulier de l'actualité, à force d'entendre que le marché attend le communiqué de la banque centrale américaine ou que le "marché ne bouge plus dans l'attente de l'ouverture de New York" et autres énoncés de fin de séance qui parlent de "hausse du CAC 40 dans le sillage du Dow Jones", on finit par être baigné émotionellement et intellectuellement par ce qui arrive chez le grand frère Outre-Atlantique. Ce n'est pas une grande découverte.. mais ça y est on comprend déjà un peu mieux.
En économie, une des choses des plus difficiles à maintenir est de simplement observer par exemple ce qui se passe sur l'inflation alors qu'on est asséné partout, jour après jour, de raisonnements reposant sur des théories issues d'écoles de pensées monétaristes, keynésiennes, libérales - que sais-je encore - qui arrivent à vous faire perdre de l'oeil, malgré toutes leurs qualités et leurs grilles de lecture intéressantes, le seul fait que l'inflation pendant des mois n'était que portée par l'énergie, retombée depuis laissant l'inflation sous-jacente en fait à peu près stable de bout en bout.
En bourse à l'inverse, ce n'est pas le débat qui a tendance à noyer le sujet et à éloigner de la réalité mais au contraire l'adage, le proverbe, le principe tellement ancré, qu'on ne soupçonne même plus et sur lequel on batit parfois assez malencontreusement ses opérations.
* Trêve de discours, passons à l'épreuve des faits avec une évaluation de la simple corrélation entre les 2 indices. Le CAC 40 est-il si corrélé que cela au Dow Jones ?
Et comme souvent en bourse, s'installent des réflexes, des conditionnements qui sans finirent vraiment en certitudes s'ancrent inconsciemment dans l'esprit . Vient alors la difficulté de ne plus pouvoir les remettre en cause. L'un des plus profonds est sans doute sur le sujet résumé par l'expression : " le marché américain est le marché directeur." Fort bien et nul ne le conteste, c'est un fait établi.
Le souci est que ce type de fondement vaut pour le raisonnement d'ensemble ou la tendance, hélas, un peu moins pour la
Visiblement, c'est très erratique et assez peu fiable même si depuis 2009 on ne peut nier que la corrélation est présente et en hausse. Pensez à ce graphique la prochaine fois que quelqu'un vous assène en pleine face:
"de toute façon le CAC suit le Dow à la trace, c'est LE marché directeur". Très vrai en tendance mais au jour le jour... c'est une toute autre affaire. Qui baserait ses décisions sur une corrélation pareille ?
* Voyons maintenant ce qu'il en est avec le Nasdaq 100
Idem. Vous pensiez que la corrélation pouvait être forte au moment de l'éclatement de la bulle des technologiques ? Et bien non, au contraire elle s'améliore actuellement comme pour le Dow Jones. Très faible différence avec le Dow (pour le Nasdaq Composite c'est identique) (agrandir ci-contre)
On retrouve par contre très bien la décorrélation au début du siècle entre nasdaq et Dow complètement re-liés depuis 2 ans
* Passons maintenant au DAX (bourse de Francfort)
Depuis 2003, la corrélation est très élevée à 0,80/0,90 avec quelques exceptions liées à des fermetures de la bourse ou des OPA qui touchent un indice et pas l'autre. Avant, le CAC 40 qui comprenait 9 valeurs dites "techno" était nettement moins corrélé, Vivendi et Daimler n'ayant pas eu le même parcours durant cette période par exemple. Depuis 2 ans, on se situe en moyenne à 0,95. Impressionnant.
Le creux à 0,50 ? Cela correspond au monumental sur
Vous comprenez enfin sans doute mieux pourquoi le DAX est souvent un invité de marque dans les news du soir et fait régulièrement l'objet , pour évaluer l'environnement, alors qu'il est possible que vous ne vous sentiez pas concerné ou intéressé a priori par cet indice ;) chose assez répandue un peu partout. Volkswagen suite à la montée de Porsche au capital fin octobre 2008
√ Quelques remarques :
- tout d'abord il convient de noter que le Dow s'exprime en $ et le CAC 40 en € comme le Dax. On pourrait aussi vouloir neutraliser le différentiel d'inflation. Les corrélations étudiées ci-dessus sont "brut" et n'en tiennent pas compte.
- le décalage est important car, entre autres, New York et Paris ne sont ouvertes en même temps que 2 heures l'après-midi. Il y a 11 heures de décalage entre la fermeture de Wall Street le soir et la réouverture le lendemain en France, période durant laquelle le marché prend en compte toute une série d'informations et peut changer de psychologie. La corrélation observée lorsque les 2 sont ouvertes est très forte mais beaucoup moins sur 24 heures.
- Tenir compte de la clôture de Wall Street est important en début de journée mais les pièges restent nombreux notamment concernant les amplitudes atténuées ou exacerbées pendant la nuit. Il y a des surprises assez souvent à l'ouverture à Paris.
Enfin, les différentiels d'évolution peuvent subvenir sur les secteurs, une OPA en Europe ayant peu d'incidence sur la bourse US alors qu'une OPA sur ce marché peut entraîner le secteur en Europe plus facilement, cela durant plusieurs jours. Etc...
Nous verrons une prochaine fois comment utiliser les corrélations, cela de manière simple sans avoir forcément d'outil de calcul de corrélation, dans la gestion de son portefeuille. Corrélation et diversification sont intimement liées.
En attendant si l'envie vous vient ou si votre banquier vous incite à investir un peu sur un fond, une sicav ou un tracker qui reproduit le marché allemand au nom de la 'diversification', vous constatez qu'en terme de décorrélation du portefeuille et d'affaiblissement du risque cela n'apportera rien de trés flagrant. Comme nous l'avons vu il y a quelques jours en arrière, le DAX 'amplifiant' les mouvements vous subirez même un risque en terme de volatilité légèrement supérieur.
De même transférer une partie de son portefeuille US du Dow sur le Nasdaq en ce qui concerne une Sicav indicielle n'apporte sur le sujet qu'une amélioration à la marge en terme de division du risque, chose assez logique puisque le Nasdaq n'est pas seulement un lieu de cotations de sociétés dites "tech", loin de là. Mais l'équation "Nasdaq = bulle techno = techno" est encore tellement présente à l'esprit que cela passe assez inaperçu.