Les camps d’entrainement du football universitaire québécois débutent ces jours-ci et nous avons cru bon de nous informer des Carabins et du reste de la LFUQ. Comme nous manquons un peu de place dans nos têtes pour connaitre la ligue en profondeur, nous nous sommes tournés vers des connaisseurs: les Deux Fans du site Allez les Bleus! Voici donc notre échange sur les susmentionnés Bleus, le Rouge et Or et l’état de la LFUQ en général.
6VB: Quand le programme des Carabins a été fondé en 2002, bien des gens (nous les premiers) s’attendaient à ce que ceux-ci détrônent le Rouge et Or assez rapidement. Comment se fait-il que huit ans plus tard, les Carabins sont encore médiocres alors que Laval est toujours au sommet?
Deux Fans: La première année du programme de l’U de M s’amorça avec une fiche de 0-8. Deux ans plus tard, les Carabins terminèrent la saison avec une fiche de 8-0. Possiblement la plus rapide intégration réussie d’un programme de football au Canada. La rivalité avec le Rouge & Or venait de naître mais malheureusement elle demeure naissante depuis ce temps.Pourquoi? Question pertinente qui a fait l’objet de discussions passionnées entre les Deux Fans et une pizza extra-anchois. Les Carabins se sont toujours appuyés sur une défensive étanche (particulièrement à la ligne défensive) et une solide attaque au sol (ils terminent presque toujours avec le meilleur porteur de ballon de la LFUQ). Cependant, ceci étant du foot canadien, le manque de jeu aérien handicape les Bleus lorsque leurs adversaires réussissent à contrer le jeu de course. Cela survient à l’occasion étant donné la prédictibilité du choix de jeu. Donc le R & O a resserré sa défensive et ses unités spéciales tout en s’appuyant sur les quarts Benoit Groulx et César-Roberto Sanchez pour une attaque aérienne dynamique, semant toutes les équipes de la LFUQ sur à peu près tous les plans. De plus, avec l’addition récente du meilleur botteur de précision et de dégagement de la LFUQ (possiblement le meilleur de l’histoire de la ligue), Christopher Milo et l’émergence de Sébastien Lévesque comme porteur de ballon, les bicolores dorés ont accru cette supériorité.
6VB: L’avantage de recrutement du R&O est-il vraiment si grand? Est-ce l’argent de Tanguay qui fait la différence?
Deux Fans: Leur recrutement s’appuie principalement sur deux solides mamelles:
1 -Un camp d’entrainement en Floride qui est attrayant pour des jeunes de 20 ans qui parfois n’ont jamais voyagé.
2- Jouer devant des foules en liesse de 15 à 18 000 personnes et devenir une vedette reconnue est assurément grisant. La nouvelle du recrutement de Frederic Plessius de retour des États-Unis a fait une page des sports du Journal de Québec récemment. À Montréal, personne ne sait de quoi on parle… À Montréal, à l’exception de quelques cours universitaires, on ne croit pas que quiconque n’ait jamais reconnu Yves Bériault. Ce faisant, en plus d’attirer les meilleures recrues provenant de Québec, Chicoutimi et la Beauce, ils viennent piger, selon leurs besoins précis dans le réservoir montréalais: Groulx de Laval, les frères Surprenant de Farnham, Chris Milo de Mtl, Samuel Fournier de St-Jean, etc… Et la raison invoquée par tous les joueurs se commettant pour Québecc : «Gagner la Coupe Vanier», une certitude pour n’importe qui faisant un séjour de 4 ans dans la Vieille Capitale. Rappelons que Quebec City a gagné 4 des 6 dernières Coupes Vanier! Le football étant essentiellement un sport d’équipe, les meilleurs talents individuels peuvent parfois ne mener à rien, ce que nous amène à l’autre raison: Glen Constantin et ses instructeurs adjoints…Sans dénigrer ceux de Montréal, il semble que ceux de QC sont un pas en avant, non seulement de ceux des Carabins, mais également des autres équipes de la LFUQ, autant au niveau du recrutement que des stratégies de jeu et de motivation. Plusieurs experts de football universitaire canadien avancent l’hypothèse que Glen Constantin serait le meilleur instructeur de football au Canada, toutes ligues confondues. L’argent des Tanguay, on trouve que c’est l’excuse facile… Où ç’a aidé, c’est dans la popularité du foot à Québec et l’attrait que ça exerce auprès des finissants de CEGEP. Mais pour le reste…
6VB: Cela dit, il est clair que c’est grâce à l’argent des Tanguay que le Rouge et Or se paie un camp en Floride… Y a-t-il des règlements sur les «goodies » qu’une équipe peut offrir à une recrue potentielle, comme dans la NCAA?
Deux Fans: Ce n’est pas directement l’argent des Tanguay, mais plutôt celle de la corpo du R & O. Un calcul rapide : 6 matches à 15 000 personnes avec des dépenses de 25$ chacune, plus les commandites. On est au minimum à autour de 3M d’entrée d’argent annuellement. Ça doit être trois fois plus d’argent que la 2e au pays. Chaque université canadienne possède son programme de bourse d’études qui souvent combine l’académique (ce sont d’abord et avant tout des étudiants) et le sportif. Au Canada, les bourses ne peuvent excéder les montants requis à l’inscription aux cours. (Dans la NCAA, on peut y ajouter les frais de subsistance et de logement). Cette partie de l’équation semble dans le domaine du très confidentiel. Notez que les bourses s’étendent à l’ensemble des sports d’élites universitaires, et souvent les universités tentent de les attribuer également à leurs élites féminines et masculines. Légalement, c’est tout ce que les règlements permettent aux universités canadiennes d’offrir… D’ailleurs, c’est la raison majeure pour laquelle Simon Fraser University (SFU) quitte la SIC pour la NCAA.
6VB: On veut bien croire que Laval a l’avantage pour ce qui est de recrues de Québec et de la Beauce mais ce bassin doit être minime comparé au vaste réservoir de talent de la région de Montréal…
Deux Fans: N’oubliez pas qu’il y a plusieurs preneurs pour les joueurs montréalais. Pour vous donner une idée de la croissance du football en général au Québec, en 1994, il y avait entre 7000 et 8000 joueurs inscrits à Football-Québec, l’an dernier, ils étaient autour de 25 000. De plus, les nouveaux programmes scolaires annoncés sont souvent en région où le football n’avait jamais véritablement percé. Qu’on pense à Sherbrooke où le CEGEP de l’endroit à remporté les deux derniers championnats de football AA, pourtant Sherbrooke n’avait jamais eu de football de haut niveau (sauf chez les anglos). Et les succès du R & O amènent une émulation chez les jeunes qui veulent devenir comme leurs idoles qu’ils voient évoluer au PEPS. Il s’agit d’aller à un match à Québec pour voir les jeunes se pratiquer dans les terrains adjacents. D’ailleurs, le championnat collégial AAA a été remporté par les Élans de François-Xavier-Garneau (de la région de vieille capitale) l’an dernier.
6VB: En regardant le piteux état du programme de McGill et en présumant que Sherbrooke et Montréal vont continuer à s'améliorer, n'y a-t-il pas un danger que les autres programmes anglophones tombent en décrépitude rapidement? On ne voudrait pas une ligue à trois équipes...
Deux Fans: Concordia (ConU pour les intimes) possède un des programmes de football les plus solides au Québec, d’ailleurs plusieurs de ses ex-joueurs évoluent dans la CFL. En plus de recruter principalement dans le riche bassin anglophone du Québec (et on sait que le football a toujours été populaire chez les amateurs de Mordecai Richler), coach McGrath va toujours recruter quelques éléments exceptionnels chez nos voisins ontariens. Ainsi donc, leur meilleur joueur à la défensive et assurément un choix au prochain repêchage de la CFL, Corey Greenwood LB provient de Kingston, ON. On vous rappelle que les Piqueurs (pour les intimes) ont constitué les finalistes à la Coupe Dunsmore (champion de la LFUQ) les 3 dernières années. Les Gaiters de Bishop’s s’approvisionnent principalement chez les joueurs ayant évolués avec les Cougars de Champlain-Lennoxville et un paquet incroyable de joueurs provenant d’un peu partout au Canada voulant combiner leurs études universitaires et du football de haut niveau dans une ambiance et un campus très «college». C’est ainsi qu’ils ont pu s’adjoindre les services de Jamall Lee (Port Coquitlam, BC) et de James Yurichuk (Brampton, ON) qui ont quitté respectivement pour la NFL et la CFL ce printemps. Les Gaiters ont poursuivi leur recrutement avec autant de succès cet hiver. Rappelons que Bishop’s a battu ConU lors de leur affrontement la saison dernière. Le cas qui rend vraiment ta question pertinente est l’Université qui a pratiquement inventé le football, soit McGill. Depuis le scandale des initiations, McGill n’a plus jamais été dans le coup. Cette année, avec le départ de leur QB Matt Connell et du receveur avec le plus de réceptions Erik Galas, disons que la reconstruction qui se déroule depuis 4 ans va encore se poursuivre. Leur recrutement laisse présager des joueurs moyens, mais à l’exception de quelques recrues hors Québec que l’on ne connait pas réellement, il est fort probable qu’ils terminent la saison avec une fiche de 0-8. On est d’accord avec vous que si McGill ne veut plus suivre la parade au football, qu’ils laissent la place à d’autres. Il y a eu des rumeurs d’un programme à Chicoutimi(UQAC), mais l’UQTR et UQO (Gatineau) ont aussi un stade qui pourrait accueillir une équipe de football. Il ne resterait plus qu’à établir le programme...
6VB: Les matches de la LFUQ seront télédiffusés par la SRC plutôt que par RDS cette saison, croyez-vous que ce changement aidera à mousser la popularité du circuit?
Deux Fans: Cela améliorera certainement la situation, étant donné que RDS (Réseau des Séraphins) ne faisait absolument aucune promotion du football universitaire. De plus, RDS diffusait en définition standard et assurait une couverture minimale. Ce ne sera tout de même pas le Klondike mais on espère que Radio-Can assurera une meilleure visibilité. Une diffusion HD et le fait que le foot sera à la télé de base devrait générer une augmentation de 20% des cotes d’écoute.
6VB: En terminant, est-ce que quelqu’un a une chance de détrôner le Rouge et Or cette saison?
Deux Fans: Pour le championnat de la saison régulière, on ne le croit pas. Mais on croit que les Bleus réussiront à leur faire plier les genoux à leur affrontement du 3 octobre au CEPSUM. Ce qui n’est tout de même pas de la petite bière étant donné que Laval est invaincu au Québec depuis la 2e greffe de cheveux de Réjean Tremblay. Pour le reste, il est toujours possible qu’un ou deux de leurs joueurs clés se blessent, que leur ligne offensive (qui manque de profondeur) ne bloque pas adéquatement…Il se peut qu’il finissent par être victimes d’overconfidence mais Constantin semble excellent pour éviter cela. On se sent coupable, on n’a pas parlé de Sherby, qui a une bonne équipe également, mais maintenant, c’est fait. En passant, ne vous gênez pas pour venir au meilleur match de l’année le 3 octobre, et le Tailgate (BBQ inclus) avant la partie va être mémorable. Le match va être à guichet fermé, alors plus on y met de partisans des Carabins, moins ça laisse de place aux nostalgiques des Nordiques de nous envahir.
Un gros merci à nos amis d’Allez les Bleus, on vous recommande fortement de les visiter pour vous mettre à jour sur les activités des Carabins et de la LFUQ. La saison débute le jeudi 3 septembre avec un match Redmen-Carabins au Cepsum. Le premier match à la SRC aura lieu le 6 septembre à 14h, ce sera un rematch de la Coupe Dunsmore entre Concordia et Laval. Pour ceux qui sont intéressés à vivre l'expérience en personne, il y a généralement des matches le vendredi soir (Sherbrooke), le samedi après-midi (Mtl, ConU, Bishop's, McGill) et le dimanche après-midi (Laval, bonne chance pour les billets!)
Merci à Dom Bernier pour la photo.