Alors qu'est ce que c'est? Je vous en avais déjà soufflé un mot dans le cadre de ma publie sur le palais "Martinic", et donc vous devriez connaître le gros du quoi. Mais bon, je vais vous en dire un peu plus maintenant. Alors sans remonter aux calandres grecques, faut quand même que je vous parle de plusieurs Turcs avant. Tout d'abord les guerres de religion, elles, remontent aux Gros-magnons, aux Diplodocus, aux Zamibes, bref... y en a toujours eu. Et justement, une bonne tentative d'y mettre fin remonte au 25 septembre 1555 lorsque Charles Quint signa la paix d'Augsbourg (i.e. "Augsburg"). Celle-ci permettait aux princes de choisir leur religion, et surtout de l'imposer à leurs sujets (démocratiquement cool). C'est à dire qu'un prince qui était blanc de religion pouvait imposer à tous ses sujets d'être blancs de religion, et les noirs (de religion), ben ils pouvaient partir dans un fief où le seigneur était de religion noire. Et réciproquement. On disait alors "cuius regio, eius religio" (couillon de Régis, comme sa religion). Cependant cet édit plein de non-dit était truffé d'exceptions: d'abord n'étaient concernées que les villes royales. Ensuite les enclaves épiscopales ne pouvaient convertir ni chasser les blancs si l'évêque devenait noir (mais la réciproque n'était pas vraie). Puis le pire dans tout ça, c'est que seuls les luthériens étaient concernés, ce qui excluait donc les calvinistes, les unitaristes, les presbytérianistes, les télévangélistes, les amishs, les pentecôtistes, les millénaristes, les créationnistes, les annihilationnistes, les méthodistes, les bordelistes, les anabaptistes, les consubstantiationnistes, les petits prophètes, les mennonitistes, les puritanistes, comme les associations associées, genre les éclaireurs salutistes du Congo Brazzaville, l'armée du salut devant la Samaritaine, la fédération romande d'églises évangéliques, l'association internationale des Gédéon
Et justement, sous le règne du papa de Rudolf II, Max (II aussi), l'on vécu dans l'compromis. Max II ayant été élevé dans l'éducation, il fut rapidement mis en contact avec les sciences, les langues, les idées nouvelles et progressistes de la renaissance, et donc forcément, il eut moult contact avec la religion protestante contre laquelle il n'avait pas spéciale animosité. Mais son papa (Ferdinand 1er) comme son oncle (Ch'arlequin) voyaient tout cela d'un fort mauvais oeil. Aussi afin de ramener le sale gosse dans le droit chemin catho-papal, ils lui scotchèrent en mariage (en 1548) une épouse bien bonne catholique élevée au lait de l'intégrisme: Marie d'Espagne, fille cadette de son oncle (Ch'arlequin) et donc sa cousine (eh ouais). Inutile de préciser que la reine ultra-orthodoxe ne partageait point les idées tolérantes de son roi, et malgré qu'ils eurent 16 gnards engendrés par coït vaginal (je présume?), ce dernier (roi et mari) logeait fréquemment à l'hôtel du cul-tourné en contrepartie d'une décision trop bienveillante envers l'hérétique protestant. Ainsi, et afin de calmer la vapeur dans le couple, un des gestes de concession envers sa femme... attends, j'vous raconte.
En 1575, sentant la fin de ses jours sur le perron de sa porte, Max II réunit la diète afin de lever un nouvel impôt (guerre contre les Turcs, trou de la sécu...) mais surtout afin de faire accepter auprès des Etats de Bohême son fils Rudolf II comme successeur au trône.
Mais passons au Rudolf. Lorsque notre bon bougre atteint l'âge de 12 ans (en 1564), sa mère ultra-catho (Marie d'Espagne) comme son grand-père ultra-catho itou (Ferdinand premié, né é élevé en éspagne) l'envoyèrent chez l'oncle Philippe (d'Espagne) afin qu'il reçoive la bonne éducation ultra-catho, et qu'il soit par la-même éloigné de tout cet éréthisme protestant qui gangrenait le royaume habsbourgeois. Là, Rudolf découvrit une religion catholique stricte, fanatique et intolérante, mais il se prit surtout de passion pour les arts, les sciences naturelles comme surnaturelles, et pour l'alchimie. A la cour d'Espagne, le loupiot vivait comme un coq en pâte car l'oncle Philippe et la tante Lisbeth (made in France) ne faisaient que de pondre des filles, et le tabloïd espagnol Hola entrevoyait notre Rudolf comme potentiel successeur au plus grand royaume d'alors, pour te dire comme ils le bichonnaient not' Rudolf. Ceci-dit il n'en fut rien de la succession, parce que l'oncle Philippe épousa sa nièce, la frangine de Rudolf, laquelle lui pondit un Philippe II+1 (= III). Rudolf revint à Vienne 8 ans plus tard (en 1571) âgé de 19 ans, et fichtrement pourvu d'un solide élevage intellectuel, nettement plus solide que sa foi religieuse (au grand soulagement des Etats de Bohême protestants). Un an plus tard encore (en 1572) notre loufoque fut couronné roi de Hongrie, et 3 ans plus tard roi de Bohême (en 1575). Un an plus tard encore toujours, Max II décéda (en 1576), et commença enfin le vrai règne chaotique du cocasse Rudolf II. Alors je ne vais pas m'étendre là-dessus, mais juste rappeler quelques éléments importants.
Le premier élément, des plus importants au début de sa carrière, c'est que Rudolf ne parlait pas un mot de Tchèque (comme mon pote zétazunien John).
L'ampleur du foin artistique que Rudolf avait entreposé au château de Prague dépassait l'imagination, car il avait carrément aménagé des espaces exprès pour et rigoureusement classifiés (les espaces). Y avait la fameuse "Kunstkammer" (chambre d'art), l'"Artefacta" pour le fourbi relatif à l'art, "Naturalia" pour le fourbi relatif à la nature, "Scientifica" pour le fourbi relatif à la science, "Raritätenkammer" (la pièce des rarités [oui, je sais qu'on dit rareté]), divisée en "Curiosa", "Mirabilia" et "Rara". Puis à côté de la "Raritätenkammer" se trouvait la "Schatzkammer" (salle des trésors), la "Wunderkammer" (cabinet des curiosités), la "Rüstkammer" (pièce d'armes) et au fond du couloir à droite la "Scheißkammer" (j'vous l'traduis pas si?).
Parmi les scientifiques, citons "Tadeáš Hájek z Hájku", mathématicien, astronome, chimiste, botaniste et médecin personnel de Rudolf II. Peu de gens le savent, mais ce génie fut le premier à rédiger un ouvrage scientifique sur le processus de fabrication de la bière en 1585 (cf. "De cerevisia eiusque conficiendi ratione, natura, viribus et facultatibus opusculum").
Parmi les peintres d'à sa cour, vous ne pouvez ignorer "Bartoloměj Spranger", l'un des plus talentueux, "Hans von Aachen" de style italo-flamand, "Josef Heintz" le Suisse, "Joris (Georges) Hoefnagel" peintre pratiquement scientifique de p'tites bêtes en tout genre, "Roelandt Savery", également passionné d'animaux vivants et de natures mortes. Les peintres de passage d'à sa cour "Giuseppe Arcimboldo", "Jacob de Gheyn"... et les peintres dont Rudolf II possédait des oeuvres, et que je ne vous présente même pas tellement ils sont à la peinture ce que Maradona ou Zidane sont à la lessive, "Hieronymus Bosch" (Rudolf en commença la collection tout petit, chez l'oncle Philippe II, après lequel il fut le plus fourni des collectionneurs), Da Vinci (la fameuse "dame à l'aire mine" faisait partie du trésor rudolfinien), Raphaël, Véronèse, Le Titien (à sa mémère), Le Tintoret (pas cent balles), Le Corrège, le Dürer (un des préférés de Rudolf), le Cranach, Holbein, Bruegel (i.e. Brügel), Mazzola (dit Parmigianino), Van Leyden. Notez bien que tous ces talentueux bougres ne vivaient pas forcément à la cour d'à Prague, car ils ne souhaitaient pas toujours quitter leur pays. Alors ils envoyaient leurs chefs-d'oeuvre par Fedex emballés dans du tissus de soie rembourré à la plume de paon. Ainsi arrivaient à Prague des colis du monde entier, de Milan, de Florence, de Nuremberg, d'Augsbourg, de Bruges, d'Hayange et même de Chine pour les sacs LV, et les chaussures Nique, ce qui permit à Rudolf de commencer une toute nouvelle collection: les timbres.
Parmi les qui touchaient à tout et faisaient dans la totale, signalons "Michael Maier", philosophe, physicien, médecin, alchimiste, mathématicien, guérisseur, bras droit et conseiller personnel de l'empereur. Chais pas ce qu'il bouffait comme fibres, mais il était grave attaqué du délire mental. D'aucuns le considèrent aujourd'hui comme l'inventeur du multimédia de par sa publication délirante "Atalanta Fugiens hoc est Emblemata Nova de Secretis Naturae Chymica" composée de dessins, de poèmes, de canons de musique (fugues?) et de textes plutôt inaccessibles à la plèbe. Je vous ai trouvé un site en Français assez complet sur l'oeuvre précédemmentionné, et je vous laisse le soin d'apprécier car c'est énorme. Notez cependant une boulette (à mon avis) dans ce site: Rudolf n'est jamais monté "sur le trône d'Allemagne" et pour cause, l'Allemagne est née 300 ans plus tard. Mieux, bien qu'empereur du St empire romain-gerbatique, il n'était le souverain direct d'aucun "Land" de l'Allemagne actuelle (sinon de la Lusace, en partie allemande, mais peuplée à 90% de Slaves): Rudolphus II Dei gratia Romanorum Imperator semper augustus Germaniae Hungariae Bohemiae Dalmatiae Croatiae Sclavoniae etc rex archidux Austriae, marchio Moraviae, Luezemburgensis et Sylesiae dux, marchioque Lusatiae, dux Burgundiae comes Tirolis etc. Vous me direz sans doute que je chipote, mais en l'époque "l'Alemaigne" était synonyme du St empire romain germanique, et c'est loin de l'Allemagne géographique comme politique actuelle non? Tiens, qui parlait d'Italie en ces temps, hum? La suite... Alors que dire d'"Anselmus Boetius", alias "Anselme De Boodt", gemmologiste, orfèvre, médecin d'empereur, et lithothérapeute avant l'heure? Dans son ouvrage "Gemmarum et Lapidum historia", il décrivit avec maints détails plus de 600 pierres précieuses (et semi), il dépeignit leur propriétés minéralogiques, et surtout, il diagnostiqua pour quelques unes des propriétés thérapeutiques bienfaisantes pour le porteur. Faut juste y croire, en la thérapie, mais apparemment Rudolf y croyait, car il fut inhumé avec ses bagues, 2 en or et pierres précieuses, et une en pure jade néphrite qui avait (selon Anselme) la faculté de soigner l'halitose et désodoriser les flatulences (cf. l'exposition permanente d'au château de Prague).
Pis quelques mots sur le contenu des collections, parce qu'à nouveau c'est énorme. Parmi les fantastiques curiosités abracadabrantes ramassées de par le monde et auxquelles on ne peut accorder un crédit d'authenticité qu'avec une importante dose de foi, mentionnons des clous de l'arche de Noé, le poignard de Brutus qui frappa César, une dent de la baleine qui avala Jonas, un monstre génétiquement malformé à 2 têtes (sorte de canard, aujourd'hui à la bibliothèque de Strahov), un tétragramme pour faire marcher le Golem, une chope de bière de la taverne "U krále Brabantského", une brasserie tchèque qui fait de la bière absolument dégueu (c'est totalement exceptionnel mais véridique), un dodo-couillon mauricien véritable et vivant, dont les restes morts se trouvent au musée national de Prague, un bézoard offert par Monsieur de "Rožmberk" posé sur une balance car il changeait de poids au gré de ses humeurs... Et sa collection de livres zinimaginables, z'en avez entendu parler? Le plus gros manuscrit au monde écrit par le diable en personne: le Codex Gigas. Le Picatrix, source d'inspiration pour les livres de Rika Zaraï. Le manuscrit de Voynich que des centaines de scientifiques comme les ordinateurs les plus puissants n'ont pas réussi à déchiffrer. Le Codex argenteus, splendide ouvrage écrit (majoritairement) en gothique à une époque où les Germains, vivant de la chasse et de la cueillette, s'exprimaient par onomatopées.
Toutes ses fabuleuses collections de peintures, de statues, de livres, d'estampes et de dessins (quantité incalculable), d'objets aussi délirants que curieux qui excitaient la convoitise du monde entier par leur quantité comme par leur contenu, faisaient le bonheur de Rudolf. La religion n'était qu'une source d'emmerdement avec laquelle il devait s'accommoder par héritage et par obligation envers sa famille et envers son peuple. Mais lui, il n'en avait strictement rien à fout' (le déroulement de sa vie en témoigne). Mieux. Bien qu'il fût de confession catholique, il se livrait ouvertement à la sorcellerie. A sa demande, le vicaire royal torturait dans la cave un pauv' chien baptisé Matthias à dessein, tandis que son alchimiste maléficiait à l'aide du Picatrix fourni par Rudolf un vieux bout de slip appartenant à son frère. En Espagne, on brûlait pour moins que ça en cette époque. Ceci-dit Rudolf n'avait pas plus à fout' de la religion que des autres obligations qui d'ordinaire incombaient à son espèce. Il était gravement misanthrope, il haïssait festoyer (en compagnie), il haïssait recevoir (l'ambassadeur turc attendit une audience plusieurs semaines), il ne participait pas (rarement) aux chasses, il ne prit part à aucune bataille, il détestait l'administration, il n'épousa point (bien qu'il copula fréquemment, en état de solide ébriété), bref... il était "LUI", et les autres n'étaient "rien" (un jour Rudolf péta une effroyable gueulante contre le nonce apostolique qui, lors d'un entretien, lui avait involontairement expiré au visage). A ce propos des pouzailles ("il n'épousa point") et des gonzesses à Rudolf... Celle qui passa pas mal de temps (et sans doute même le plus de) dans ses bras sous sa couette fut "Kateřina Stradová" (i.e. Catherine de Strada). En 1581, alors que Rudolf avait encore des boutons pubères sur son gros nez habsbourgeois, il prit un certain "Ottavio Strada" (fils de Giacomo ["Jakub"] de Strada, déjà au service de Max II) comme conservateur et administrateur de ses collections.
Et enfin parmi les documents d'époque, 4 se distinguent: "L'Histoire auguste, Jacques Esprinchard", où l'auteur trace les portraits de nombreux empereurs, dont Rudolf II. Une autre oeuvre du même auteur mérite lecture, Jacques Esprinchard ("Journal de voyage", 1597), où le boug' en bon touriste visita Prague pendant seulement 6 jours et en fit un portrait très "routard" (cf. sa description de "l'horologe" place de la vieille ville "On voit en la susditte tour du parquet un tres magnifique horologe plain d'artifice, et belle invention, et n'i a aucun qui ne l'admire en le considerant de bien pres. Il contient la revolution de l'an, avec le juste cours du Soleil et de la Lune, le nombre des moys et des jours de l'année, et demontre semblablement le calendrier et toutes les festes d'iceluy. Item la hauteur du Soleil et de la Lune, avec les solstices, oequateurs, la longueur et la briefveté tant des jours que des nuits, les inflammations, oppositions et eclipses de la Lune avec le cours celeste, non seulement le naturel, mais aussi le violent, semblablement le lever et le coucher des douze signes du zodiaque. Au dessous de l'horologe est une autre sphere en laquelle est escrit le calendrier, où un ange avec le bout d'une longue verge montre quel jour il est."). Grâce à une recommandation spéciale de la femme du fils de la mère du cousin de... il visita en compagnie de "Bartoloměj Spranger" et de "Hans von Aachen" certaines salles de la "Kunstkammer", mais également le belvédère de la reine Anne et le pavillon de chasse de l'Arbrerie qui contenaient certaines oeuvres des collections rudolfiniennes et dont il fit une unique description d'époque. Lisez par exemple sa description de l'aigle habsbourgeois gravé à l'or sur marbre et incrusté de pierres précieuses (c'est totalement inutile mais ce fut estimé à 200.000 écus d'or). Une autre lecture est celle de Pierre Bergeron ("Voyage d'Allemagne en Italie", du 28 juin au 26 décembre 1600). La première fois il se rendit officiellement à Prague (en juillet 1600) comme gratte-papier d'Urbain de Laval Boisdauphin, marquis de Sablé et comte de Bresteau, qui viendait annonçoir au Rudolf II qu'Henri IV (de France) allait épouser sa "grosse banquière" ritale (Catherine de Médicis). Pierre fit des descriptions complètes de la vie à la cour, des moeurs religieuses indigènes sans oublier un tableau du quartier juif. Lorsqu'il revint à Prague en 1603 alors comme simple touriste, il visita (entres-autres) le pavillon l'étoile et le belvédère de la reine Anne qui entre-temps avait été transformé (en l'honneur de "Tycho Brahe" décédé) en observatoire astronomique.
Et le fabuleux trésor de Rudolf me demanderez-vous? Dans la "Schatzkammer", Matthias trouva quelques 1400 Kg d'or en lingots et pièces, 3500 Kg d'argent, sans compter les pierres précieuses, les perles, l'orfèvrerie diverse... qui furent immédiatement utilisés pour divers besoins (le montant fut estimé à 17 millions de ducats d'or). La légende raconte qu'ensuite (en janvier 1612) Matthias se laissa enfermer pendant plusieurs jours dans la "Kunstkammer" afin de sélectionner ce qui valait le risque d'être volé et emporté à Vienne. N'oublions pas que selon la volonté de feu Rudolf, ses collections devenaient propriété de la famille habsbourgeoise, certes, mais indivisibles, inaliénables et indéménageables de Prague. Cependant sous la menace des Etats de Bohême qui réclamaient de façon véhémente des croûtes rudolfiniennes afin d'éponger les énormes dettes laissées par l'empereur défunt (cf. plus loin), certaines oeuvres d'art (fabuleuses) furent très rapidement transportées à Vienne par Matthias. Un autre frangin de Rudolf II, Albrecht VII (alors concierge du Benelux et du Portugal) prit également possession (en 1613) de certains objets de valeur afin de les revendre, et toucher du flouze liquide. C'est ainsi qu'une grande partie de ces 120 peintures (entres-autres des Titien, des Véronèse, des Raphaël et des Michelangelo) finirent chez Buckingham (le duc de, George Villiers, lisez d'art à gnan et l'étroit mousse queutèrent). Ferdinand III en rachètera une partie par la suite afin de les exposer à Vienne. En 1619, lorsque cette vile gouape de Ferdinand II fut destituée, les Etats se servirent copieusement dans les collections.
Lorsqu'advint la grande défaite à la bataille de la Montagne Blanche (en 1620), le vrai pillage méthodique des oeuvres put commencer. Le premier à se servir fut Maximilien de Bavière (fumier), l'un des généralissimes de la bataille, et fondateur de la ligue catholique. Féru collectionneur et profiteur de la guerre pour enrichir gratos ses collections personnelles, il alla jusqu'à diriger ses armées vers les oeuvres d'art plutôt que vers les objectifs militaires, donnant à ses lieutenants des instructions sur les peintres, comment reconnaître leurs oeuvres et comment rapatrier ces trésors sous bonne escorte vers Munich. A Prague il dévalisa principalement les "Hans von Aachen", lequel du reste séjourna plusieurs années à Munich, y prit épouse et peignit même un portrait de "Wilhelm V", le père du pillard de Bavière. Un autre qui ne se priva pas de mettre la main profondément dans le trésor fut cet immonde prévaricateur de Charles de Liechtenstein (archi-fumier), alors gouverneur du pays (tchèque) et liquidateur des biens protestants (lisez la "Catala", ou comment les Liechtenstein se sont offerts un état en pillant la Bohême). Anecdote: les vrais cathos étant vraiment coincés, ils se débarrassèrent des tableaux... libidineux (cf. "Elišká Fučiková, Das Schicksal der Sammlungen Rudolfs II. vor dem Hintergrund des Dreißigjährigen Krieges" écrit: "Kaiser Ferdinand II [...] Die Bilder, die einen mythologischen oder allegorischen Inhalt hatten und ihm zu frivol erschienen [...]"). Et c'est justement, un bijoutier belge libidineux qui les acquit en 1623 (cf. "Elišká Fučiková" schreibt immer noch: "[...] wurden im Jahre 1623 an Juwelier Daniel de Briers verkauft."), mort de rire.
Bien que signé sous la contrainte, d'une certaine façon, le "majestätsbrief" n'en était pas moins un document exceptionnel pour son époque. En effet, l'application de l'édit était individuelle (sur la personne) aucunement collective (sur les terres de...). Afin d'en défendre l'application, 30 "défenseurs" de la diète furent élus, 10 parmi chaque caste sociale (haute et basse noblesse, bourgeoisie). En août 1609, la Lusace et la Silésie obtenaient les mêmes droits que la Bohême. Et comme aucun des courants réformateurs comme catholique (y en avait qu'un de courant catholique, le papo-romano-catholique) n'avait une majorité absolue dans les assemblées, le royaume de Bohême devint pendant un temps un exemple d'exception européenne d'oecuménisme et de tolérance confessionnelle. Ca c'était pour la théorie. En pratique, cette exception irénique était des plus mal vues, autant par le pape (forcément) que par les princes (qui devaient accepter l'autre bord sur leurs terres), sans parler de tous ceux, qui n'avaient pas la moindre sympathie envers la pluralité et le libre arbitre. La suite, vous la connaissez, défenestration de Prague (en 1618), bataille de la montagne blanche (en 1620), et exécutions des 27 agitateurs (en 1621).