J'aime le sport. Surtout le foot. Mais je ne suis pas hostile à d'autres disciplines.
J'aime bien les exploits. En bonne sardine, je suis (du verbe suivre) ce qu'on (me) met dans la boite. Roland Garros, le Tour de France, le rugby, la natation. Et en ce moment, l'athlétisme.
Je suis toutefois gêné aux entournures. Rapport à quand j'étais gamin. Rapport à mon gamin. Qui me demandait, l'autre soir, on regardait des images de la foulée exponentielle de Usain Bolt : Dis papa, tu crois qu'il se dope ?
Je n'en sais rien, je lui ai dis. Me souvenant que quelques semaines plus tôt, déjà, il m'avait posé la même question. Bernard trucidait les chronos dans les bassins et Contador assommait les montagnes.
Usain est-il doit dans ses Bolt ?
Au-delà du fait que j'ai l'impression nauséeuse que désormais, le moindre exploit est suspect, je mesure comme la part de rêve qui accompagne les exploits sportifs et a pas mal nourri mon enfance [il me souvient pédaler dans la verte campagne du coin et me prendre pour Hinault, lâchant le peloton à coup de pédale résolue et puissante ou arpenter le terrain du foot du bled en tirant les coups francs mieux que Platini] est aujourd'hui impitoyablement boutée hors du paysage de nos gamins. Et du nôtre.
Ce réalisme forcené, quelque part, m'impressionne.
En même temps, je me dis que c'est dommage pour eux. Pour nous. Où accrocher les rêves de nos enfants ?
Dans un autre genre, toujours sur l'air de la suspicion cependant, la génétique s'en mêle et embrouille. La sud Africaine Caster Semenya explose les chronos. Et voilà t'y pas qu'on la "soupçonne" (accuse ?) de n'être pas une femme. Parce qu'elle a un corps masculin, une voix grave, des nichons riquiquis. On parle même d'androgyne. Il me souvient qu'à une époque, Martina Navratilova, en tennis, avait elle aussi droit à des soupçons. Elle était lesbienne, en prime. Insupportable.
C'est quoi derrière ? La jalousie ? Le marketing ?
Oui, où accrocher les rêves de nos enfants ? Et comment ne pas suicider les nôtres ?