L'histoire.
August Brill est un ancien critique littéraire, pensionné, qui a du mal à trouver le sommeil, une fois dans son lit.
Il faut dire que sa vie n'est pas facile : il vient de perdre sa femme et a perdu l'usage d'une de ses jambes. Il vit chez sa fille, Miriam, récemment divorcée de Richard et sa petite fille, Katya, laquelle a perdu son copain en Irak et culpabilise, pensant que ce dernier est mort par sa faute...
Pour occuper ses nuits bien moroses, August s'invente des histoires.
Cette nuit-là, il donne vie à Owen brick, un jeune magicien, qui se retrouve dans un trou, dans un monde identique au sien mais pas vraiment pareil dans lequel les États des USA se font la guerre pour réclamer leur indépendance et dans lequel le 11 septembre n'a jamais eu lieu...
Pour mettre fin à cette guerre, Owen n'a pas le choix, il doit tuer August, ce vieillard qui leur donne vie, dans sa tête...
Mon avis.!! Spoilers inside !!
C'est ma première rencontre avec l'écrivain, Paul AUSTER, un écrivain dont je n'ai entendu que du bien sur la blogosphère et je pense que pour une entrée en matière, j'aurais dû me concentrer sur l'une de ses premières oeuvres plutôt que de me jeter, les yeux fermés, sur son dernier roman en date.
Vous l'aurez donc compris, la rencontre entre Paul et moi n'a pas été la partie de plaisir, le grand frisson auquel j'espérais. Au contraire, dès les premières pages du roman, je me suis demandée où j'étais tombée et je me faisais la réflexion que j'avais bien fait d'emprunter ce livre à la bibliothèque : J'avais économisé 19,50 € !
Je ne suis pas non plus totalement négative car l'idée du livre, ce vieil homme qui s'invente des histoires dans des mondes parallèles pour contrer ses insomnies, était excellente. C'est donc avec plaisir que je lisais tous ces passages consacrés à Owen Brick et à ce monde parallèle en pleine guerre civile dans lequel il avait atterri. J'étais vraiment impatiente de voir comment cette histoire abracadabrante mais si prenante allait se terminer et surtout j'attendais cette rencontre entre Owen et August, cet homme qu'il devait tuer, ce vieil homme qui ne faisait qu'imaginer une guerre qui ne prendrait fin qu'avec sa mort.
Et alors ? Eh bien, je suis déçue... Car Auster, pour moi, n'a pas été jusqu'au bout de son idée, a refusé de confronter ses deux "héroïnes" en faisant mourir Owen, comme ça, si brusquement, au deux tiers du livre ! Quelle déception !
Donc, mis à part l'histoire de Owen, le reste du roman ne m'a nullement intéressée et m'a carrément ennuyée, c'est pour dire.
August raconte sa vie, ses désillusions, ses douleurs et aussi celle de sa fille et de sa petite fille. Je ne dis pas que ces histoires-là étaient sans intérêt mais elles se trouvaient pour la plupart entrecoupées dans le récit de Owen et je dois dire que j'ai réellement détesté être interrompue ainsi dans le récit qui me passionnait dans ce roman. Passer du coq à l'âne ainsi, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé et surtout pas ce que j'attends d'un bon roman.
La sortie du récit de Owen était trop brutale à chaque fois... surtout quand le paragraphe suivant commence par "Tout à coup, j'ai un besoin urgent de me vider la vessie" et les explications qui s'en suivent...
De même, le paragraphe où il explique qu'il regarde des DVDs avec sa petite fille, qui étudie le cinéma, et où il explique une des théories de cette dernière suite à la vision de trois films... On ne voit pas l'utilité de passer autant de pages là-dessus !
J'ai trouvé ce roman assez sombre concernant le personnage principal, August... Il y a eu des bons moments dans sa vie mais ça semble si loin, il semble si triste de sa vie actuelle, de celle de sa fille, de sa petite fille, c'est trop de douleurs d'un coup...
De plus, le roman ne se termine pas sur une note vraiment positive, juste la constatation que la vie est comme ça, que ce monde étrange continue de tourner... Quel contraste avec ma dernière lecture, les Yeux Jaunes des Crocodiles de Katherine Pancol.
Pour finir sur une note plus positive pour le roman, bien que le dernier tiers du roman ne concerne en aucun cas Owen Brick, je me suis laissée allée à écouter - à lire plutôt - le récit de la vie de ce vieux monsieur et principalement sa rencontre avec l'amour de sa vie, Sonia.
Niveau style, j'adhère pas vraiment au manque de tirets lorsqu'un dialogue se met en place. La narration continue, parfois sans qu'on se rende compte qu'un dialogue a commencé. Sans compter que la seule différenciation faite lors du changement de personnage, c'est le passage à la ligne !
je note cependant deux passages qui m'ont marqué :
Extrait n°1 (page 24) :
"S'évader dans un film, ce n'est pas s'évader dans un livre. Un livre vous oblige à échanger avec lui, à faire marcher votre intelligence et votre imagination, alors qu'on peut regarder un film, et même y prendre plaisir, dans un état de passivité décérébrée".
Extrait n°2 (page 83):
"(...) Car seuls les bons doutent de leur propre bonté, c'est d'ailleurs ce qui fait qu'ils sont bons. Les méchants savent qu'ils sont bons, mais les bons n'en savent rien. Ils passent leur vie à pardonner aux autres, mais ils ne peuvent rien se pardonner à eux-même"
Ce dernier passage est mon préféré, tellement il est vrai.
En conclusion, je donnerai une note de 6,00/10 (7/10 pour la trame narrative et 5/10 pour le style d'écriture).
Malgré que ce roman ne m'a pas entièrement convaincue, je pense continuer à lire Auster, peut-être en commençant par ses premières oeuvres ! Wait and see ;)
Seul dans le Noir de Paul Auster
Aux Éditions Actes Sud, 2009.
182 pages.
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