Dans mon dernier blogue, je vous parlais de la grève des étudiants sur laquelle s’était agglutiné le dossier du salaire minimum. Le dossier du salaire minimum est de plus en plus important dans le débat public. Depuis 9 ans, le salaire minimum est à 70 gourdes par jour (1,75 $US/jour). Au cours des trois dernières années, les politiciens des deux chambres ont débattu de la question. Vous allez me dire que c’est long trois ans, pensez-au dossier politique chaud de la couleur de la margarine au Québec et vous verrez que c’est court ! Donc les deux chambres ont voté dans les dernières semaines une loi qui fait passer le salaire minimum de 70 à 200 gourdes par jour (1,75 $US à 5 $US). Le problème est que le président ‘zigonne’ avant de promulguer la loi, coincé comme tout bon politicien entre la population et des groupes d’intérêts. Selon la constitution, il peut retourner les deux chambres à leurs devoirs en leur faisant des propositions afin que la situation débloque. Depuis les trois dernières années – à ce que j’en comprends bien évidement – le président a laissé les députés et les sénateurs palabrer sur cette question sans jamais se positionner ou tenter d’influencer le débat. Au moment où la loi a été votée, le patronat est sorti publiquement pour demander au président de ne pas promulguer une loi qui tuerait un marché du travail déjà famélique. Le débat est donc relancé et, aux yeux de certains, le président aurait dans les pattes tout une bombe sociale. Quand j’entends des gens s’énerver au sujet de l’augmentation (presque de 300 %), je souris un peu : si on part de ‘pas-grand-chose’, c’est assez facile de doubler ou de tripler la mise pour un peu moins de ‘pas-grand-chose’. Si on regarde l’évolution de l’inflation dans ce pays au cours des dernières années (http://www.indexmundi.com/haiti/inflation_rate_(consumer_prices).html), peut-être que le 300% apparait justifié : le taux moyen d’inflation entre 2003 et 2008 a été de plus de 18 %, avec un pic à 38% en 2003. Ce qui risque de sauver la paix sociale, c’est que le salaire minimum ne touche presque personne (30 000 moun seulement selon certaines sources, ceux qui travaillent dans la zone industrielle de PAP). En fait, la très grande majorité des ‘employés’ ayisyen (haïtiens en créole) bossent dans des réseaux informels où la loi, n’importe laquelle, ne s’applique pas. Ajoutez à cela que Les étudiants ont tous hâte de retourner en province pour les vacances, ça devrait refroidir l’été.