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Touhami Moualek : La France entre les mains de l'antisémitisme

Publié le 21 août 2009 par Mtouhami

Touhami Moualek : La France entre les mains de l'antisémitisme


Israël : plus raciste que moi, tu meurs !

L'histoire se répète, seuls les acteurs changent de camp et de rôle...
A quand la fin de ce cauchemar ?

A trop vouloir en faire, je pense que l’on finit forcément par commettre des erreurs fatales. Ainsi les dirigeants israéliens, par exemple, commettent de plus en plus de fautes ayant des conséquences dramatiques, d’abord sur les Palestiniens, et ensuite par ricochet sur Israël dont l’image de marque ne cesse de se dégrader, de se ternir, de noircir à chaque heure qui passe. Nous sommes à présent loin du cliché symbolisant des Juifs rescapés d’une cruelle Shoah et auxquels les Américains et surtout les Européens, culpabilisés à outrance, devaient porter aide, secours, assistance et réconfort vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Actuellement, dans l’opinion internationale, c’est l’image d’un Etat d’Israël devenu à son tour bourreau qui est perçue. En France, il en est de même pour tous les puissants lobbies, dont certains en sont à demander que l’on révise un procès. Rien que cela. Il s’agit du procès Fofana. Quel est le motif principal invoqué ? Les inculpés n’auraient pas été suffisamment punis par le juge et les jurés. Le droit français permet des recours, des appels. C’est un droit. Que des associations à caractère religieux s’indignent devant un jugement qu’ils estimeraient trop clément, nous sommes en démocratie et chacun peut se laisser aller à déclarer ses vives émotions. Mais que ces mêmes associations fassent pression sur le judiciaire à des fins de peser dans les décisions de ce dernier, nous ne sommes plus, dans ces conditions, dans une démocratie sereine, intègre et différenciant bien d’un côté le judiciaire, de l’autre le politique. La véritable puissance de certains lobbies français s’est donc révélée à un peuple français médusé et choqué. Ce même peuple qui prend la réelle mesure d’un deux poids deux mesures de plus en plus apparent et de plus en plus insupportable en France. Mais jusqu’où iront-ils ? Telle est la question.

En effet, sur un plan strictement intellectuel, et j’en appelle à toute conscience morale sachant différencier le bien du mal, j’aimerais que l’on m’explique comment l’on peut tolérer dans un pays, comme la France, dont la devise est : liberté, égalité, fraternité, une hiérarchisation des crimes qu’ils soient racistes ou non ? Il y aurait ainsi les crimes racistes banals, presque basiques : un Arabe tué et jeté dans la Seine serait un crime raciste ordinaire, commis par un déséquilibré, en somme, nous explique-t-on, un acte isolé que la société se doit presque d’accepter, puisque dans la sociologie moderne ces crimes sont analysés, expliqués, commentés, dissertés et donc rendus comme chose possible, acceptable ; un moindre mal dans une civilisation à la pointe ! Expliquer le racisme pour mieux le faire passer dans l’opinion. Avec la France de Nicolas Sarkozy, nous en sommes aujourd’hui arrivés à ce stade de non retour : expliquer que le racisme a sa place dans la société française et ainsi faire rentrer dans les sphères proches du gouvernement des de Villiers, un raciste notoire et bien connu des banlieues notamment. Jamais les racistes n’ont eu autant le droit à la parole, jamais les racistes ne se sont autant vantés d’être racistes, jamais les racistes n’ont eu autant d’espace de liberté, d’espace pour communiquer et vendre leur haine d’autrui, leur haine des humains.

Et puis, dans notre beau pays, notre belle démocratie (que le monde entier nous envie !), il y a dans cette infernale, cette démoniaque et intolérable hiérarchisation des crimes racistes, ou crimes tout court : les crimes antisémites. Ces crimes seraient donc plus graves, plus inquiétants, plus insupportables, plus terrifiants que les autres crimes. Pour quelles raisons ? Demandez donc à un scientifique, digne de ce nom, de vous expliquer si les souffrances physiques seraient plus ou moins douloureuses en fonction des ethnies. Nul doute, il vous rirait au nez. En vérité, l’islamophobie m’inquiète plus en France, à l’heure actuelle, que l’antisémitisme. Les actes racistes à l’endroit des musulmans, de leurs lieux de culte m’inquiètent, m’indignent. Mais dans la hiérarchisation des crimes et délits racistes, les Arabes se trouvent en bas de l’échelle, en compagnie des Noirs. En cas de crime contre un Arabe, un Noir, un Musulman, aucune alerte n’est déclenchée, car trop bas dans l’échelle, non plus de Richter, mais de « Racisme qu’il faut taire ». Le BNVCA (Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme) se permet même maintenant de demander, voire d’exiger, à ce qu’un individu soit déchu de sa nationalité (Salah Hamouri, franco-Palestinien) ; fi des Franco-israéliens qui vont faire leur service militaire en Palestine occupée, participant à des tueries en masse, des massacres de femmes, d’enfants, de vieillards et qui reviennent tranquillement en France, après un séjour en « colonies » de vacances. Mais ça, il ne faut pas le dire. C’est interdit par la loi ; une loi scélérate ! Je m’élève contre ces injustices qui consistent à persécuter les faibles, les misérables et à anoblir les Puissants au nom d’une élite autoproclamée supérieure ; je m’élève contre ces injustices qui étouffent la liberté au profit d’une pensée unique ; une pensée n’ayant qu’une seule visée, celle de l’asservissement du peuple de France.

Le mot antisémitisme est à lui seul un mot raciste. En effet, il ne s’adresse qu’à un des peuples sémites : les Hébreux (devenus les Juifs d’aujourd’hui). Je rappelle que le mot sémite vient du nom propre de Sem (ancêtre d’Abraham), un des fils bibliques de Noé, et ayant eu pour frères Japhet et Cham. Les sémites utilisent les langues sémitiques. Les Arabes, les Hébreux, donc les Juifs, constituent ce que l’on pourrait appeler les héritiers des temps modernes de Sem, puisque Abraham, descendant de Sem, donnera naissance à Ismaël et Isaac. Ismaël (fils d’Hagar) sera à l’origine des Arabes (les Arabes représentant plusieurs tribus) et Isaac (fils de Sarah) sera à l’origine des Hébreux. L’étymologie du terme antisémitisme supposerait que ce crime se généralise à tous les sémites, donc y compris aux Arabes. Eh bien non ! Vous avez tout faux. Dans la pratique, l’antisémitisme est exclusivement utilisé pour caractériser les hostilités envers les Juifs uniquement. Et en cas de crime commis envers un Juif, là nous atteignons le sommet de l’échelle « Riche sur Terre » des crimes racistes. Toutes les alarmes sont déclenchées, les sirènes se mettent à hurler, les chaînes de télévisions, de radios, de presses écrites immédiatement alertées, convoquées sur place. Une diffusion à l’échelle nationale et internationale suit ces premières alertes. Nous ne redescendrons à l’orange, puis au vert, que lorsque le monde entier aura été informé de ce crime supposé antisémite. Je sais que l’on va me rétorquer, me jeter  à la figure que les crimes commis contre les Juifs ont souvent été, par le passé, idéologiques et institutionnalisés (les pogroms, l’inquisition espagnole, le nazisme, Vichy...) Par honnêteté intellectuelle, je reconnais que cela est juste et vrai. Mais n’est-on pas en France, de manière consciente ou inconsciente, en train d’institutionnaliser les crimes islamophobes ? L’histoire se répèterait donc mais avec un autre peuple sémite, peuple frère des Juifs ?

Aussi, à travers cette « révision » annoncée du procès Fofana, c’est le procès de l’antisémitisme en France que l’on veut étaler, répandre. Je suis des banlieues. Je ne cache pas mon indignation, ma colère et ma fureur lorsque j’entends certaines associations à caractère communautaire laisser planer le doute sur le fait que les banlieues seraient majoritairement antisémites, que ces mêmes banlieues regorgeraient de terroristes, de fanatiques, d’antirépublicains, qu’il y aurait aussi des milieux mafieux, que la pègre y règnerait. Dans ce cas, que fait l’Etat ? N’est-ce pas, subrepticement, institutionnaliser une islamophobie en France, mais sans réellement l’écrire noir sur blanc ? Et qui institutionnalise l’islamophobie ? En demandant une révision du procès Fofana, ces associations, exclusivement communautaires et communautaristes, prennent d’énormes risques. Dans l’affaire du défunt Hilan Halimi, il y a des zones d’ombre, des doutes. A-t-il été retrouvé mort, ou a-t-il été retrouvé vivant ? Moi, je suis incapable de répondre. Je suis juste méfiant, sceptique sur certaines versions. Ce que je retiens, c’est l’instrumentalisation, la récupération politique et éhontée de ce drame qui est à la base un fait divers, certes dramatique, mais un fait divers crapuleux tout de même. Sans compter que des personnes, surgies de nulle part, pourraient rapporter des informations nouvelles, révéler des choses importantes, sous l’anonymat. N’y a-t-il pas un risque de stigmatiser, une fois de plus, les banlieues, à travers un Fofana qui n’est en rien représentatif des banlieues ? Voilà pourquoi à trop vouloir en faire on risque de mettre le feu aux poudres. Lors de l’énoncé du verdict, l’avocat général avait précisé que la hiérarchie des responsabilités avait été respectée. Le principal auteur a pris le maximum. Et quand on a entendu un avocat diffamer, calomnier, avec autant d’abjection, voire de haine et d’assurance, en jetant à la face d’un représentant de la loi : « Vous n’êtes qu’un collabo génétique ! », cela ne révèle-t-il pas un esprit revanchard, une intention de réviser toute l’Histoire de la seconde guerre mondiale et finalement tenter de rajeunir de quelques décennies la Shoah, que nous – et ce n’est pas manquer de respect envers les victimes des bourreaux nazis de le dire – nous aimerions bien, non pas oublier, mais tout au moins laisser cette sombre période à son triste passé. On ne peut indéfiniment déterrer des corps et les réenterrer. Ce n’est pas sain, ce n’est pas sage, ce n’est pas faire honneur à la mémoire des défunts, ce n’est pas humain.

« Vous voulez nous faire taire, alors comptez sur nous pour expliquer au monde entier pourquoi vous voulez nous faire taire ! »

Touhami Moualek  


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