J'ai parfois l'impression d'être le fruit d'une manipulation génétique entre une bouée de sauvetage, une boîte de Prozac, un Saint Bernard
et Macha Béranger. C'est la seule explication que je puisse trouver au fait que les gens viennent vers moi pour me raconter leurs malheurs.
J'en avais déjà parlé ici ou là, les gens se tournent spontanément vers moi pour me parler de leurs problèmes de couples; y compris des gens que je ne connais pas ou très peu. Est-ce que j'ai une bonne tête de
conseillère conjugale ? Est-ce que j'ai l'air d'être une pro du couple ? Ne serait-il pas nécessaire que je rappelle à ces bonnes personnes que j'ai un bon passif de célibataire et que si j'étais
de bons conseils, dans ce domaine, ça se saurait ? Et même que je serais peut-être au courant, si j'étais une référence en matière de couple...
Mais, les soucis qu'on me livre ne sont pas forcément des soucis "amoureux". Il y en a d'autres qui viennent me parler de leurs préoccupations, de leurs ennuis, bref, de tout ce qui leur passe
par la tête. Et moi, je fais office de déversoir, dévidoir, de benne à ordures de toutes leurs craintes et de leur question métaphysique.
Le problème, c'est que la grosse majorité de ces gens là ne sont pas mes amis. Ce sont des copains, des copines, voire des connaissances virtuelles mais, ce ne sont pas des gens avec qui
j'entretiens une relation d'amitié. Mes amis, eux, savent qu'à toute heure du jour ou de la nuit, je suis là pour eux, pour leurs questionnements, leurs doutes.... et je sais, moi aussi, qu'eux
sont là pour moi, pour tout et n'importe quoi. Et c'est là, la différence capitale entre ceux qui sont mes amis et "les autres". (non, nous ne sommes pas dans un épisode de Lost).
Parce que le problème essentiel de ceux qui me prennent pour le fruit une manipulation génétique bouée/prozac/Saint Bernard/Macha Béranger, c'est qu'ils surgissent dans ma vie quand ça ne va pas
pour eux. Ils se confessent. J'écoute. Je conseille, dans la limite de mes capacités restreintes. Ils remercient (quand même, oui !). Et ils disparaissent aussi sec. Et moi, quand j'ai envie de
partager des doutes, des incertitudes, des questions ou même des bonnes nouvelles, des moments heureux, et bien, il n'y a personne, à part mes Amis. Est-ce que ces mêmes personnes prennent la
peine, de temps en temps, de passer un coup de fil ou d'envoyer un mail pour savoir comment JE vais... Non...
En fait, avec ces personnes, ce sont des relations à sens unique; des relations où c'est toujours la même personne qui donne et toujours la même personne qui reçoit. Les rôles ne s'inversent
jamais et ne s'équilibrent pas : il y en a un qui donne et l'autre qui en profite, qui en abuse. Les rares fois où vous avez essayé de parler de ce qui vous préoccupait, vous avez eu droit à une
série de phrases toutes faites que vous abhorrez, de façon notoire. En fait, ce sont des relations où l'un joue au psy et l'autre, au canapéphile* en consultation... C'est étrange, il me semblait
que pour qu'une relation fonctionne, il fallait qu'elle soit à double sens, que chacun s'y investisse de la même façon (que la relation soit amoureuse, amicale ou professionnelle, d'ailleurs)
Alors, maintenant, basta ! Stop !
Je n'ai jamais prétendu être Mère Térésa ou soeur Emmanuelle (même si je dis souvent que je vais aller faire la tournée des couvents en Europe de l'Est pour me sentir dans mon élément).
Je ne suis pas une gentille fille. Non.
Je ne suis pas psy, non plus. D'ailleurs, personne ne m'a jamais payée pour le temps passé à écouter les pseudo questionnements existentiels.
Maintenant, j'envoie balader les gens. Je leur dis clairement que ces relations à sens unique me déplaisent particulièrement.
Et je réserve mon temps, mon énergie et ma disponibilité pour ceux qui en valent la peine. Pour mes véritables amis.
* definition : qui aime s'allonger sur les canapés