Depuis toujours, ils sont très nombreux, les patrons, à appeler l’État à leur secours dès que leur incompétence, leur négligence, leurs erreurs stratégiques ont mis en difficulté l’entreprise. Parfois même avant, en usant du chantage à l’installation : « Je m’installe chez toi si tu m’exonères de charges, de taxes, si tu m’offres le terrain, voire les murs, et si tu me garantis la paix sociale ! » Très nombreux ! La crise n’a rien arrangé qui, sur fond de jérémiades médéfiennes, a fait d’eux tous de prétendues malheureuses victimes. Mais il suffit d’observer le comportement de la BNP (elle n’est pas la seule !) et les cadeaux annoncés à ses bandits de grands chemins pour se rassurer sur leur compte (pas sur le nôtre !).
Or, voilà qu’une démarche citoyenne vient remettre les pendules à l’heure !
Plus de mille contribuables (vous et moi !) viennent de porter plainte contre le groupe Trèves et son site de production PTPM (Productions Textiles et Plastiques de la Marne).
Alors que les gros titres de la presse affichent « contre la fermeture d’une usine », ce qui revient à farfeluser la démarche (se battre contre une fermeture d’usine peut revenir effectivement à lutter contre des moulins à vent, car on peut être amené à fermer une usine pour des raisons valables, mais dans le respect de son personnel, pas seulement de ses actionnaires !), cette plainte est déposée pour « utilisation frauduleuse de fonds publics », ce qui, évidemment, n’a rien à voir et, au-delà de la détresse des licenciés, situe le problème à un vrai niveau d’exigence citoyenne. Car, en matière d’utilisation des fonds publics, nous sommes tous concernés (sauf, bien sûr, ceux que protège le fameux bouclier fiscal !).
Empocher une fortune offerte de bon cœur par des politiques peu regardants (où sont les moyens de contrôle promis par les généreux donateurs ?) pour créer de la misère ici et partir l’exploiter (la misère) ailleurs pourrait bien devenir dans quelques semaines (mois ? années ?) une faute condamnée par les tribunaux. À condition toutefois que notre justice, dans cette affaire qui ne manquerait pas de faire jurisprudence, ait le courage de prouver son indépendance absolue par rapport aux pouvoirs économique et politique (de plus en plus confondus) en condamnant les auteurs d’une éventuelle utilisation frauduleuse des fonds publics au remboursement intégral des sommes encaissées, augmentées de pénalités proportionnelles au dommage subi par le peuple de France, et -pourquoi pas ?- à la mise au frais de ses auteurs !
Pourquoi un voleur de pommes devrait-il connaître la prison, alors même que le détrousseur d’État y échapperait ? Pourquoi ?
Avec l’affaire PTPM, nous entrons dans une ère nouvelle, celle du citoyen responsable qui, par-dessus la tête des chapelles politico-patronales, a décidé de remettre à l’honneur des règles républicaines méprisées depuis trop longtemps. Elle nous dira, cette affaire, si nous vivons toujours dans un État de droit, ou dans… la jungle !
Au code, Citoyen !
À suivre (avec intérêt).