L’imagination scientifique française :
une pensée de l’anomalie.
En dépit de près d’un siècle de création et des milliers de textes susceptibles de lui être rattachés, la littérature d’imagination scientifique ne bénéficie pas, à la veille de l’apparition de sa rivale anglo-saxonne, d’une reconnaissance suffisante pour constituer un modèle d’écriture alternatif à celui de la science fiction. L’imagination scientifique, ni catégorie éditoriale ni mouvement littéraire, n’existe que comme accumulation aléatoire de récits qui ne sont ni réalistes ni fantastiques et dont les différentes modalisations, depuis l’aventure coloniale jusqu’à la méditation métaphysique, ne se prêtent guère au regroupement. En regard de cette littérature constituée essentiellement par des caractéristiques négatives, la science fiction américaine a, aux yeux des lecteurs et éditeurs français, tous les traits d’un « genre » constitué. Sa cohérence est assurée par une appellation et des thèmes communs, un point de vue et des idées globalement convergentes sur la science…