Bon, on va pas se le cacher, tout le monde le sait depuis des mois, Myspace c'est mort. Le site vit ses dernières heures, ce n'est plus qu'une ville fantôme où les flyers de 2008 viennent témoigner des derniers moments d'effervescence, où les profils sont encore décorés de filles de 16 ans qui se prennent en photo en plongée dans leur salle de bains, alors que la plupart a maintenant dépassé la vingtaine et clame sur facebook qu'elles n'ont jamais été emo. Bref, myspace est un vibrant témoignage des années 2004-2008, un musée des réseaux sociaux.
Et pendant qu'on vivait tous ensemble en parfaite autarcie sur myspace (comme maintenant sur facebook), que se passait-il en parallèle ? Myspace Music étendait son emprise sur la musique, ou, du moins, prétendait être l'endroit où tout devait se passer pour être connu, reconnu, écouté et peut être adulé. Tout le monde avait sa petite chanson sur son profil, glanée sur ces fameuses pages/CV de tous les groupes du monde, des grosses pointures, des musiciens du dimanche, des aspirants rock star, des chanteurs de bars, des Dj de chambre. Bref, tout le monde se côtoyait sur Myspace Music, le meilleur et le plus souvent le pire. En deux clics, on pouvait passer de la page de Timbaland a celle de DJ Moselle, une révolution.
En effet, une révolution: en quelques années, Myspace Music avait réussi a lisser et formater la communication et la vie d'un groupe. Tu veux qu'une maison de disques t'écoute ? Fais une page Myspace, recrute des friends, poste des bulletins et des flyers, fais monter tes écoutes, et peut-être que l'eldorado t'attendra au bout des friends requests. C'était la même chose pour tout le monde, sans Myspace point de salut. Et surtout du travail en moins pour les labels: il suffisait de prendre le top et on se cassait pas la tête pour recruter de nouvelles signatures. A se demander comment on faisait avant ?
Avant, et bien c'était dur. Seuls les groupes et les artistes valables arrivaient à passer le chemin des concerts de merde, des démos et des années de galère, ou alors il fallait vraiment avoir le tube et le piston pour le faire écouter. Pour être entendu par 1000 personnes en 1985 ou en 95, il fallait tourner pendant 1 an sans relâche, en 2005 il suffisait de cliquer une journée sans bouger de sa chambre. Forcément, grâce a Myspace, on a fait des stars avec des types qui n'auraient jamais du sortir de leur chambre, et qui surtout n'en seraient jamais sortis sans la facilité de ce site. Attention, je ne dis pas qu'il n'y avait que du mauvais, au contraire c'était assez extraordinaire d'avoir accès a tout ça, sauf que tout était nivelé, tout avait la même importance, et finalement on y a pas gagné grand chose.
C'est pour ça qu'aujourd'hui je suis autant excité à l'idée de la mort de myspace et de l'uniformisation de la communication des groupes qu'à l'époque où le site grandissait et qu'on croyait à une révolution pour la musique. La révolution, c'est aujourd'hui qu'elle a lieu. Le modèle de Myspace est mort. Sur Facebook, personne n'a envie d'être emmerdé par des groupes toute la journée, et plus personne n'est captif d'un réseau social orienté purement musique. Oui, c'est la révolution, car il faut de nouveau se creuser la tête pour faire parler de sa musique. Le côté systématique profil / friends / nombre d'écoutes / bulletins est terminé. Aujourd'hui il faut aller à droite et à gauche sur des blogs, les sites de passionnés, séduire ceux qui écrivent, leur donner envie de parler de sa musique, leur donner envie de passer l'info, être inventif et être bon pour qu'on parle de soi. La promo à la chaîne c'est terminé. Il faut remonter sur scène, il faut écrire de bons titres, on ne peut plus compter sur le fait que des millions de gens vont se balader sur Myspace et tomber sur sa page ultra bling bling qui clignote. Plus personne ne va s'amuser à ça, simplement parce qu'on ne vit plus sur cette plateforme, on y passe simplement voir les pages des groupes dont on entend parler ailleurs. On explore plus le site parce qu'on a entendu un titre sur la page de son pote.
Donc voila, peut-être qu'on va revenir a une façon plus créative de faire parler de sa musique, peut-être que ça va être plus difficile de faire converger les gens vers sa page/CV/bio et vers sa musique, mais tant mieux, car ça nous épargnera aussi énormément de merdes qu'on avait pas envie d'entendre. Peut être aussi que ça va permettre de restreindre un peu le nombre d'artistes qu'on écoute chaque mois et redonner de la valeur à ce qu'il font, simplement parce qu'on sera moins bombardé qu'on ne l'était en 2006 quand chacun de nos 20000 friends avait un groupe différent à nous faire écouter sur sa page : le nouveau super groupe d'hier, déjà mort demain, celui la même qui fait de la promo sur la page d'un autre groupe qui est en train de poster un flyer sur la page de ce même groupe, alors que nous, simple auditeurs sommes déjà ailleurs.*
Bref, Myspace est mort, vive la musique.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 05 novembre à 01:24
Myspace est moins convoité car il y a facebook c'est une chose, mais le fond du problème n'est pas la place de la musique, mais la place du profil. Une personne qui boude myspace pour dire "oui myspace c'est nul, c'est pourri, facebook c'est trop bien" j'en ai entendu à la pelle. Et c'est vrai que facebook c'est pas mal, mais les gens se sont approprié myspace à l'époque comme page profil pour y faire quoi ? rien. Alors que justement myspace était destiné aux personnes montant des projets, musique, graphisme, etc... Le problème c'est que aujourd'hui même sur facebook il y a de la pub, pour des soirées, des applis qu'on a pas demandé qui te montre que tu as 3 points cool. etc etc. Les gens peuvent tjrs migrer vers de nouveaux réseaux sociaux, mais ceux qui font des profils pour rien sur ces réseaux sociaux se feront tjrs bouffer par ceux qui montent des projets.
Perso je suis un peu nostalgique de la grande période myspace mais j'y vais encore pour trouver de nouveaux groupes musicaux car dans les blogs aussi ya bcp de merde et c'est finalement très réduit.