Merci Dominique [1], merci Mickaël [2]... Merci d'avoir levé une partie de mes craintes (Mais il va en falloir plus, désolé) sur mon avenir chez les Verts... La tribune parue sur Médiapart le 17 août [3] m'a remis un peu de baume au coeur... Si, sincèrement.
Explications de texte :
D'abord le titre : "L'écologie pour transformer la gauche"... On voit 2 mots que j'avais trop pris l'habitude de voir en antagonisme dans la bouche de mes camarades. "Gauche" et "écologie". Pour peu qu'on pense que le nucléaire n'est pas la solution, que le train est un bon moyen de transport et que le bio doit devenir majoritaire dans nos cultures, mais aussi que la pauvreté est une conséquence du capitalisme, que la production de richesses ne peut aller sans redistribution équitable et que les émigrés doivent voter aux élections locales, je me demandais où j'allais atterrir. Le parti de gauche de Jean Luc Mélenchon, rejoint par Martine Billard il y a peu me fait les yeux doux, mais m'allier purement et simplement avec les Communistes, chantres du productivisme et du nucléaire me fait un peu mal.
Juste derrière, on trouve l'essentiel de l'article en 2 phrases : "les écologistes ne peuvent pas « se contenter de disputer [aux socialistes] la place de premier parmi les perdants » tout comme ils « n'ont pas le droit de se désintéresser de la nécessaire refondation de la gauche »." Eh oui, on peut toujours crier "victoire aux Européennes !", dans la perspective d'un parti Verts toujours à gauche [4], on ne peut se réjouir simplement de notre victoire, mais il faut aussi [5] s'attrister des résultats des forces de gauche en Europe. Depuis quelques temps, on a l'impression que les Verts ont quitté le giron de la gauche (Forces de progrès social) et ont sacrifié sur l'autel de la victoire européenne, les bases d'un engagement humain et social. Exit l'ancrage [6] à gauche de 1995 ? Exit l'héritage du combat de Dominique Voynet contre les "ni ni" [7] ? Exit le "L'écologie n'est pas compatible avec le capitalisme ..." ?
Continuons...
Sans doute bon nombre de sympathisants de gauche, au soir des élections européennes du 7 juin, ont-ils éprouvé des sentiments mêlés. De joie évidemment, pour celles et ceux qui espéraient ce rebond des écologistes. D'inquiétude aussi, face à l'écroulement — en France et en Europe — des socialistes et sociaux-démocrates. Car pour qui demeure soucieux de l'Histoire et des valeurs de la gauche, quels qu'aient été les manquements de celle-ci à ses promesses, un tel effondrement n'est pas une bonne nouvelle.
Tout juste. En plus de mes craintes de dérives droitières (Toujours en court) de la part d'Europe Ecologie, l'effondrement des partis de gauche gouvernementale a été un coup de semonce. Comment ne pas s'interroger sur cette chute des partis de progrès au bénéfice des partis conservateurs, voire très conservateurs ? On peut l'expliquer objectivement : non concordance entre les discours et les actes, raidissement des mentalités en temps de crise, émiettement des forces de gauche, absentéisme fort, ... Oui, mais quand même...
La tentation de ne voir dans l'échec qu'un accident semble écartée. C'est déjà un point d'appui. Il s'est passé quelque chose le 7 juin, qui ne tient pas simplement au succès d'un homme [8], d'un casting [9] ou d'une stratégie, si justes qu'ils aient été ; quelque chose qui trouve ses racines dans les combats écologistes des trente dernières années, les alertes et les coups de semonce, la conscience plus grande de la vulnérabilité de notre monde et du destin commun de ses habitants. Les écologistes ne se sont pas contentés de kidnapper, ce jour-là, le désarroi d'électeurs privés de repères ; ils ont récolté une part, venue à maturation, de ce qu'ils sèment depuis longtemps.
Oui, mais pourtant. Je reste néanmoins dubitatif... Et dans l'attente... Je voudrais que cela se prouve dans l'avenir. Je ne suis pas un expert politique, mais j'ai peur que le transfert de voix d'âmes égarées du PS, des autres partis de gauche ne suffisent pas à contrebalancer les transferts de voix de la droite (Modem et autres), dans mon coeur intolérant... Si des proches du Modem ont pu voter Europe Ecologie, c'est que le discours de rupture avec le capitalisme n'était pas si clair que cela. Et le front anti Barroso prôné par Cohn Bendit ne suffisait pas... Surtout pour le résultat probable ! Et pour contredire Alexis Prokopiev sur son blog [10] :
Les grandes victoires sont du côté de la France, de la Belgique, du Royaume-Uni et un peu de la Grèce qui a réussi à avoir un député vert européen . Dans les trois premiers cas, la campagne a été menée en mettant l'accent sur des idées « progressistes » , plutôt de la gauche du 21ème siècle qui regarde vers l'avenir même si elle n'oublie pas ses origines ouvrières (dixit Cohn-Bendit). Résolument anti-conservateurs, Europe écologie et Ecolo ont fait de grosses percées dans les urnes.
Je pense qu'Europe Ecologie a surtout bénéficié d'un courant de gauche provenant des militants Verts de terrain, qui ont insufflé des propos et des idées liés à une culture militante de gauche. La victoire vient du rassemblement, certes, mais probablement pour beaucoup des Verts de gauche ! Quant aux convictions de Dany sur le non oubli "des origines ouvrières", je reste encore plus perplexe !
Lucides, nous mesurons ce que ce succès peut avoir de fragile. Nous nous gardons bien de moquer les difficultés du premier parti de gauche. Nous comprenons, pour l'avoir éprouvée, la douleur de la défaite. Elle ne justifie, ni les commentaires ironiques sur « le bio et les radis », ni les mises en garde contre les archaïsmes dont l'écologie serait porteuse. Reléguer au rang d'amusements exotiques les diagnostics — justes — que les écologistes ont longtemps portés seuls, n'est pas seulement injuste et exaspérant. A l'heure où les milieux d'affaire retrouvent les comportements « d'avant la crise », à l'heure où les diverses familles de la droite se rassemblent avec l'ambition affichée de parachever leur main-mise sur le pays, céder à cette facilité n'aide en rien les socialistes à se hisser au delà de leur propre désarroi.
Rooo... C'est bon ! Un peu d'humilité, ce que nous avions perdu depuis le 7 juin. Et surtout, une attaque en règle contre les dominants du libéralisme et de la droite, qui ne tiennent pas compte de ce qui vient de se passer. De bons propos clairs, nets, engagés et sans ambiguïtés...
Prendre la mesure du défi consiste d'abord, pour les uns et les autres, à admettre une communauté de destin politique. Chacun de leur côté, jouant les uns contre les autres, ni les écologistes ni les socialistes ne pourront prétendre conquérir une majorité dans les urnes. Les citoyens, dont nous — écologistes et socialistes — prétendons porter les aspirations, ne veulent pas d'une compétition où nous nous disputerions simplement la place de premier parmi les perdants.
Nickel ! Parfait ! Super ! Rien à dire... Le but n'est vraiment pas de savoir qui sera le premier parmi les perdants, mais comment peut on devenir les gagnants au bénéfice de tous !
[...] aux socialistes, qui doivent comprendre qu'ils ne peuvent plus prétendre seuls au gouvernement de la gauche ; convoquer, l'air de rien, les formations de gauche pour les inviter à la constitution d'une très hypothétique maison commune ; et résumer l'union de la gauche à l'alignement de tous sur le projet d'un seul, amendé de quelques ornements identitaires concédés aux plus petits pour que passe la pilule de l'hégémonie du plus gros.
On le dit depuis quelques temps... Il faut marcher ensemble, mais sans gommer les spécificités des "petits". Le Parti Socialiste, comme tout être (un temps) hégémonique ne sait pas parler avec les autres sans leur dire comment penser et faire. Et pourtant, le PS est le parti naturellement allié des Verts, parce que même si nos relations ne sont pas toujours faciles, c'est bien nos deux partis qui feront que la France bougera dans le bon sens...
Les écologistes, quant à eux, n'ont pas le droit de se désintéresser de la nécessaire refondation de la gauche. Comment le nier ? La tentation de bâtir une citadelle victorieuse au premier tour, pour se désintéresser du second et de la constitution de majorités de gouvernement, existe. Nous n'entendons pas y céder : si les écologistes ont l'intention de porter, lors du premier tour des élections régionales, leur propre projet, c'est parce qu'ils considèrent que le gouvernement des régions par les majorités de gauche qui se constitueront au second tour sera d'autant plus efficace que l'impératif de transformation écologique aura été porté haut et fort au premier tour. Il ne s'agit donc pas d'isoler dans sa pureté un message qui serait corrompu s'il s'additionnait à d'autres, mais de permettre aux électeurs de dire quelle dose d'écologie ils veulent intégrer à un projet de gauche, capable de répondre aux désordres du monde.
Oui, tout à fait. Outre le rappel (sous entendu) à certains, il est évident que les valeurs écologistes doivent avancer dans le programme de la gauche. Sauf que j'ai des craintes sur certains premiers tours régionales, ma région la première, qui est une cible privilégiée de la droite ! [11]
Si écologistes et socialistes savent entendre ces leçons, nous serons en droit de penser qu'il reste un chemin praticable pour l'emporter en 2012. Ce nouveau visage de la gauche n'a rien de certain. Mais c'est « l'audace même de la tentative », pour reprendre les mots de Jean Jaurès, qui pourra faire son succès.
Des Verts qui citent Jaurès, certains vont faire une attaque... Que ce soit au PS ou chez les Verts ! :-)
C'est la condition d'une véritable fidélité aux promesses, aux valeurs et aux aspirations fondatrices de la gauche, qui ont mobilisé dans le monde et dans l'Histoire tant et tant de volontés. Une écologie populaire, audacieuse et responsable, pour prolonger les espérances du siècle dernier dans notre siècle [...].
Belle conclusion !
[1] Voynet, sénatrice de Seine-Saint-Denis, maire de Montreuil
[2] Marie, secrétaire national adjoint et trésorier national des Verts
[3] Le jour de ma rentrée, c'est sympa pour reprendre !
[4] Le fond du soucis est là en fait ...
[5] En parallèle ? Surtout ?
[6] Et donc les décisions !
[7] Ni à gauche, ni à droite
[8] Et PAF ! Je ne crois pas au messie, ni barbu, ni allemand !
[9] Et re-PAF ! On fait pas de la télé !
[10] Si ! J'ose !
[11] Pensez donc, l'ancien Président était François Fillon !