S. Thomas d'Aquin, Commentaire sur Jean 6 (18)

Publié le 20 août 2009 par Walterman

QUI MANGE MA CHAIR ET BOIT MON SANG DEMEURE EN MOI ET MOI EN LUI.

COMME LE PÈRE QUI EST VIVANT M’A ENVOYÉ, ET QUE MOI JE VIS À CAUSE DU PÈRE, AINSI CELUI QUI ME MANGE VIVRA À CAUSE DE MOI. TEL EST LE PAIN QUI EST DESCENDU DU CIEL. CE N'EST PAS COMME VOS PÈRES QUI ONT MANGÉ LA MANNE ET SONT MORTS. CELUI QUI MANGE CE PAIN VIVRA ÉTERNELLEMENT"
Le Seigneur prouve ensuite la vertu de la nourriture spirituelle mentionnée plus haut, à savoir qu’elle donne la vie éternelle, et il argumente ainsi: QUI MANGE MA CHAIR ET BOIT MON SANG m’est uni; mais qui m’est uni A LA VIE ETERNELLE; donc QUI MANGE MA CHAIR ET BOIT MON SANG A LA VIE ETERNELLE. Il pose donc d’abord la majeure, puis la mineure, qu’il prouve; enfin, il infère la conclusion.

QUI MANGE MA CHAIR ET BOIT MON SANG DEMEURE EN MOI ET MOI EN LUI.

Il faut savoir, quant au premier point, que si ce que le Seigneur dit se rapporte à la chair et au sang mystique ment parlant, il n’y a aucune difficulté dans cette parole. En effet, comme on l’a dit, il mange spirituellement en référence seulement à la réalité signifiée, celui qui est incorporé au corps mystique par l’union de foi et de charité: la charité fait que Dieu est dans l’homme et réciproquement — Qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui; et cela, l’Esprit Saint aussi le réalise: En cela nous connaissons que nous demeurons en lui et lui en nous: à ce qu’il nous adonné de son Esprit.
Mais si l’on réfère cette affirmation à la consommation sacramentelle, alors, de ceux qui mangent la chair et boivent le sang, tous ne demeurent pas en Dieu. Parce que, comme le dit Augustin, il y aune manière de manger cette chair et de boire ce sang telle que celui qui mange et boit demeure dans le Christ et le Christ en lui, s’il mange son corps et boit son sang non pas simplement sacramentellement, mais aussi selon la vérité de la réalité contenue dans le sacrement. Et il est une autre manière de manger telle qu’on ne demeure pas dans le Christ ni le Christ en soi. C’est le cas de ceux qui s’approchent de ce sacrement avec un coeur mensonger; car dans un tel coeur, le sacrement n’a aucun effet. Il y a mensonge, en effet, quand ce qui est signifié à l’extérieur n’a pas de correspondance intérieure. Mais dans le sacrement de l’Eucharistie, il est signifié extérieurement que le Christ est incorporé à celui qui le reçoit, et lui au Christ. Donc, celui qui n’a pas dans son coeur le désir de cette union et qui ne s’efforce pas d’écarter tout ce qui y fait obstacle, est mensonger. C’est pourquoi le Christ ne demeure pas en lui, ni lui dans le Christ.