Comme prévu, la Suisse sort humiliée de la résolution de l’affaire Kadhafi ; résolution toute provisoire d’ailleurs car les otages ne sont toujours pas rentrés au pays et il lui faudra encore se soumettre à un tribunal arbitral international. Notre gouvernement n’a pas fini d’avaler des couleuvres. Il convient également de rappeler, comme l’excellent Alain Rebetez de la TSR a été le seul journaliste à le faire, qu’un des parents des domestiques d’Hannibal Kadhafi a totalement disparu de la circulation depuis son arrestation par la police libyenne.
Les jeux étaient pourtant faits dès le début de l’affaire ou, en tout cas, dès la libération d’Hannibal Kadhafi, ce qui ôtait à la Suisse tout moyen de pression de la Libye. Avec le recul, il faut avouer que si l’abcès avait été crevé dès l’été dernier en acceptant tout de suite les exigences libyennes la blessure aurait été moins douloureuse.
Au-delà des commentaires de la presse il ne faudrait pourtant pas oublier une chose, c’est que si cette crise se termine par une défaite humiliante de la Suisse c’est que celle-ci a cru qu’elle pouvait être résolue par les canaux de la diplomatie et du droit international alors que la Libye du colonel Kadhafi ne comprend que le langage de la force et se fiche complètement de règles qui ne valent qu’entre les démocraties occidentales. En d’autres termes, le colonel Kadhafi, toute crapule qu’il soit, a agi dans cette affaire en homme politique qui ne craint pas d’entrer dans des rapports de force brutaux et de nommer l’ennemi alors qu’il n’avait en face de lui que des craintifs boutiquiers pour lesquels le mot politique est un synonyme de marketing électoral ou de comptabilité.
Et pour en terminer ave cette affaire, il est bien sûr inutile de pleurnicher sur l’ « isolement politique » dont la Suisse aurait souffert. Il n’y avait rien à attendre de la France de Sarkozy ou de l’Italie de Berlusconi qui ont récemment servi de paillasson au Scarface du désert. Quant à la Grande-Bretagne, elle vient de libérer le principal responsable de l’attentat de Lockerbie. Les cloportes ne sévissent pas qu’en Suisse.