De la place du Puits des Bœufs au Rocher des Doms.
Le
nom date de l’époque où les papes vivaient à Avignon et avaient fait
construire cette grande maison qu'on appelle "le Palais des Papes".
Avant cela, la place n'existait pas puisque la ville
était tassée autour du Rocher.
Il
y eut sept papes avignonnais du 195ème
au 201ème (voir le message précédent: Les Papes d'Avignon).
La porte du Palais. Elle s'ouvre pour laisser entrer le flot de spectateurs pour les pièces dans la cour d'honneur.
Le
Palais que l’on peut admirer
actuellement a surtout était construit sous les pontificats de Jean XXII et de
Clément VI. C’est ainsi qu’on appelle Palais Vieux le palais de Clément V et Palais
neuf, celui de Jean XXII. Au
début, il n’y avait qu’un palais, le Petit Palais, qui était la demeure des Archevêques. Lorsque le premier pape,
Clément V, arriva le 21 mars 1305 dans la cité, il choisit d’installer sa
résidence dans le palais de l’évêque qui se trouvait près du Rocher, en plein centre de la ville construite sur les pentes de cette
colline avignonnaise. Le lieu était idéal pour lui. C’est donc sur les terrains
de l’ancien évêché, ainsi que sur les terrains avoisinants, que les papes
suivants agrandirent successivement le Palais des Papes. Le Petit Palais,
devenu palais épiscopal, subit des transformations en même temps.
Le Palais vieux est à l’ouest de la place, près de la Basilique Notre-Dame des Doms et se compose d’un cloître, d’une chapelle et de deux énormes tours, celle de la Campane et celle de Trouillas. Les archives départementales sont conservées dans une grande partie de ce palais vieux. La chapelle Benoît XII compte près de deux kilomètres et demi d’archives ; la tour Trouillas contient quant à elle onze étages d’archives, notamment les registres de notaires du Vaucluse.
Le palais des congrès est également installé dans une partie de l’aile des Familiers et dans la salle du Conclave. Ces parties sont exclues lors de la visite du Palais des Papes, mais leurs portes sont parfois ouvertes pendant les journées du Patrimoine.
Le Palais Neuf, qui a toute sa façade au sud est beaucoup moins austère que le vieux et de dimension plus importante. Les autres papes se contentèrent d’effectuer des « travaux ». Le palais est considéré par certains comme une des plus grandes habitations et par d’autres la plus belle !
Aujourd’hui, en plus de l’histoire qu’il renferme, il abrite régulièrement des expositions parfois brillantes.
La présence des Papes dans Avignon a fortement marqué les influences artistiques, religieuses et politiques. Le Palais qui est leur œuvre est l’un des atouts principaux de la renommée universelle d’Avignon avec le pont Saint-Bénézet, dont le monde entier connaît la chanson que l’on fredonne dès l’enfance. Lorsque nous arrivons du Gard, par les ponts du Royaume et Dalladier, à l’heure où le soleil colore d’or les vieilles pierres, nous continuons d’être émerveillés par la vue que nous offre cette immense bâtisse par-dessus les remparts en face de nous et le pont, symbole de la ville, qui arrête sa traversée au milieu d’un des bras du Rhône. La place du Palais est une des plus belles du monde et elle figure parmi les sites classés par l’Unesco. Le Palais des Papes d’un côté, l’Hôtel des Monnaies et la richesse excessive de sa façade en face, au fond la belle perspective renaissance du Petit Palais et en haut, le Rocher dominé par la basilique Notre-Dame des Doms. L’ensemble sous le regard de la vierge de la cathédrale qui vient juste d’être redorée et qui s’illumine au plus léger rayon du soleil. Le Palais des Papes possède sept tours : au nord la tour Campane surmontée par la cloche de l’évêque, à l’est les tours Trouillas, Saint-Jean, des Anges et Saint-Laurent, à l’ouest la tour de la Gâche (provençal gacho qui signifie guet) et la tour de la Cloche d’Argent.
Après le départ des papes, le palais eut des utilisations différentes. Il accueillit l’armée pendant de longues années jusqu’à ce que Paul Pamard, alors maire d’Avignon, demande, par une lettre du 1er mai 1860 adressée à l’Empereur Napoléon III, la libération de ce monument. Le 15 janvier 1901, la ville et l’État signent une convention. Avignon pourra récupérer le Palais Neuf si la ville construit une caserne. En 1906, le Palais est libéré de ses soldats qui s’installent à la caserne Chabran. La caserne Hautpoul existait déjà mais était devenue insuffisante. Et les travaux de restauration du Palais des Papes n’ont pas cessé depuis cette période. La place du Palais servit de décor en 1922 et 1923 à des troupes théâtrales. Une fois devant le Petit Palais, et l’année suivante devant le Palais des Papes. Enfin, le 4 septembre 1947, une nouvelle manifestation culturelle est inaugurée : la Semaine d’Art au Palais des Papes. Jean Vilar monte la « tragédie de Richard III » de Shakespeare qu’il crée spécialement pour cet événement. C’était le début du Festival d’Avignon dans la cour d’Honneur du Palais des papes. Excepté l’année 2003, où les intermittents du spectacle, pour faire entendre leurs problèmes, ont voté l’annulation de nombreux festivals, la cour d’Honneur propose chaque année des créations à tous les amateurs de théâtre.
La place du Palais fut même le lieu des exécutions capitales et le billot était dressé devant les murs du Palais ; plus tard, ce fut un gibet qui décorait la place puis la guillotine qui trônait au milieu de ces murs historiques. Pendant la guerre de 1939 à 1945, le Palais fut aussi un abri lors des bombardements et il y eut deux alertes dans la même journée du 6 août 1944, la première à 9h40, l’autre à 18h15.
L’Hôtel
des Monnaies est le premier monument baroque
de la ville. Il a été construit par Jean-François de Bagni de 1614 à 1621. Suite à la
destruction des archives de la vice-légation, on ignore tout de ce Bagni.
Notons sur la façade presque aveugle (seul le rez-de-chaussée a des ouvertures) les
armoiries de Paul V surmontées de la tiare pontificale portée par des anges.
C’est tout un hommage à la famille Borghèse dont Paul V faisait partie, mais
également le cardinal en titre à Avignon, appelé Cardinal Borghèse de son vrai
nom Scipion Caffarelli. Des aigles sur le toit,
d’énormes guirlandes de fleurs et de fruits, donnent à l’ensemble de l’édifice
le style italien. Pendant la Révolution, l’Hôtel des Monnaies devint le logement du commandant
et des cavaliers de la marée-chaussée. Aujourd’hui, il abrite les cours du
Conservatoire de Musique de la ville.
L'Hôtel des Monnaies
Le Musée du Petit-Palais : il fut construit par le Cardinal Arnaud de Via à partir de 1323 sur la vaste demeure du Cardinal Berenger Frédol l’ancien, lui-même ayant fait sa maison de 1318 à 1320. Arnaud de Via agrandit la maison en achetant les immeubles voisins. Benoît XII y transfère le siège épiscopal. Après le départ des papes, le Petit Palais eut divers occupants jusqu’à ce qu’il fut racheté par Julien de la Rovere, futur pape Jules II. Il habilla le bâtiment de deux nouvelles façades de style renaissance italienne. En 1487, il avait ajouté une tour qui s’effondra en 1767. Puis il devint Petit Séminaire au XIXe siècle et le 1er janvier 1910, école professionnelle et technique jusqu’en 1958, date de son transfert, route de Tarascon. Il faut attendre 1976 pour qu’il devienne le Musée qu’il est aujourd’hui. Le sigle qui symbolise le musée est la feuille de chêne de Julien de la Rovere. On le voit au-dessus de la porte ainsi que les armoiries.
La porte des Champeaux est aujourd’hui l’entrée principale du Palais des Papes. Les deux tourelles ont été reconstruites en 1933.Devant les deux tourelles du Palais se trouvait la place des Cancels : petite place située devant la première porte du Palais et appelée ainsi à cause des barrières (cancelli) qui l’entouraient. Il existait aussi la rue Champeaux : une des ruelles qui se trouvaient au milieu des petits champs (campelli) devant le Palais des Papes et où les merciers exposaient leurs étalages les jours de marché.
Toutes les maisons qui bordent le côté ouest de la place ont leurs façades inscrites à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.