L'autre jour, une amie m'interrogeait sur mes "lectures d'été" et hormis "L'année
brouillard" et "Au Pays" deux livres "coups de zincs", voici une petite sélection des livres qui ont accompagné mon
été parisien. J'ai trouvé ces livres idéaux pour vagabonder pendant cette trève estivale. Il n'est jamais trop tard pour vous en faire profiter!
J'ai enfin lu "Quitter le monde", le dernier ouvrage de Douglas Kennedy (Editions
Belfond).
Celui dont tous les critiques étaient enthousiastes et parmi les bloggeurs, les avis étaient également élogieux, notamment le billet de Bulles d'infos. Je trépignais donc d'impatience et je n'ai pas été déçue...
Culpabilité, rédemption, destin, des thèmes forts abordés à travers l'histoire d'une jeune femme qui perd tout ce qu'elle a de plus cher et tente de se reconstruire en quittant son ancienne
vie.
Douglas Kennedy est un vrai conteur qui dose savemment le rythme de l'intrigue, et nous permet de sortir la tête de l'eau pour mieux replonger dans toutes les facettes de
l'histoire. Résultat, comme à chaque fois, on ne lache pas le livre. Et il est troublant de voir avec quelle justesse il arrive à se mettre dans la peau de cette femme, comment en toile
de fond il livre un portrait d'une Amérique asphyxiée, à bout de souffle. C'est sombre avec au final une lumière trouble d'espoir. Du Douglas au sommet malgré quelques longueurs...
J'avoue qu'après la lecture de "Quitter le monde" qui m'a un peu plaqué au sol par les redoutables émotions qu'il procure, j'avais besoin de me rafraichir les idées et m'alléger un peu
l'esprit!
Pour accomplir cette transition, une lecture d'une après-midi empreinte d'optimisme:
"L'homme qui voulait être heureux" de Laurent Gounelle ( Editions Anne Carrère).
Un instituteur en vacances à Bali rencontre un vieux sage. La première rencontre est avant tout empreinte de curiosité pour cette figure mystérieuse de l'île. Mais l'entretien va bientôt prendre
la tournure d'un échange régulier et insidieux qui aménera l'instituteur à s'interroger, non sans humour sur lui même, sur sa faculté à entreprendre ce qu'il désire vraiment et sur le
bonheur.
Revigorante, cette conversation entre les deux hommes nous permet de sourire et de réfléchir sur nous-même à travers le personnage de l'instituteur. Mieux qu'une séance de psy ou la lecture d'un
livre pratique sur les préceptes idéaux à reproduire pour cette quête du bonheur.
A présent, direction le sud des Etats-Unis dans les années 60 avec "Le grand Santini" de Pat Conroy
(Editions Pocket).
Dans la veine d'un bon grand roman classique dans sa forme avec une intensité romanesque saisissante, il y a des livres qui comme celui-ci, mérite d'être découvert et je suis bien déçue
de ne pas l'avoir lu plus tôt! Il a tous les ingrédients des livres qui se transmettent de générations en générations à la lumière des livres comme "Autant en emporte le
vent": une densité emotionnelle inconstestable, une atmosphère cinématographique ( que certains ne me disent pas que le pitch du décor leur font penser à "la petite maison
dans la Prairie": qu'ils viennent un peu se frotter au grand Santini!) et évidemment des personnages haut en couleur notamment Bull Meecham alias le Grand Santini, qui peut rentrer dans
le panthéon des personnages de fiction qu'on n'oubliera pas de sitôt. Un sans-faute dans le genre.
Et vous croyez que mon coté un peu "Zinc" n'allait pas sortir indemne de ses lectures pleines de bons sentiments? Vous avez raison et il a fallu que je replonge dans un peu de noirceur
et de folie pour sentir l'efficacité complète de ce cocktail littéraire de vacances!
Direction donc La ville de toutes les villes, New York, avec "New York Mi Amor", un recueil de Bd (Editions
Castermann) qui reprend trois nouvelles des années 70-80 sur Manhattan, illustré par le génialissime coup de crayon noir et épais de Tardi. Ces histoires de polar sont dans
les meilleurs mains qui soient pour rendre compte de l'atmosphère glauque, sombre mais si pleine de vie du Manhattan de cette époque avec un Tardi qui a le chic pour ressentir
des atmosphères toutes plus différentes les unes que les autres.
New York a-t-elle perdu son âme? On se prend à rêver que non et on ajuste notre pistolet de gangster pour parcourir les pages et se replonger dans ce New York de bandits, loin de
l'aseptisé Manhattan d'aujourd'hui.
Le cocktail commence tout juste à prendre mais il n'est pas assez relevé à mon goût: Direction donc le Guatemala où un journaliste parano expulsé du Salvador pour avoir écrit des propos à l'encontre du gouvernement en place (un poil dictatorial); se voit confier par un ami, la correction d'un rapport sur le génocide perpétré sur les Indiens par l'armée. A la lecture du rapport, notre compère perd peu à peu la raison pour glisser dans une folie qui l'amène à se retrouver dans des situations surréalistes. L'intrigue pourrait être glauque par ce thème dur mais c'est plein de vie, de fougue...de folie et l'écriture de Horacio Castellanos Moya, écrivain né au Honduras, y est pour beaucoup! "Déraison" porte indéniablement bien son nom. (Editions 10/18).