La chaleur de ces derniers jours, voire la canicule pour certains, nous a assommés et peut-être avez-vous souhaité secrètement un retour de la saison froide. Soyons raisonnables, nous sommes en été et c'est le temps de la chaleur, quand viendra l'hiver ce sera celui des gelées. Néanmoins pour vous aider à passer ce cap thermométrique, je vous offre ces quelques lignes :
« Sitôt la port ouverte, le supplice recommence. Comme si la chaleur juste accumulée s'évaporait... Nous n'avons qu'un kilomètre à franchir, mais à hauteur de la poste, dans la rue déserte que nous remontons à grands pas, le vent souffle du nord ; il s'attaque à toute chaire exposée. En tirant la luge qui crisse sur la neige, un espace s'entrouvre à mon poignet droit. La brûlure est vive, tandis que ma main s'engourdit aussi de sa crispation sur la corde. Une écharpe, deux bonnets et une capuche protègent mon visage, mais l'air glacé dépose un peu de givre sur mes cils, m'obligeant à cligner sans cesse des yeux. Avec son Yukon hat et l'écharpe qu'elle presse contre sa face d'une main emmitouflée, Debbie semble mieux résister que moi. L'air lui brûle pourtant les poumons, ainsi qu'elle me le confiera plus tard. Je n'éprouve pas la suffocation que les auteurs mentionnent sous -50°. Malgré mes deux épaisseurs de chaussettes, la semelle isolante et le chausson de feutre d'un centimètre de mes pacs, je sens le froid s'attaquer à mes orteils ! »
Cet extrait est tiré de l'ouvrage d'Emeric Fisset Dans les pas de l'Ours, une traversée solitaire de l'Alaska sauvage, paru chez Transboréal en 1993. J'espère que ces quelques lignes vous ont rafraîchis et qu'elles vous aideront à supporter le climat actuel.