A l’approche de la deuxième quinzaine d’août, tous les ans, on reparle des traditionnelles universités d’été. C’est en général le parti socialiste qui ouvre ces séances et depuis quelques années à La Rochelle. Ces retrouvailles politiques d’avant rentrée officielle sont maintenant obligatoires et politiquement correctes même s’il est permis de douter que l’impact médiatique en soit bon. Dans ces vieilles chapelles partisanes changer de formule est toujours très difficile. Il est vrai cependant que les journalistes souvent en mal de papiers en cette période creuse de l’année, se montrent peut-être plus réceptifs au non événement, mais aussi (c’est moins positif), plus vifs à développer de l’anecdotique. Pour le coup et pour le PS, il n’est pas certain que l’opération “La Rochelle 2009″ soit très positive.
La séparation estivale fut assez mouvementée pour Martine Aubry et l’on se rappelle les échanges déstabilisateurs avec Manuel Valls … Le silence du plein été, à défaut d’être réparateur, au moins n’a pas aggravé les choses.
Il y a, aubaine, l’UMP, exutoire facile qui permet à ceux qui n’ont plus rien à dire de déclarer quand même : « Nous ne sommes pas comme l’UMP … un parti caporalisé » … C’est une formule programmatiquement courte et qui n’engage pas à grand chose; elle ne fait de peine à personne, même à l’UMP ! Et elle permet de faire une ligne dans les canards !
Il est vrai également que la proximité des élections régionales, au printemps prochain, devrait engager des gens raisonables à la modération dans les critiques internes. Les baronnies régionales sont devenues le “cœur” du parti. Elles sont sans doute aussi les fers qui l’empêchent de mieux se réformer au plan national. Le Président d’un conseil régional n’est pas prêt à laisser filer sa voiture de fonction et son pouvoir local au bénéfice d’une réforme de fond du parti dans laquelle il distingue mal ce qui pourrait bien lui être favorable : ils ne peuvent pas tous être éventuellement « ministrables » Ils hésitent à privilégier l’intérêt général aléatoire par rapport à des intérêts personnels bien compris et acquis. « L’époque où il existait une solidarité obligée est bien révolue : on peut tirer à boulets rouges contre le parti sans être inquiété »
Il publie dans le Nouvel Observateur une tribune au vitriol dans laquelle il déclare tenter un «dernier combat» : imposer des primaires ouvertes pour désigner le champion du PS en 2012. C’est vraiment l’abcès sur lequel il ne fallait surtout pas appuyer, mais pour sa fête maintenant traditionnelle de Frangy-en-Bresse, il convenait d’avoir du scoop à vendre.
Montebourg n’y va pas avec le dos de la cuillère : «Ces éléphants fatigués qui n’ont jamais accepté qu’on ose bousculer leurs habitudes et leurs intérêts. Ces dirigeants sont les héritiers trop gâtés des années de pouvoir. Regardez où ils nous ont menés et avec quelle impunité»… «L’immobilisme et le verrouillage, voilà plus de dix ans que je les rencontre au PS, comme député et comme responsable politique» … «avec les mêmes méthodes et les mêmes arguments - ceux de l’ex-RDA - on cherche à étouffer cette tentative de rénovation. Or, je le dis tout net, je n’irai pas plus loin. S’il devait échouer, ce combat serait pour moi le dernier, au sein d’un PS qui, telle la vieille SFIO, ne mériterait plus qu’on l’aide à survivre».
On pourrait penser qu’une fois de plus Arnaud Montebourg a parlé trop vite et sans s’attacher des appuis, pas du tout. Il obtient dans cette démarche tapageuse, le soutien de Patrick Menucci, patron de la puissante fédération des Bouches-du-Rhône et membre, avec Vincent Peillon et François Rebsamen, du courant «l’Espoir à gauche », qui milite aussi pour des primaires ouvertes. Ceux qui ont un peu de mémoire souriront certainement à cette dernière facétie du député de Saône et Loire, se rappelant Reims et son immobilisme permettant l’élection d’Aubry.
Alors ! Effectivement, «La convivialité ne se décrète pas» ! En dépit des désirs de la direction Aubry et des annonces accrocheuses, la magnifique ville de La Rochelle risque bien en 2009 d’apercevoir, une fois de plus, des couteaux bien acérés pour dépeçages en règle.
Il y aurait une grande réforme salvatrice : supprimer les universités d’été au PS.