J’habite dans un quartier où il n’y a que des cafés. Certains de ces cafés se font appeler salons de thé où certains breuvages coûtent plus chers que des plats dans des restaurants.
Dans mon quartier, il n’y a pas de salle de cinéma. Quand on veut voir un film, on va en acheter un à un dinar au format DivX. Il paraît que c’est interdit, mais je ne comprends toujours pas comment cet interdit se vend pignon sur rue et même dans les grandes surfaces.
Dans mon quartier, il n’y a pas de théâtre. La rue en est un et, paraît-il, c’est suffisant.
Dans mon quartier, il n’y a pas de club de sports. Ceux qui veulent pratiquer le foot se consoleront avec les nombreux terrains vagues qui existent. Ceux qui veulent du tennis, du hand, de la natation ou du volley n’ont qu’à allumer leurs télés.
Dans mon quartier, il n’y a pas de ciné club ou de club de théâtre. Si ma génération les connaît plus ou moins, celle qui est venue juste après en ignore même l’existence.
Dans mon quartier, il n’y a pas de bibliothèques. Je me demande même si celles-ci existent encore.
Dans mon quartier, je ne connais pas de librairie digne de ce nom. Une librairie où l’on peut trouver tous types de livres en différentes langues. Il n’y a même pas de bouquiniste ! Un kiosque à journaux remplira les besoins de ceux et celles qui ont une soif de lecture.
Dans mon quartier, il n’y a pas de salles d’exposition d’arts plastiques. Pas de club de musique non plus.
Dans mon quartier, il n’y a pas vraiment d’espaces verts où l’on peut marcher tranquillement. D’ailleurs, on ne peut même pas marcher sur les trottoirs envahis soit par les voitures, soit par les terrasses de café agissant en toute illégalité et impunité.
Dans mon quartier il y a surtout les cafés et les gargotes. Pardon, les salons de thé et les restaurants. Entre deux salons de thé, il y a un salon de thé. En face de restaurant, il y a un restaurant. S’il n’y a pas de restaurant, il y a une pizzeria. Et s’il n’y a pas de pizzeria, il y a un glacier.
Les jeunes de mon quartier, quand ils descendent de chez eux auront le choix de leur loisir : café, salon de thé, restaurant, pizzeria. Ils s’y tassent et palabrent durant des heures en fumant, en sirotant et en tournant en rond. Ils regardent les voitures de luxe passer à longueur de journée et se mettent à rêver. Les filles rêvent du prince charmant qui viendra les faire balader dans cette voiture. Les garçons se disent, quand est-ce que j’aurai mes 18 ans pour que j’aie mon permis et mon papa m’en achète une !
Dans mon quartier, nos jeunes ne pensent qu’à ça ! Parce qu’ils ne voient que ça ! Parce qu’ils ne connaissent pas autre chose ! Ils ne connaissent pas Kubrick, ils ne connaissent pas Picasso, ils ne connaissent pas Pavarotti. Ils connaissent Cheikh el Balad, ils adorent le Segafredo et fantasment sur Haïfa Wahbi. Ils ne connaissent que ceux-là et je ne peux même pas leur en vouloir ! Ce n’est pas de leur faute, c’est leur quartier qui est ainsi fait !
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Extrait de www.webmanagercenter.com