J'ai dévoré ce livre en trois heures pendant un voyage en train. Je n'avais pas été autant bouleversée par un livre depuis bien longtemps.
Le thème rappelle un peu celui de Ravage de René Barjavel que j'ai lu il y a bien longtemps : un père et son fils marchent sur une route, vers le Sud, dans un paysage complètement dévasté par la fin du monde. Ils tentent de survivre tout en évitant leurs congénères devenus cannibales. Tout pourrait paraître rébarbatif et ennuyeux dans ce roman au style minimaliste et répétitif. C'est un roman d'anticipation mais il ne s'y passe pas grand'chose et on ne sait même pas ce qui a provoqué l'apocalypse. L'auteur s'intéresse uniquement aux deux personnages. On ne voit pas au delà de leur champ de vision, on ne voit donc pas ce qu'est de venu le reste du monde. Par des petits détails, par la description des petits gestes qui font leur quotidien, Cormac Mac Carthy parvient à éveiller la curiosité du lecteur et à instaurer un suspense. On s'attache à cet homme et à son fils qui semblent seuls au monde et on se demande quel sera l'issue de leur périple. Dans ce monde de cendres grises où les hommes semblent être revenus à l'état de bête, le père tente de protéger son enfant d'une manière complètement animale. La seule lueur d'espoir et d'humanité semble venir du petit garçon aux cheveux blonds qui apparaît comme un ange. On est bouleversé par le lien très fort qui les unit. Un roman très sombre mais qui délivre un message humain et spirituel très fort. Un livre très poignant que j'ai refermé les larmes aux yeux et dont j'ai eu tellement de mal à sortir qu'il m'a fallu un certain temps avant de pouvoir enchaîner sur une autre lecture.
extrait : "Quelque chose le réveilla. Il s'était tourné sur le côté et il écoutait. Il leva lentement la tête, le revolver dans la main. il baissa les yeux sur le petit et quand il regarda de nouveau vers la route la tête du convoi était déjà en vue. Grand Dieu, souffla-t-il. Il étendit le bras et secoua le petit, les yeux toujours fixés sur la route. Ils approchaient en traînant les pieds dans la cendre, secouant d'uncôté puis de l'autre leur tête encapuchonnées. Quelques-uns portaient des masques à cartouche filtrante. Un autre dans une combinaison de protection biologique. Tachée et crasseuse. Tapant du pied, avec des gourdins à la main, des tronçons de tuyau. Toussant. Puis il entendit derrière eux sur la route ce qui semblait être un camion diesel. Vite, souffla-t-il. Vite. Il fourra le revolver sous sa ceinture et saisit le petit par la main et tira le caddie entre les arbres et le fit basculer dans un endroit où il ne serait pas si facilement visible. Le petit était transi de peur. Il le tirait contre lui. Ca va aller, dit-il. Il faut courir. Ne te retourne pas. Viens."
La route, Cormac mac Carthy, Points, 252p.