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H1n1

Publié le 07 août 2009 par Badiejf

Il n’y aurait eu que six cas dans le pays dont les deux premiers dépistés dans les services de la Minustah. Là où des programmes de dépistage existent vraiment. Y parait que les médecins des casques bleu sont contents, ça changerait de leur pratique normalement axée sur la gestion des MTS. En République voisine, plus de 150 cas dont six décès. Considérant les déplacements fréquents d’un côté et de l’autre de la frontière, considérant également les milliers d’haïtiens de la diaspora qui entrent en terre natale tous les jours pour les vacances, et considérant finalement les déplacements fréquents des blancs (Minustah et aide internationale), plusieurs estiment que le nombre de cas est sûrement supérieur à ceux officiellement déclarés. Difficile en effet de penser qu’une infrastructure sanitaire comme celle d’Ayiti soit réellement en mesure d’assurer le dépistage et la prise en charge de ce genre d’épidémie. Le problème ne me semble pas lié au manque d’effort, plusieurs gestionnaires du MSPP (Ministère de la santé publique de la population) y passent des samedis complets depuis des mois. Planifier le dépistage, le mettre en place. Organiser les différents lieux de quarantaine. Former les douaniers. Doter les laboratoires des équipements et matériaux nécessaires. Former le personnel des institutions sanitaires. Acheter et stocker les médicaments. Un million de chose à faire mais une expertise limitée et des moyens qui le sont encore davantage. Petit exemple ‘bebête’ mais représentatif de la réalité du pays : Le MSPP n’a pas les ressources financières pour se procurer le papier et les cartouches d’encre afin d’imprimer les feuilles que les cie aériennes doivent distribuer aux passagers qui arrivent en Haïti. Un bailleur a déjà fourni l’imprimante, mais le stock de papier et de cartouche d’encre est épuisé. Pa gen kob (pas d’argent). Imaginez maintenant arriver à doter les institutions des ressources nécessaires aux dépistages et au traitement ! À ce problème de ressources et de manque d’organisation, s’ajoute premièrement la rareté des moyens pour maintenir une hygiène acceptable pour une très grande partie de la population. Il faut juste voir les gens profiter du moindre petit filet d’eau dans la ville pour se laver et on a tout compris. S’ajoute deuxièmement le fait qu’on retrouve plusieurs pratiques favorables à la transmission dans la culture populaire. Les ayatollahs de la santé publique auraient des boutons ! Les aysien se voient, se touchent, se parlent, s’embrassent. J’ai déjà écrit sur ce blogue que les haïtiens vivent dans la rue. Comme les vieux qui circulent au centre d’achat pour rencontrer d’autres vieux. Pour discuter de ce qui a été et de ce qui sera. Les ayitiens sont toujours en conversation avec quelqu’un sur cette rue. Tu entends dix personnes s’enguirlander sur Préval, le parti Lavalas, la supériorité du Brésil sur l’Argentine (au foot), le salaire minimum ou sur l’avenir de leur petit pays. C’est partout. Les chauffeurs dans la cour du bureau, les deux gardiens de sécurité à la banque, dans le tap-tap, autour du BBQ sur le trottoir, à la plage, … On discute, on échange, on se choque, mais surtout, on se serre la main. On se tient la main. On se touche. Sur la rue, on voit deux hommes marcher main dans la main. Je n’ai jamais serré autant de mains et fait autant d’accolades de toute ma vie entière. Vous n’avez pas idée. Le matin, je rentre au travail et croise Thony (administrateur de notre projet), on se serre la main et tapote l’épaule. Je me rends à son bureau 30 minutes plus tard pour discuter avec lui, on se prend les mains et on discutera pendant une minute sans que nos mains se soient dessoudées. L’occasion de nous tapoter les mains se répétera plusieurs fois dans la journée. Ajouter à cela les chauffeurs, les garçons de cours, l’informaticien, les visiteurs, … Le contexte idéal donc pour voir la grippe H1N1 se répandre comme une traînée de poudre. Vous pouvez être assuré que les messages aseptisant de la santé publique ne serviront à rien. Si éviter de faciliter la circulation des germes implique que nous ne touchions plus, que nous nous parlions plus, au diable le H1N1.


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