Alors qu'est ce que c'est? Je vous en avais déjà soufflé un mot dans le cadre de ma publie sur le palais "Martinic", et donc vous devriez connaître le gros du quoi. Mais bon, je vais vous en dire un peu plus maintenant. Alors sans remonter aux calandres grecques, faut quand même que je vous parle de plusieurs Turcs avant. Tout d'abord les guerres de religion, elles, remontent aux Gros-magnons, aux Diplodocus, aux Zamibes, bref... y en a toujours eu. Et justement, une bonne tentative d'y mettre fin remonte au 25 septembre 1555 lorsque Charles Quint signa la paix d'Augsbourg (i.e. "Augsburg"). Celle-ci permettait aux princes de choisir leur religion, et surtout de l'imposer à leurs sujets (démocratiquement cool). C'est à dire qu'un prince qui était blanc de religion pouvait imposer à tous ses sujets d'être blancs de religion, et les noirs (de religion), ben ils pouvaient partir dans un fief où le seigneur était de religion noire. Et réciproquement. On disait alors "cuius regio, eius religio" (couillon de Régis, comme sa religion). Cependant cet édit plein de non-dit était truffé d'exceptions: d'abord n'étaient concernées que les villes royales. Ensuite les enclaves épiscopales ne pouvaient convertir ni chasser les blancs si l'évêque devenait noir (mais la réciproque n'était pas vraie). Puis le pire dans tout ça, c'est que seuls les luthériens étaient concernés, ce qui excluait donc les calvinistes, les unitaristes, les presbytérianistes, les télévangélistes, les amishs, les pentecôtistes, les millénaristes, les créationnistes, les annihilationnistes, les méthodistes, les bordelistes, les anabaptistes, les consubstantiationnistes, les petits prophètes, les mennonitistes, les puritanistes, comme les associations associées, genre les éclaireurs salutistes du Congo Brazzaville, l'armée du salut devant la Samaritaine, la fédération romande d'églises évangéliques, l'association internationale des Gédéon (...grois dans la baignoire et chais pas quoi n'en faire, pour ceux qui aiment les Mr et Mme ont un fils...), l'assemblée du désert de Gaby, la ligue pour la lecture de la bible à l'envers, le mouvement international de la réconciliation d'avec la viande de cheval, etc. Ce traité d'Augsbourg fut tellement bâclé, que Ch'arlequin abdiqua 1 mois plus tard jour pour jour (25 octobre) détruit par cet échec, rongé par la mort de sa maman et vermoulu par une goutte du gros orteil. Pour l'anecdote, il est né le 25 février 1500, mort le 25 septembre 1558, et le 25 juin 1530 lui fut présentée la "confession d'Augsbourg", texte fondateur du Luthéranisme. Sans dec, à sa place, les 25 du mois je serais resté au lit. Il n'y avait donc plus de guerres, mais prétendre que les diverses religions s'accommodaient entres-elles... En Bohême, la dimension politico-religieuse était particulièrement éclectique (bordélique), z'allez voir. D'un point de vue politique, le royaume de Bohême fonctionnait sur une base corporative (politique et non professionnelle), c'est à dire que le pouvoir était divisé entre le souverain (roi, empereur...) et la diète, assemblée représentant les Etats de Bohême (genre de régions). Dans les Etats de Bohême se trouvaient des représentants de la haute noblesse, de la basse noblesse, et de la bourgeoisie (citoyen libre d'une ville royale jouissant de certains privilèges), mais pas du clergé (ben tiens). Et aussi curieux que cela puisse paraître puisque le royaume était héréditairement transmissible, la diète des Etats élisait son souverain. Généralement c'était une bricole routinière parodique, cependant le pouvoir des Etats était bien réel: Zikmund dut attendre 17 ans avant de succéder à son frère ("Václav IV") défunt, et je ne parle pas des tentatives violentes mais malheureuses, des compromis, des promesses et du lèche-cultage qu'il dut assurer à la diète avant qu'elle ne dise oui (il mourut 1 an plus tard de fatigue d'avoir voulu être roi de Bohême). Quant à cette vile gouape de Ferdinand II, il fut tout simplement destitué et remplacé par Friedrich du Palatinat (en 1619) pour "totale incompatibilité politique" d'avec ses sujets. Et justement, depuis le Polac W ("V(W)ladislav II. Jagellonský"), le pouvoir des Etats en terme d'autonomie et d'indépendance avait prit une ampleur considérable. Chaque Etat était ainsi représenté par les précédentes corporations (haute, basse noblesse et bourgeoisie, sans le clergé, bien entendu), lesquels législativaient, inscrivaient soigneusement les décisions dans les "desky zemské" (cf. une précédente publie pour plus de détail) et appliquaient les lois sur leur territoire. Sauf qu'en cette seconde moitié du XVI ème siècle, une grande partie de la population du royaume de Bohème était de confession (descendance) néo-utraquiste: soit directement hussite (cf. "Jan Hus", "Jednota bratrská" - "Unitas Fratrum"), soit luthérienne (de par la proximité avec la Germanie), mais clairement antipape. De l'autre côté, la noblesse régnante d'en haut de l'échelle (Habsbourg en tête) était romano-catholique, et clairement pro-pape. Z'imaginez le cirque à la diète? Les uns tiraient à hue, les autres répondaient à dia, enfin ce n'était rien d'autre que de la (sale) politique sous couvert de bon dieu. Et on avait beau être Habsbourg, quand on avait contre soit la noblesse, la bourgeoisie, le peuple, les villes, et les Etats lesquels prélevaient l'impôt, fournissaient la main d'oeuvre (civile comme militaire), et destituaient si besoin était, ben valait mieux faire dans l'compromis que dans l'intransigeant.
Et justement, sous le règne du papa de Rudolf II, Max (II aussi), l'on vécu dans l'compromis. Max II ayant été élevé dans l'éducation, il fut rapidement mis en contact avec les sciences, les langues, les idées nouvelles et progressistes de la renaissance, et donc forcément, il eut moult contact avec la religion protestante contre laquelle il n'avait pas spéciale animosité. Mais son papa (Ferdinand 1er) comme son oncle (Ch'arlequin) voyaient tout cela d'un fort mauvais oeil. Aussi afin de ramener le sale gosse dans le droit chemin catho-papal, ils lui scotchèrent en mariage (en 1548) une épouse bien bonne catholique élevée au lait de l'intégrisme: Marie d'Espagne, fille cadette de son oncle (Ch'arlequin) et donc sa cousine (eh ouais). Inutile de préciser que la reine ultra-orthodoxe ne partageait point les idées tolérantes de son roi, et malgré qu'ils eurent 16 gnards engendrés par coït vaginal (je présume?), ce dernier (roi et mari) logeait fréquemment à l'hôtel du cul-tourné en contrepartie d'une décision trop bienveillante envers l'hérétique protestant. Ainsi, et afin de calmer la vapeur dans le couple, un des gestes de concession envers sa femme... attends, j'vous raconte. Vous vous souvenez au début du XV ème siècle, les guerres hussites, les raclées successives que prirent les croisés, les princes catholiques, l'empereur et le pape, enfin tous ceux qui voulaient étrangler l'éréthisme en terre de Bohême? L'affaire finit par se régler (plus ou moins) avec les compacta(s) (accords) de Bâle en 1436, qui fouturent la paix enfin aux hussites. Or ces accords étaient toujours en vigueur sous Max II, et les nobles protestants qui avaient entre temps goûtés au luthéranisme, au calvinisme, au brahmanisme, au léninisme, au dodécaphonisme et au modernisme trouvaient ce texte par trop démodé, ancien, et plus du tout adapté à la situation du protestantisme de l'époque. En fait le contexte était dément, parce que Bâle ne concernait que les hussites (utraquistes), un peu les Luthériens mais pas l'union des frères de Bohême (i.e. unité des frères tchèques) ni les calvinistes (et autres). Augsbourg (comme dit) ne concernait qu'uniquement les Luthériens excluant tout le reste, et donc c'était le foin le plus absolu parmi les accords, édits z'et ententes. Aussi un beau jour, la délégation des "ceux qui n'en peuvent plus du foin qui règne" se rendirent chez l'empereur: "tu comprends Max, ça serait vachement cool finalement que tu décroches ce vieux truc bâlois du clou, et que tu le remplaces par un texte plus mieux, nouveau, d'actu, genre, chais pas, tiens, tu sais quoi, on va y réfléchir avec les potes protestants, et on revient vers toi avec une propale qui tient la route" (propale: abréviation de proposition commerciale, religion = business, ben tiens). Et Max en bon roublard mit un terme donc aux compacta(s) de Bâle en 1568, envoya un fax au papàrome afin qu'il prenne l'affaire en compte, et attendit peinard qu'on revienne vers lui laissant la condition protestante sans règle (j'te dis pas la fête chez Marie des S'pagnes le soir même). Et là, la politique entra en jeu. Les divers courant protestants étaient incapables de se mettre d'accord et les points de discorde étaient nombreux. Parfois ils étaient fondamentaux: ordination des prêtres, hiérarchie, assemblée, droit de vote, nombre de voix et voiture de fonction, mais parfois ils étaient totalement ineptes, genre "est-ce que Jésus prit réellement part au dernier souper?" (véridique). Attends, c'est lui qui recevait ses potes chez lui, les photos prises pour les tabloïds de l'époque par Da Vinci, Poussin ou Le Tintoret le montrent en train de tartiner des biscottes au caviar et déguster un château Petrus 1952, et les protestants se posent la question de sa présence à la fête? C'est aussi con que de douter de la virginité de Marie, du parfum de sainteté à Jésus ou de la longue barbe du bon-dieu. Quoi qu'il en soit, ils finirent quand même par se mettre d'accord sur un texte éminemment oecuménique qu'ils intitulèrent "Confessio Bohemica", et qui, dans sont contenu comme dans sa forme s'inspirait majoritairement de la confession d'Augsbourg de 1530 (acceptée dans le traité de 1555) tout en laissant suffisamment d'espace à l'assimilation d'autres courants non-catholiques. Ainsi le texte existait, restait plus qu'à le faire signer (par l'empereur) dans le cadre d'une bonne occase. Alors je vous ai trouvé l'intégrale de la confession d'Augsbourg en Latin et en Anglais, mais rien sur le "Confessio Bohemica", z'allez voir par la suite pourquoi. Sinon je vous conseille tout particulièrement l'article X, "De Coena Domini" (la Cène) d'où qu'on parle ouvertement de cannibalisme, mort de rire.
En 1575, sentant la fin de ses jours sur le perron de sa porte, Max II réunit la diète afin de lever un nouvel impôt (guerre contre les Turcs, trou de la sécu...) mais surtout afin de faire accepter auprès des Etats de Bohême son fils Rudolf II comme successeur au trône. L'occasion était trop belle pour les protestants de lui soumettre (le 18 mai) le nouveau document pour signature impériale. "Quoi? Mais z'êtes furieux les gars? Z'imaginez un peu l'cirque d'enfer de mon emmerdeuse espagnole si je vous signe un truc pareil? Et je ne vous parle même pas de la belle famille de Madrid ni du Greg à Rome. Ils vont m'écorcher vif ouais." Mais les Etats protestants (majoritaires à la diète) furent intraitables. "C'est up to you Max, mais si tu nous les casses de trop, on ira chercher un Germain, un Magyar, voire même un Turc maintenant qu'ils campent dans ton jardin près de Vienne, et le Rudolf, il finira comme coiffeur pour dames à Cajarc." Eh ouais, poignant dilemme, amère décision et conséquences d'un choix... Le pauv' Max n'en dormit pas, ah-la-la. Mais la nuit porte conseil, et le pauv' vieux revint à la diète au matin avec une fabuleuse suggestion: "ok les gars, j'peux sérieusement pas vous signer un truc pareil, mais je vous donne ma parole d'homme, de roi et d'empereur, que je respecterai votre
Mais passons au Rudolf. Lorsque notre bon bougre atteint l'âge de 12 ans (en 1564), sa mère ultra-catho (Marie d'Espagne) comme son grand-père ultra-catho itou (Ferdinand premié, né é élevé en éspagne) l'envoyèrent chez l'oncle Philippe (d'Espagne) afin qu'il reçoive la bonne éducation ultra-catho, et qu'il soit par la-même éloigné de tout cet éréthisme protestant qui gangrenait le royaume habsbourgeois. Là, Rudolf découvrit une religion catholique stricte, fanatique et intolérante, mais il se prit surtout de passion pour les arts, les sciences naturelles comme surnaturelles, et pour l'alchimie. A la cour d'Espagne, le loupiot vivait comme un coq en pâte car l'oncle Philippe et la tante Lisbeth (made in France) ne faisaient que de pondre des filles, et le tabloïd espagnol Hola entrevoyait notre Rudolf comme potentiel successeur au plus grand royaume d'alors, pour te dire comme ils le bichonnaient not' Rudolf. Ceci-dit il n'en fut rien de la succession, parce que l'oncle Philippe épousa sa nièce, la frangine de Rudolf, laquelle lui pondit un Philippe II+1 (= III). Rudolf revint à Vienne 8 ans plus tard (en 1571) âgé de 19 ans, et fichtrement pourvu d'un solide élevage intellectuel, nettement plus solide que sa foi religieuse (au grand soulagement des Etats de Bohême protestants). Un an plus tard encore (en 1572) notre loufoque fut couronné roi de Hongrie, et 3 ans plus tard roi de Bohême (en 1575). Un an plus tard encore toujours, Max II décéda (en 1576), et commença enfin le vrai règne chaotique du cocasse Rudolf II. Alors je ne vais pas m'étendre là-dessus, mais juste rappeler quelques éléments importants.
Le premier élément, des plus importants au début de sa carrière, c'est que Rudolf ne parlait pas un mot de Tchèque (comme mon pote zétazunien John). Elevé à la cour d'Espagne, il parlait couramment Espagnol et un peu Latin. De par ses origines, il parlait Allemand (mais n'aimait pas), par nécessité politique Français et par culture Italien. Mais Tchèque, pas un mot, pas une bribe, alors que d'aucuns affirment qu'il parlait couramment même Magyar lors de ses crises de démence. Les Etats de Bohême considérèrent ce fait comme une offense, et dans les premiers temps de son règne, Rudolf fut regardé comme hautin, infatué et orgueilleux (même Obama a dit 4 mots en Tchèque lors de son discours au château en Avril 2009). Malgré cela, les premières années furent plutôt tranquilles d'un point de vue politique comme familial (en ce temps il vivait encore à Vienne). En 1578 Rudolf nous fit sa première "crise de mélancolie" durant laquelle il dut s'absenter de la scène, ce qui laissa la porte grande ouverte aux intrigues familiales, courtisanes... Not' gaillard en sortit amère, reclus et plutôt fatigué. Sa première vraie dispute éclata en 1580 avec sa mère (ultra-catho), qui ne faisait rien que de pousser son empereur de fils à recatholiser son empire manu-militari le crucifix dans une main, le bûcher pour hérétique dans l'autre. "Attends maman, j'en suis encore à ma période d'essai, les coutumes locales sont différentes, acceptation, tolérance, diplomatie... tiens, prends une bière et calme-toi." Marie ne se calma pas, et après avoir plié ses bagages pendant un an, elle acheta un âne et prit la route pour son Espagne natale en 1581. En 1583, Rudolf déménagea son trône de Vienne à Prague, et afin de transformer cette ville de province en capitale d'empire, il fit venir à sa cour d'innombrables artistes, architectes, scientifiques, et... et alchimistes, ben tiens. Bien que dégouté du mariage, il n'en consommait pas moins le fruit défendu et s'adonnait fort volontiers aux plaisirs de la chair, de la bouffe et de la boisson. Malgré cela, ses dépressions, ses angoisses et son apathie se faisaient fréquentes, et Rudolf trouvait le repos et le bonheur dans ses collections (cf. plus loin). Il se détachait du monde réel, mais celui-ci se rappela à son bon souvenir en 1593: l'empire reprit les armes contre les Ottomans (ou l'inverse). La guerre trainait en longueur de part l'équilibre des forces, et en 1604 Rudolf commit une première erreur. Parce qu'il tenta d'imposer la religion catholique en Hongrie comme seule et unique foi universelle, les Magyars se rebellèrent contre les Habsbourg (cf. "István Bocskay"). Lorsqu'ils envahirent la Slovaquie et la Moravie, il commençait à se faire grand temps d'entamer des négociations avec les diverses parties. L'on rédigea donc le traité de Vienne (23 septembre 1606) qui (principalement) garantissait la liberté de culte aux Hongrois, et l'empereur s'engageait à faire la paix avec les Turcs. Mais Rudolf refusa de signer ce traité, et prétextant une nouvelle crise de folie, il resta au lit pendant plusieurs semaines. Signalons qu'en cette période, son état de santé s'aggravait avec des crises de dépression aigüe et qu'à partir de 1597 les stigmates de la syphilis avaient pointé le bout de leur nez roséolé dans la cervelle du monarque: l'empereur hantait les couloirs du château de Prague une dague à la main clamant qu'il avait "le ventre derrière et le dos devant", tandis que les happy few qui pouvaient l'approcher l'entendaient confesser qu'il était "ensorcelé par le chant des capucins du château", et qu'un "moine allait l'assassiner." L'entourage du pauv' boug' devenait méfiant envers lui et prenait ses distances. Les intrigues s'amplifièrent alimentées par ses maladies, son absence d'héritier, ses tentatives de suicide et ses colères furieuses (lors d'un de ses accès, il faillit poignarder son barbier). Ses proches s'éloignèrent, au point que sa propre famille mit secrètement en 1606 tous ses espoirs en son frère Matthias. Et justement l'occasion était trop belle pour celui-ci d'entrer en scène. Il signa le traité de Vienne en place de Rudolf, et poussait les Etats de Hongrie à la révolte envers l'empereur. Cela prit un peu plus d'un an, mais en 1608, les diètes d'Autriche, de Moravie et de Hongrie votèrent finalement pour Matthias, alors que la Bohême, la Silésie et la Lusace se tenaient aux côtés de Rudolf. Lorsque Matthias et son armée arrivèrent aux portes de Prague afin d'en découdre avec le frangin, l'on faillit réellement en arriver à une guerre fratricide, mais ces derniers signèrent la paix de "Libeň" au château de, scindant l'empire selon les royaumes susmentionnés, et Rudolf reconnaissant le traité de Vienne. Affaibli, à la recherche de soutien politique face à son frère Matthias, il finit par signer ce fameux "majestätsbrief" ("Majestat Rudolphus") le 9 juillet 1609 garantissant la liberté de culte en Bohême afin de s'accorder les bonnes grâces de la diète. Mais de ce fait il foutut en rogne la minorité catholique. Les accrochages entre les 2 confessions croissaient, et la colère envers le souverain s'amplifiait de tout bord. Rongé par la maladie, furieux contre Matthias le traître, contre les Etats protestants exploiteurs de situations, contre les Etats catholiques infidèles, Rudolf ne rêvait que de vengeance. Et il était conforté dans ce ressentiment envers tous et toutes par son immonde ordure de cousin combinard Léopold, évêque de Passau et de Strasbourg, qui convoitait ouvertement le trône de Bohême. "Vouis mon chéri, tous vilains, tous laids, mais chuis avec toi, moi, tu vas voir, j'vais faire venir mon armée à Prague, et je vais te restaurer l'autorité vite fait." Et il le fit cette ordure de moine. En février 1611, la soldatesque mercenaire germaine s'abattit sur la Bohême et sur Prague comme une volée de sauterelles, et pilla "Malá Strana" et "Hradčany" des caves aux greniers (ils furent arrêtés par les Praguois sur le pont Charles, et ne purent pénétrer dans la vieille ni la nouvelle ville). Lorsque les Etats de Bohême se rendirent compte de la totale inertie de Rudolf, pour ne pas dire de son soutien au massacre auquel se livraient les soudards de ce fumier d'évêque, les Etats de Bohêmes, catholiques y compris, appelèrent Matthias à la rescousse. L'invasion des barbares de Passau fut repoussée en mars, Rudolf poussé à l'abdication en avril, et la couronne de Bohême fut posée sur la tête de Matthias le 23 mai de cette même année. Mais l'histoire de notre document n'en était pas terminée pour autant. Et celle de Rudolf et de ses collections non plus.
L'ampleur du foin artistique que Rudolf avait entreposé au château de Prague dépassait l'imagination, car il avait carrément aménagé des espaces exprès pour et rigoureusement classifiés (les espaces). Y avait la fameuse "Kunstkammer" (chambre d'art), l'"Artefacta" pour le fourbi relatif à l'art, "Naturalia" pour le fourbi relatif à la nature, "Scientifica" pour le fourbi relatif à la science, "Raritätenkammer" (la pièce des rarités [oui, je sais qu'on dit rareté]), divisée en "Curiosa", "Mirabilia" et "Rara". Puis à côté de la "Raritätenkammer" se trouvait la "Schatzkammer" (salle des trésors), la "Wunderkammer" (cabinet des curiosités), la "Rüstkammer" (pièce d'armes) et au fond du couloir à droite la "Scheißkammer" (j'vous l'traduis pas si?). Aussi lorsque Matthias reçut les premiers devis des déménageurs, il appliqua le plan B. Rudolf fut laissé en paix avec son prodigieux fourbi sur place où il mourut le 20 janvier 1612 toujours nanti du titre d'empereur romain-germanique. Quant à Matthias, il re-déménagea la capitale impériale de Prague à Vienne, et devint empereur à son tour après la mort de Rudolf. Tiens, légende, connaissez-vous l'histoire du lion Mohamed (parfois Muhammad)? Parmi les démentes collections de Rudolf, il y avait aussi des animaux, le fameux bestiaire de Rudolf. Et parmi ses préférés (d'animaux), il y avait le fameux lion Mohamed que l'empereur avait reçu du sultan ottoman Ahmet 1er lorsqu'ils se serrèrent la pince en signe de paix (bien que ce fut Matthias qui signa en bas de page du traité). Lorsque le bestiau arriva à Prague, l'un des astrologues de Rudolf mit un oeil sur son passeport, et parce qu'il était du même signe astrologique que l'empereur, l'astrologue leur prédit un destin identique, en particulier lors du trépas. Eh bien croyez-le ou non, en fin d'année 1611, Mohamed le lion chopa la grippe porcine et trépassa avant la St Sylvestre. Rudolf qui l'invitait régulièrement pour lui apporter des yaourts au bifidus actif en fut extrêmement penné. Il reçut encore plus la dépression de la mélancolie, et décéda quelques jours plus tard. Dingue non? Et malgré qu'il ait été dément (fils de cousins, arrière grand-mère démente: "Jeanne la Folle"), syphilitique et mystique, il n'en fut pas moins un fantastique promoteur des arts, de la culture et des sciences. Certes, Rudolf entretenait une armée de charlatans, d'alchimistes (selon une source, il y aurait eu jusqu'à 200 alchimistes à la fois dans les laboratoires impériaux) et de profiteurs sans foi ni loi (ce qui, somme toute, n'a guère changé en 400 ans, jetez un oeil sur nos députés ou nos ministres), d'un autre côté, sa cour fourmillait d'artistes fabuleux et de scientifiques reconnus. Parmi les charlatans, mentionnons "Alessandro Scotto" (alias "Odoardus Scotus", on doute de son existence, sans doute un pseudo), qui prédit à Rudolf avant même le dépouillement des scrutins qui allait s'asseoir sur le trône de Pologne ("le roi de Pologne", il peut le dire...). "Michal Sendivoj ze Skorska" qui permit à l'empereur grâce à une fabuleuse potion de sa composition de réaliser pour de vrai sans mentir la transmutation de la crotte de chat en or 18 carats. Suite à ce miracle, Rudolf II fit apposer au château (de Prague) une plaque commémorative portant l'inscription "Faciat hoc quispiam alius, quod fecit Sendivogius Polonius" ("Quelqu'un peut-il le faire avec du crottin d'âne, quelqu'un de plus talentueux que le Polac?") afin d'attiser la compétition. Sans oublier "John Dee" et "Edward Kelley" desquels je vous ai déjà parlé dans une précédente publie.
Parmi les scientifiques, citons "Tadeáš Hájek z Hájku", mathématicien, astronome, chimiste, botaniste et médecin personnel de Rudolf II. Peu de gens le savent, mais ce génie fut le premier à rédiger un ouvrage scientifique sur le processus de fabrication de la bière en 1585 (cf. "De cerevisia eiusque conficiendi ratione, natura, viribus et facultatibus opusculum"). Il suggéra en outre à l'empereur de faire venir à sa cour "Tycho Brahe", le précurseur de l'héliocentrisme (mais avec une rotation circulaire des planètes). Bien qu'astronome sur sa carte de visite, Le Danois alchimistait à l'occasion: on prétend qu'il aurait inventé une potion contre la peste à base d'extrait de choléra. Astronome également, "Johannes Kepler" son disciple, inventeur de l'héliocentrisme à rotation elliptique et des lois régissant le mouvement des planètes, se plut à Prague comme personne: en reconnaissance envers Rudolf, il publia en 1627 ses "Tabulae Rudolphinae" sans lesquels Isaac Newton n'aurait jamais découvert la chute des pommes. "Giordano Bruno", philosophe et théologien démontreur de l'infinité de l'univers. Il ne resta que 6 mois à Prague (vers 1588) afin de se faire brûler à Rome comme hérétique en 1600 (une grande statue de Bruno se trouve en plein centre du Campo dei Fiori, super sympa en soirée pour boire un coup).
Parmi les peintres d'à sa cour, vous ne pouvez ignorer "Bartoloměj Spranger", l'un des plus talentueux, "Hans von Aachen" de style italo-flamand, "Josef Heintz" le Suisse, "Joris (Georges) Hoefnagel" peintre pratiquement scientifique de p'tites bêtes en tout genre, "Roelandt Savery", également passionné d'animaux vivants et de natures mortes. Les peintres de passage d'à sa cour "Giuseppe Arcimboldo", "Jacob de Gheyn"... et les peintres dont Rudolf II possédait des oeuvres, et que je ne vous présente même pas tellement ils sont à la peinture ce que Maradona ou Zidane sont à la lessive, "Hieronymus Bosch" (Rudolf en commença la collection tout petit, chez l'oncle Philippe II, après lequel il fut le plus fourni des collectionneurs), Da Vinci (la fameuse "dame à l'aire mine" faisait partie du trésor rudolfinien), Raphaël, Véronèse, Le Titien (à sa mémère), Le Tintoret (pas cent balles), Le Corrège, le Dürer (un des préférés de Rudolf), le Cranach, Holbein, Bruegel (i.e. Brügel), Mazzola (dit Parmigianino), Van Leyden. Notez bien que tous ces talentueux bougres ne vivaient pas forcément à la cour d'à Prague, car ils ne souhaitaient pas toujours quitter leur pays. Alors ils envoyaient leurs chefs-d'oeuvre par Fedex emballés dans du tissus de soie rembourré à la plume de paon. Ainsi arrivaient à Prague des colis du monde entier, de Milan, de Florence, de Nuremberg, d'Augsbourg, de Bruges, d'Hayange et même de Chine pour les sacs LV, et les chaussures Nique, ce qui permit à Rudolf de commencer une toute nouvelle collection: les timbres.
Et les sculpteurs, genre "Adrien de Vries", les graveurs comme "Egidius Sadeler", les joailliers du style "Ottavio Miseroni" (longue lignée de joailliers de pierre en fils), les orfèvres à l'instar de "Andreas Osenbruck" (faiseur du globe et du sceptre impérial autrichien), les graveurs sur n'importe quoi genre "Anton Schweinberger". Et les médaillistes comme "Antonio Abondio", et les verriers comme "Caspar Lehmann", peu connu du grand public mais il fut l'initiateur du cristal/verre taillé en Bohême en adaptant la technique de la taille des pierres précieuses au verre. Et les musiciens comme "Hans Leo Hassler" (organiste, compositeur et créateur d'automates musicaux), sans parler des faiseurs de couronnes impériales, "Jan Vermeyen", des bricoleurs de génie, de montres, d'instruments astronomiques et de moulins à café comme "Jost Bürgi" (inventeur du premier système de logarithmes en 1588), le kaiserliche Kammeruhrmacher "Christoph Margraf" (inventeur de l'horloge à boules poilues dite "Kugellaufuhr", mécanisme patenté en 1595), ou "Erasmus Habermel" (parfois Joshua), l'inventeur du théodolite. Tiens, à ce propos, parenthèse: beaucoup de sources extrêmement mal informées présentent "Thomas Digges" comme l'inventeur du théodolite en 1571. Faux. Son théodolite en carton pâte et papier mâché ne mesurait que les angles horizontaux. Le vrai théodolite mesurant les angles horizontaux et verticaux, muni d'un compas d'un trépied et d'une clavette inoxydable est né en 1576 entre les mains donc de "Erasmus Habermel". Autre parenthèse, le joaillier "Ottavio Miseroni" eut un fils (en 1607), "Dionisio Miseroni" (parfois "Diviš" en Tchèque). Non seulement il reprit l'affaire du père, mais il devint le "Schatzmeister" de la "Schatzkammer" de Rudolf, et sauveur d'une grande partie de la collection joaillière. La légende raconte qu'en 1637, alors que les Suédois (fumiers) ravageaient la Bohême et s'approchaient méchamment de Prague, il mit tous les bijoux incrustés de pierres précieuses (le travail de la famille "Miseroni"), mais également les bijoux de la couronne dans un Tupperware, enfourcha son preux destrier et prit la direction de Vienne afin de les mettre à l'abri auprès de l'empereur. Ensuite il s'en revint à Prague les mains dans les poches, mais lorsque les barbares nordiques pillèrent Prague en 1648, il finit par leur filer les clés des trésors sous la (menace de?) torture. Il survécut cependant, et en 1653 il (et sa famille) fut anobli par Ferdinand III, particulé (ajout d'une particule nobiliaire, en l'occurrence "z Lisone, Miseroni z Lisone"), et put ainsi couler des jours heureux au point que le fabuleux peintre "Karel Škréta" fit (vers 1653) une peinture de toute la souriante couvée ("Podobizna řezače drahokamů Dionysia Miseroniho a jeho rodiny") avant que la lignée ne s'éteigne mi-XVIII ème siècle par manque de descendance.
Parmi les qui touchaient à tout et faisaient dans la totale, signalons "Michael Maier", philosophe, physicien, médecin, alchimiste, mathématicien, guérisseur, bras droit et conseiller personnel de l'empereur. Chais pas ce qu'il bouffait comme fibres, mais il était grave attaqué du délire mental. D'aucuns le considèrent aujourd'hui comme l'inventeur du multimédia de par sa publication délirante "Atalanta Fugiens hoc est Emblemata Nova de Secretis Naturae Chymica" composée de dessins, de poèmes, de canons de musique (fugues?) et de textes plutôt inaccessibles à la plèbe. Je vous ai trouvé un site en Français assez complet sur l'oeuvre précédemmentionné, et je vous laisse le soin d'apprécier car c'est énorme. Notez cependant une boulette (à mon avis) dans ce site: Rudolf n'est jamais monté "sur le trône d'Allemagne" et pour cause, l'Allemagne est née 300 ans plus tard. Mieux, bien qu'empereur du St empire romain-gerbatique, il n'était le souverain direct d'aucun "Land" de l'Allemagne actuelle (sinon de la Lusace, en partie allemande, mais peuplée à 90% de Slaves): Rudolphus II Dei gratia Romanorum Imperator semper augustus Germaniae Hungariae Bohemiae Dalmatiae Croatiae Sclavoniae etc rex archidux Austriae, marchio Moraviae, Luezemburgensis et Sylesiae dux, marchioque Lusatiae, dux Burgundiae comes Tirolis etc. Vous me direz sans doute que je chipote, mais en l'époque "l'Alemaigne" était synonyme du St empire romain germanique, et c'est loin de l'Allemagne géographique comme politique actuelle non? Tiens, qui parlait d'Italie en ces temps, hum? La suite... Alors que dire d'"Anselmus Boetius", alias "Anselme De Boodt", gemmologiste, orfèvre, médecin d'empereur, et lithothérapeute avant l'heure? Dans son ouvrage "Gemmarum et Lapidum historia", il décrivit avec maints détails plus de 600 pierres précieuses (et semi), il dépeignit leur propriétés minéralogiques, et surtout, il diagnostiqua pour quelques unes des propriétés thérapeutiques bienfaisantes pour le porteur. Faut juste y croire, en la thérapie, mais apparemment Rudolf y croyait, car il fut inhumé avec ses bagues, 2 en or et pierres précieuses, et une en pure jade néphrite qui avait (selon Anselme) la faculté de soigner l'halitose et désodoriser les flatulences (cf. l'exposition permanente d'au château de Prague). Ah oui, et il existe une fidèle traduction française du bouquin d'Anselme sous l'intitulé "le parfait joaillier ou Histoire des pierreries". Je vous laisse apprécier. Et puisqu'on en est aux boulettes, genre l'Allemagne en fin du XVII ème siècle, je vous ai trouvé la perle des boulettes sur Wikipedia.org à propos d'Anselme (De Boodt): "Although he was born and died in what is now modern-day Belgium, much of his career was spent in Czechoslovakia." Notez que les collaborateurs au texte (écrit et modifié entre 2007 et 2009) sont conscients que la Belgique n'existait pas au XVII ème siècle, mais la Tchécoslovaquie, elle existait depuis le paléolithique jusqu'à aujourd'hui inclus. Bref...
Pis quelques mots sur le contenu des collections, parce qu'à nouveau c'est énorme. Parmi les fantastiques curiosités abracadabrantes ramassées de par le monde et auxquelles on ne peut accorder un crédit d'authenticité qu'avec une importante dose de foi, mentionnons des clous de l'arche de Noé, le poignard de Brutus qui frappa César, une dent de la baleine qui avala Jonas, un monstre génétiquement malformé à 2 têtes (sorte de canard, aujourd'hui à la bibliothèque de Strahov), un tétragramme pour faire marcher le Golem, une chope de bière de la taverne "U krále Brabantského", une brasserie tchèque qui fait de la bière absolument dégueu (c'est totalement exceptionnel mais véridique), un dodo-couillon mauricien véritable et vivant, dont les restes morts se trouvent au musée national de Prague, un bézoard offert par Monsieur de "Rožmberk" posé sur une balance car il changeait de poids au gré de ses humeurs... Et sa collection de livres zinimaginables, z'en avez entendu parler? Le plus gros manuscrit au monde écrit par le diable en personne: le Codex Gigas. Le Picatrix, source d'inspiration pour les livres de Rika Zaraï. Le manuscrit de Voynich que des centaines de scientifiques comme les ordinateurs les plus puissants n'ont pas réussi à déchiffrer. Le Codex argenteus, splendide ouvrage écrit (majoritairement) en gothique à une époque où les Germains, vivant de la chasse et de la cueillette, s'exprimaient par onomatopées.
Toutes ses fabuleuses collections de peintures, de statues, de livres, d'estampes et de dessins (quantité incalculable), d'objets aussi délirants que curieux qui excitaient la convoitise du monde entier par leur quantité comme par leur contenu, faisaient le bonheur de Rudolf. La religion n'était qu'une source d'emmerdement avec laquelle il devait s'accommoder par héritage et par obligation envers sa famille et envers son peuple. Mais lui, il n'en avait strictement rien à fout' (le déroulement de sa vie en témoigne). Mieux. Bien qu'il fût de confession catholique, il se livrait ouvertement à la sorcellerie. A sa demande, le vicaire royal torturait dans la cave un pauv' chien baptisé Matthias à dessein, tandis que son alchimiste maléficiait à l'aide du Picatrix fourni par Rudolf un vieux bout de slip appartenant à son frère. En Espagne, on brûlait pour moins que ça en cette époque. Ceci-dit Rudolf n'avait pas plus à fout' de la religion que des autres obligations qui d'ordinaire incombaient à son espèce. Il était gravement misanthrope, il haïssait festoyer (en compagnie), il haïssait recevoir (l'ambassadeur turc attendit une audience plusieurs semaines), il ne participait pas (rarement) aux chasses, il ne prit part à aucune bataille, il détestait l'administration, il n'épousa point (bien qu'il copula fréquemment, en état de solide ébriété), bref... il était "LUI", et les autres n'étaient "rien" (un jour Rudolf péta une effroyable gueulante contre le nonce apostolique qui, lors d'un entretien, lui avait involontairement expiré au visage). A ce propos des pouzailles ("il n'épousa point") et des gonzesses à Rudolf... Celle qui passa pas mal de temps (et sans doute même le plus de) dans ses bras sous sa couette fut "Kateřina Stradová" (i.e. Catherine de Strada). En 1581, alors que Rudolf avait encore des boutons pubères sur son gros nez habsbourgeois, il prit un certain "Ottavio Strada" (fils de Giacomo ["Jakub"] de Strada, déjà au service de Max II) comme conservateur et administrateur de ses collections. Eh ben paf, ça ne put louper, la frangine du conservateur devint la maîtresse principale du souverain, et lui pondit plusieurs chiards illégitimes: 3 femelles et 3 mâles, dont Don Julius le monstre (encore que ce n'est pas certain, mais seulement fort probable. Cf. une précédente publie pour les détails sur le monstre). Elle fut la seule mentionnée dans les documents officiels de l'époque (registre des "bons coups", fascicule 185, daté du 8 janvier 1606), malgré que Rudolf passait fréquemment de couette en couette propageant sa vérole à toutes les Phryné du château comme à tous ceux qui les forniquaient. Cependant il revenait toujours auprès de Catherine, dont on vantait non seulement la beauté mais également l'intelligence (anecdote: la famille Strada vivait dans la maison numéro 2 de la placette dite "Týn", où se trouve aujourd'hui le fameux jazz-club "Ungelt"). Les autres gonzesses? L'histoire ne retint pas leur nom. D'aucuns avancent des labels comme Marylin Monroe (la reine du pou-pou-pidou baveux) ou Madame du Barry (la comtesse des rillettes en chambre), mais l'on ne doit pas croire tout ce qui est écrit dans les tabloïds. J'en reste là sur Rudolf II, car il existe des centaines d'ouvrages historiques, artistiques et même psychiatriques sur sa personne: "Rodolphe II de Habsbourg 1522-1612 l'empereur insolite, Philippe Erlanger", "L'empereur Des Alchimistes - Rodolphe II de Habsbourg, Jacqueline Dauxois", "Monarque Et Mécène - Rodolphe II, Eliska Fucikova, Beket Bukovinska, Ivan Muchka", "Histoire de l'empire des Habsbourg, Jean Bérenger". L'un des plus remarquables est "Rudolf II und seine Zeit, Antonín Gindely" malheureusement en Allemand. Sinon il y a la fameuse "Fin de l'indépendance bohême" ("Konec samostatnosti české") du grand Ernest Denis, qui dresse un portrait de Rudolf sur quelques 200 pages, mais à nouveau, la version française n'est pas en ligne.
Et enfin parmi les documents d'époque, 4 se distinguent: "L'Histoire auguste, Jacques Esprinchard", où l'auteur trace les portraits de nombreux empereurs, dont Rudolf II. Une autre oeuvre du même auteur mérite lecture, Jacques Esprinchard ("Journal de voyage", 1597), où le boug' en bon touriste visita Prague pendant seulement 6 jours et en fit un portrait très "routard" (cf. sa description de "l'horologe" place de la vieille ville "On voit en la susditte tour du parquet un tres magnifique horologe plain d'artifice, et belle invention, et n'i a aucun qui ne l'admire en le considerant de bien pres. Il contient la revolution de l'an, avec le juste cours du Soleil et de la Lune, le nombre des moys et des jours de l'année, et demontre semblablement le calendrier et toutes les festes d'iceluy. Item la hauteur du Soleil et de la Lune, avec les solstices, oequateurs, la longueur et la briefveté tant des jours que des nuits, les inflammations, oppositions et eclipses de la Lune avec le cours celeste, non seulement le naturel, mais aussi le violent, semblablement le lever et le coucher des douze signes du zodiaque. Au dessous de l'horologe est une autre sphere en laquelle est escrit le calendrier, où un ange avec le bout d'une longue verge montre quel jour il est."). Grâce à une recommandation spéciale de la femme du fils de la mère du cousin de... il visita en compagnie de "Bartoloměj Spranger" et de "Hans von Aachen" certaines salles de la "Kunstkammer", mais également le belvédère de la reine Anne et le pavillon de chasse de l'Arbrerie qui contenaient certaines oeuvres des collections rudolfiniennes et dont il fit une unique description d'époque. Lisez par exemple sa description de l'aigle habsbourgeois gravé à l'or sur marbre et incrusté de pierres précieuses (c'est totalement inutile mais ce fut estimé à 200.000 écus d'or). Une autre lecture est celle de Pierre Bergeron ("Voyage d'Allemagne en Italie", du 28 juin au 26 décembre 1600). La première fois il se rendit officiellement à Prague (en juillet 1600) comme gratte-papier d'Urbain de Laval Boisdauphin, marquis de Sablé et comte de Bresteau, qui viendait annonçoir au Rudolf II qu'Henri IV (de France) allait épouser sa "grosse banquière" ritale (Catherine de Médicis). Pierre fit des descriptions complètes de la vie à la cour, des moeurs religieuses indigènes sans oublier un tableau du quartier juif. Lorsqu'il revint à Prague en 1603 alors comme simple touriste, il visita (entres-autres) le pavillon l'étoile et le belvédère de la reine Anne qui entre-temps avait été transformé (en l'honneur de "Tycho Brahe" décédé) en observatoire astronomique. Minutieuses descriptions furent faites des sphères, globes, cadrans et autres astrolabes, tandis que Pierre fut tout particulièrement frappé par leurs "dimensions" (l'on pense qu'il vit de visu le fameux sextant de "Jost Bürgi" construit à Prague vers 1600 pour "Tycho" mais utilisé par "Kepler" afin de peaufiner ses théories. L'objet est conservé aujourd'hui au musée technique NTM). Pis il y a encore une dernière lecture d'époque que je conseille, écrite par le marquis d'Haroué François de Bassompierre pendant ses 12 ans d'embastillement pour avoir agacé le moine Richelieu: "mémoires, journal de ma vie". Il est moins intéressant que les 2 précédents, toutefois il est disponible gratos sur Gougle Bouks. Vous y lire comment le François s'amusait à Prague, chancelant de taverne en auberge accompagné par cette immonde ordure de "Hermann Christoph Russworm", maréchal de camp de Rudolf II, voyou notoire et opiniâtre querelleur, violeur de filles (cf. "François de Bassompierre, mémoires, journal de ma vie", p. 36) et gibier de potence qui finit dans les mains du bourreau en 1605 par ordre de l'empereur en personne. Mais vous y lirez encore comment Bassompierre joua à "la paume" contre le "grand Walestein" (Adam, feld-maréchal de Rudolf puis Haupthofmeister de Matthias, l'oncle de l'ordure Albrecht de Wallenstein) tandis que Rudolf les matait de l'oeil au travers "d'une jalousie", et pleins d'autres anecdotes truculentes qui dépeignent cocassement la ville et son empereur.
Et le fabuleux trésor de Rudolf me demanderez-vous? Dans la "Schatzkammer", Matthias trouva quelques 1400 Kg d'or en lingots et pièces, 3500 Kg d'argent, sans compter les pierres précieuses, les perles, l'orfèvrerie diverse... qui furent immédiatement utilisés pour divers besoins (le montant fut estimé à 17 millions de ducats d'or). La légende raconte qu'ensuite (en janvier 1612) Matthias se laissa enfermer pendant plusieurs jours dans la "Kunstkammer" afin de sélectionner ce qui valait le risque d'être volé et emporté à Vienne. N'oublions pas que selon la volonté de feu Rudolf, ses collections devenaient propriété de la famille habsbourgeoise, certes, mais indivisibles, inaliénables et indéménageables de Prague. Cependant sous la menace des Etats de Bohême qui réclamaient de façon véhémente des croûtes rudolfiniennes afin d'éponger les énormes dettes laissées par l'empereur défunt (cf. plus loin), certaines oeuvres d'art (fabuleuses) furent très rapidement transportées à Vienne par Matthias. Un autre frangin de Rudolf II, Albrecht VII (alors concierge du Benelux et du Portugal) prit également possession (en 1613) de certains objets de valeur afin de les revendre, et toucher du flouze liquide. C'est ainsi qu'une grande partie de ces 120 peintures (entres-autres des Titien, des Véronèse, des Raphaël et des Michelangelo) finirent chez Buckingham (le duc de, George Villiers, lisez d'art à gnan et l'étroit mousse queutèrent). Ferdinand III en rachètera une partie par la suite afin de les exposer à Vienne. En 1619, lorsque cette vile gouape de Ferdinand II fut destituée, les Etats se servirent copieusement dans les collections. Certains artefacts furent vendus afin de payer les dettes à Rudolf, d'autres furent offerts aux grands et aux puissants afin de s'attirer leurs bonnes grâces en ces temps d'instabilité politique, et d'autres encore furent "récupérés" par des fonctionnaires tchèques peu scrupuleux (rien de bien neuf sous le ciel de Bohême). Parenthèse: il est intéressant de signaler que nombreux artistes (mais pas seulement) qui travaillaient alors pour Rudolf ne furent que sporadiquement payés. En témoignent les nombreuses lettres de créances qui arrivèrent au château à la mort de l'empereur, lettres qui sont aujourd'hui religieusement conservées comme témoignages historiques (cf. l'inventaire des archives du château en PDF). On apprend ainsi qu'en 1614, Matthias ordonne aux Etats de Bohême de verser l'équivalent de 900 ducats en farine au boulanger de Rudolf pour solde de tout compte (numéro d'inventaire 729), verser sous forme de rente 2000 des 14500 ducats réclamés par "Ottavio Miseroni" (numéro d'inventaire 731), puis l'armurier (numéro d'inventaire 733), puis le pâtissier (numéro d'inventaire 734), même "Adrien de Vries" avait des créances (numéro d'inventaire 738). L'enfileur de perle "Hans Plumberger" dut être payé fort prestement en 1616 afin de couvrir ses propres créances et éviter la taule (numéro d'inventaire 758). Les dettes étaient tellement énormes, qu'après Matthias, même Ferdinand II (fumier) dut continuer le remboursement du trou financier (cf. la moitié des 13700 ducats toujours en suspend chez "Ottavio Miseroni", numéro d'inventaire 784). Mais de quoi vivaient-ils, les pauv' boug' qui travaillaient pour Rudolf me demanderez-vous? Ben chais pas. Mais retour à la dispersion du trésor.
Lorsqu'advint la grande défaite à la bataille de la Montagne Blanche (en 1620), le vrai pillage méthodique des oeuvres put commencer. Le premier à se servir fut Maximilien de Bavière (fumier), l'un des généralissimes de la bataille, et fondateur de la ligue catholique. Féru collectionneur et profiteur de la guerre pour enrichir gratos ses collections personnelles, il alla jusqu'à diriger ses armées vers les oeuvres d'art plutôt que vers les objectifs militaires, donnant à ses lieutenants des instructions sur les peintres, comment reconnaître leurs oeuvres et comment rapatrier ces trésors sous bonne escorte vers Munich. A Prague il dévalisa principalement les "Hans von Aachen", lequel du reste séjourna plusieurs années à Munich, y prit épouse et peignit même un portrait de "Wilhelm V", le père du pillard de Bavière. Un autre qui ne se priva pas de mettre la main profondément dans le trésor fut cet immonde prévaricateur de Charles de Liechtenstein (archi-fumier), alors gouverneur du pays (tchèque) et liquidateur des biens protestants (lisez la "Catala", ou comment les Liechtenstein se sont offerts un état en pillant la Bohême). Anecdote: les vrais cathos étant vraiment coincés, ils se débarrassèrent des tableaux... libidineux (cf. "Elišká Fučiková, Das Schicksal der Sammlungen Rudolfs II. vor dem Hintergrund des Dreißigjährigen Krieges" écrit: "Kaiser Ferdinand II [...] Die Bilder, die einen mythologischen oder allegorischen Inhalt hatten und ihm zu frivol erschienen [...]"). Et c'est justement, un bijoutier belge libidineux qui les acquit en 1623 (cf. "Elišká Fučiková" schreibt immer noch: "[...] wurden im Jahre 1623 an Juwelier Daniel de Briers verkauft."), mort de rire. En 1631, les saxons (protestants) occupèrent Prague, et une fois la paix en ville revenue, l'électeur Jean Georges (fumier aussi) se rendit personnellement au château de Prague. Là, il fit sa propre sélection de ça-oui et de ça-non, à la suite de quoi quelques 50 chariots à boeufs chargés comme des mules d'art divers prirent la route de Dresde. Cependant le vrai pillage dont j'ai déjà moult fois fait mention est l'oeuvre des Suédois, et en particulier de cette cupide hyène immonde de Christina ("Kristina") de Suède. A l'instar de Rudolf, amatrice des mêmes arts et curiosités divers, elle envoya à dessin "Kœnigsmark" (i.e. "Hans Christoff von Königsmarck") piller le château de Prague. Christina lui remit en main propre une liste du fourbi de valeur patiemment rassemblé par feu Rudolf, avec ordre de tout rapatrier sur Stockholm, à défaut en cas d'échec, de se pendre dans la rivière. "Kœnigsmark" arriva au château de Prague sans peine (après 30 ans de guerre, de dévastation et de répression habsbourgeoise), et le pauvre "Dionisio Miseroni" finit par lui refourguer les clés des coffres mais surtout les inventaires sans lesquels les Suédois seraient encore à Prague aujourd'hui à faire le tri entre ce que Christina voulait impérativement, et le fourbi oublié dans le grenier par les grand-mères. Lorsque tous les objets de la longue liste furent identifiés, rassemblés et précieusement emballés (les livres par exemple furent mis dans des tonneaux à maquereau, propre cependant), ce n'est pas moins de 150 chariots à boeufs qui prirent le bateau vers l'Elbe, puis vers "Dömitz" (frontière Sud du Mecklenburg), et enfin "Wismar" (alors comptoir Suédois) afin d'y passer l'hiver 48. Selon les experts, seul 1 tiers de ce que les soudards de la truie nidoreuse emportèrent arriva en Suède. Sur la route, nombreux objets considérés comme sans réelle valeur furent brulés pour se chauffer, au mieux bradés à bas-prix auprès des aubergistes et des filles de joie (un habitant de "Litoměřice" écrivit dans son livre nouvellement acquis qu'il l'obtint "d'un Suédoye foutroiment déguenillé"). Lorsque le butin arriva au port (de la truie) en juin 1649, cette dernière se tenait sur le ponton toute frémissante d'impatience, de froid et d'envie de pisser. Cependant elle fut déçue. Tellement déçue qu'elle en écrivit à son pote italien (grand amateur d'art également) "Paolo Giordano II Orsini" (duc de Bracciano) qu'elle échangerait bien toute la cargaison contre 2 Raphaël. Quelle conne, sans dec, tout ça pour ça? Elle devait bien se douter qu'entre 1612 et 1648 tout le monde s'était servi, principalement dans l'inestimable et précieux non? Lorsqu'elle abdiqua (elle était religieusement dérangée, lisez d'Alembert à ce propos, comment Descartes convertit la reine au catholicisme, le délire), elle n'emporta avec elle à Rome que très peu de croûtes. Principalement des Ritals: Raphaël, Véronèse, Corrège... au motif que "les aut' m'plaisent pas trop." Les Hollandais, les Germains, les Tchèques et les autres restèrent donc en Suède, où certains finirent en fumée en 1697 (au château de "Tre Kronor") puis encore en 1702 (au château de "Uppsala"). Tout ça pour ça? Parenthèse, en 1697, le fameux "Codex Gigas" faillit laisser ses peaux (de vélins) dans l'incendie de "Tre Kronor". Celui-ci se propagea à grande vitesse dans le château, et afin de sauver des flammes la bible du diable qui pèse 75kg, les sauveteurs jetèrent l'ouvrage au dehors par la fenêtre du 3 ème étage. Aujourd'hui encore, le plus grand manuscrit au monde porte les traces de cet incident. Et pour terminer, parce qu'il restait encore à Prague quelques oeuvres des collections rudolfiniennes 170 ans plus tard, Joseph II ordonna une mémorable vente aux enchères en mai 1782. Tout fut bradé à bas prix afin que ça disparaisse, car l'empereur éclairé avait besoin de suffisamment de place pour transformer le château (de Prague) en caserne militaire (heureusement que l'éclairé s'éteignit rapidement en 1790 avant d'avoir réalisé son dessein). C'est ainsi que le fameux "Rosenkranzfest" ("Růžencová slavnost") d'Albrecht Dürer partit pour la ridicule somme de... mais je vous en avais déjà parlé dans une précédente publie (aujourd'hui, l'original se trouve au "Šternberský palác", cf. mes photos). De même le fameux sextant de "Jost - Kepler", il fut vendu en 1782 comme porte manteau à un tailleur juif de la vieille ville (aujourd'hui, l'original se trouve au NTM). Ce qui ne fut pas vendu, fut jeté dans le fossé nord ("Jelení příkop" derrière la cathédrale) et une faible, très faible quantité finit dans les musées de la galerie nationale ou du château de Prague. Anecdote: au début des années 1950, les camarades con-munistes, qui étaient à l'art ce que le porc est à la confiture, firent transférer les oeuvres fondamentales du château à la Galerie Nationale. Quant aux autres oeuvres, elles furent mises à disposition du Comité National pour la culture, le peuple et le socialisme léniniste ("Národní kulturní komise"). "Ah ben ouais les gars, Heintz, Hoefnagel, Savery ou Holbein ça ne sonne pas comme une race de tracteur, un engrais à fumier ou une marque de cochon. Alors on en fait quoi?" Et parce que justement, les camarades rustiques se trouvaient face à l'identique problème avec la collection des "Colloredo-Mansfeld" au château de "Opočno", ils décidèrent de tout remiser en cet édifice, afin de décider du sort plus tard. Pis un jour vers 1962, l'historien d'art "Jaromír Neumann" commença à s'intéresser aux remises du castel, et découvrit qu'il s'y trouvait des croûtes praguoises supposées disparues. Après convainquage, insistage, dépoussiérage et restaurage, elles furent réexposées en 1965 et constituèrent le premier fond de la collection du château de Prague. Finalement n'après-tout, c'est peut être même grande chance que nombreuses oeuvres furent transportées à Vienne. C'est par exemple la collection d'estampes et de dessins de Rudolf qui servit de base pour le fameux "fond Dürer" de l'Albertina, le plus fabuleux musée au monde de ce type. Pis tiens, sur un total de 9 ou 10 peintures de Dürer au Kunsthistorisches Museum, 7 proviennent de la collection rudolfinienne pragoise. Enorme vous-dis je, énorme qu'elle était la collection d'à Rudolf... Et j'en étais où moi alors? Ah oui, le "majestätsbrief"...
Bien que signé sous la contrainte, d'une certaine façon, le "majestätsbrief" n'en était pas moins un document exceptionnel pour son époque. En effet, l'application de l'édit était individuelle (sur la personne) aucunement collective (sur les terres de...). Afin d'en défendre l'application, 30 "défenseurs" de la diète furent élus, 10 parmi chaque caste sociale (haute et basse noblesse, bourgeoisie). En août 1609, la Lusace et la Silésie obtenaient les mêmes droits que la Bohême. Et comme aucun des courants réformateurs comme catholique (y en avait qu'un de courant catholique, le papo-romano-catholique) n'avait une majorité absolue dans les assemblées, le royaume de Bohême devint pendant un temps un exemple d'exception européenne d'oecuménisme et de tolérance confessionnelle. Ca c'était pour la théorie. En pratique, cette exception irénique était des plus mal vues, autant par le pape (forcément) que par les princes (qui devaient accepter l'autre bord sur leurs terres), sans parler de tous ceux, qui n'avaient pas la moindre sympathie envers la pluralité et le libre arbitre. La suite, vous la connaissez, défenestration de Prague (en 1618), bataille de la montagne blanche (en 1620), et exécutions des 27 agitateurs (en 1621). Ferdinand II repris les choses en mains, en particulier le "majestätsbrief" de Rudolf qu'il tenta de rage de découper aux ciseaux. Mais le parchemin en bon cuir tanné de vieille bique résista solidement, et après s'être pété les doigts en forçant sur les lames, le furieux arracha le sceau royal qu'il jeta au feu afin d'ôter toute valeur légale au document (cf. mes photos). En 1627 la discipline fut ramenée par une nouvelle constitution ("Verneuerte Landes-Ordnung des Erb-Königreichs Böhmen"). Finit les Etats de Bohême et la diète: l'Habsbourg régnait seul par l'intermédiaire de son gouverneur. Finit la pluralité confessionnelle: le catholicisme de Rome régnait seul par l'intermédiaire de l'archevêque. Finit la noblesse et la bourgeoisie hérétiques: les indésirables furent chassés et leurs biens confisqués au profit des bons croyants. La Bohême en prit pour 300 ans de ténèbres sous la botte des Habsbourg (d'un pied) et celle du pape (de l'autre). Pour finir, je vous ai trouvé le texte intégral du "majestätsbrief" en Tchèque (super), sur le site du parlement. Malheureusement, et malgré que j'eus fouillé la toile comme un St Bernard les Alpes suisses en recherche d'un Ricola, nada, rien en une autre langue que la nostre. Sorry. A signaler enfin un ouvrage remarquable entièrement consacré au susmentionné document comme à son impact sur le monde d'à l'époque: "Geschichte der Ertheilung des böhmischen Majestätsbriefes von 1609, Antonín Gindely". Ah oui, en Allemand, super aussi. Et puis j'en termine là ma publie, parce que sinon j'la finirai jamais non plus, alors bonne nuit quand même.