Bon, bien sûr à Berlin, il y a Usain Bolt qui écrase tout. Et fait passer presque inaperçus les autres. Pourtant, il y en a d’autres qui planent dans le ciel de Berlin comme Bolt survole la piste bleue de l’Olympia Stadion. À commencer par le Portugais Nelson Evora, en finale du triple saut . Champion du monde en titre, champion olympique à Pékin en 2008, le Portugais, né en Côte d’Ivoire en 1984, ne semblait pas avoir d’adversaire à sa mesure. Ce qu'a confirmé, sans hésitation, la référence de la discipline, le retraité Jonathan Edwards, toujours recordman du monde de la discipline (18,29 mètres en 1995) : « À mes yeux, explique le Britannique, Nelson Evora est sans aucun doute le plus fort du lot sur le triple actuellement. Il est rapide, fort et possède un très bon équilibre. » et pourtant hier il a trouvé un adversaire à sa taille en la personne du Britannique Phillips Idowu.
Très flair-play, Nelson Evora a reconnu la supériorité de son adversaire "aujourd'hui Idowu était le plus fort, j'ai tout donné pour l'emporter mais il était très difficile à battre. Ce n'était pas mon jour".
Des qualités qu’Evora, né d’un père capverdien et d’une mère ivoirienne, cultive depuis son arrivée au Portugal à l’âge de cinq ans. Et comme toujours dans les trajectoires réussies de sportifs dorés sur tranche, le hasard fait bien les choses quand la famille Evora se pose à Odivelas, avec pour voisin Joao Ganço, un ancien recordman du Portugal du saut en hauteur. Voilà donc le jeune Nelson, avec un tel parrainage, bien lancé vers
les sommets de l’athlétisme. Naturalisé et Benfiquiste
A Benfica depuis son jeune âge (11 ans) et portugais depuis 2002, il redonne des couleurs à l’athlétisme portugais un peu en mal de champions depuis Rosa Mota (championne du monde du marathon en 1987) et Carlos Lopes, médaillé d’or sur marathon également lors des JO de 1984.
Et tout ça grâce à la foi dans un pays (Cap vert) encore très pieux. Car Evora est un adepte de la foi baha’ie, une religion fondée par Baha’u’llah, un noble persan qui proclame en 1863 être le porteur d’un nouveau message divin où prédomine l’idée que « le monde est un pays et l’humanité ses citoyens ».
Un beau slogan pour un grand champion planétaire.