L’histoire de Martin Reed, un paumé de première ligne, un laisser pour contre, un vieux garçon de quarante ans qui habite chez sa maman, qui elle aussi le traite en souffre-douleur et comme ses collègues de travail, lui pourrit la vie et l’amène dans sa déchéance, son humiliation et son échec dans lequel il s’engouffre sans dire mot. Bref, une larve comme il ne s’en fait plus.
Se rendant à son bureau, chez Super-Sanitaires dans lequel il occupe un poste de dirigeant depuis des années, il tombera dans des quiproquos qui auront pour effet de l’incriminer pour le meurtre d’une collègue de travail. Sous les yeux désobligeants de ses pairs, il devra faire face à l’enquêteur Albada, qui elle aussi cache de bien drôle de secrets. S’en suivra le meurtre de l’infâme Unique Jones qui enverra Reed poireauté dans le couloir de la mort.
Des mensonges et des conflits de personnalité, voilà la recette concoctée par Slaughter. Des ingrédients épicés, un arôme alléchant, une texture onctueuse mais un goût artificiel, sans finesse et avec un léger arrière gout. Un beau gros trio Big-Mac pour apporter, ca rassasie mais on sait que ca durera pas.
L’auteure veut nous vendre une histoire qu’elle qualifie de sarcastique, dotée d’humour noir et de rebondissements sanglants. Elle n’aura pas su aller aux confins de ces attributs. Son écriture n’est pas assez cinglante et aiguisée. Pas assez, en tout cas, pour un lecteur comme moi. Pour me séduire, elle aurait dû tripler la dose et, pour parodier le titre, ne pas avoir de Pitié pour Pierre. Elle ne l’aura pas fait.
En résumé, un roman vite trouvé à la bibliothèque, vite lu, vite retourné à la bibliothèque, vite commenté et probablement vite… oublié.
Pas de pitié pour Martin – Karin Slaughter, Édition Grasset, 2008,153p.