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La décroissance : Une haute nécessité

Publié le 19 août 2009 par Noug
La décroissance : Une haute nécessitéLe Manifeste pour les produits de haute nécessité, un des plus beaux textes nés du mouvement social de 2009 a bénéficié d'un lectorat littéralement bien plus étendu que les îles natales des océans indien et atlantique des auteurs.
Jean-Luc Porquet, du Canard enchaîné, dans un article intitulé Pwofitasyon a évoqué cet appel au poétique dressé contre le prosaïque.
Un autre journal, La Décroissance, mensuel celui-là, moins connu mais tout aussi attaché à la liberté de la presse et par conséquent sans publicité, a également évoqué le Manifeste auquel Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant ont contribué. Ce journal au titre provocateur pour ceux qui ne voient, ne vivent, ne jurent que par le PIB, est de plus en plus présent dans les kiosques hexagonaux (mais peut-être faut-il dire métropolitains, la crise n'a-t-elle pas montré une nouvelle fois que nous étions perçus comme des colonies ?) De lucides lyonnais, dont Vincent Chenet, le président de l'association Casseurs de pub animent ce journal à contre-courant de l'idéologie dominante qui traverse tout l'échiquier politique.
Le constat implacable qu'une croissance infinie dans un monde fini est impossible ne semble pas perturber le moins du monde la course folle de nos vies qui se heurtera bientôt au mur de la réalité physique et matérielle. Si les objecteurs de croissance s'appuient sur la science et la logique pour démontrer la véracité de leurs propos, les apologistes de la croissance et du capitalisme n'utilisent que des arguments irrationnels, essentiellement fondés sur une foi indécrottable en la science et la technique.
La manière la plus insidieuse d'éviter le débat est de cataloguer les objecteurs de croissance chez les malthusiens. Dire que toutes les ressources énergétiques s'amenuisent de manière particulièrement préoccupante, qu'il n'est plus soutenable d'avoir la consommation et l'empreinte écologique actuelles, qu'il n'y a aucune solution au réchauffement climatique ne passant pas par une sobriété et des changements de paradigmes, ce ne serait plus du bon sens élémentaire mais de la folie furieuse. On leur reproche aussi parfois de vouloir retourner au paléolithique et de s'éclairer à la bougie. Pourtant c'est de la barbarie programmée qu' ils veulent nous épargner avant quelle ne devienne inéluctable.
Un seul des 577 députés du Palais Bourbon a publiquement proclamé cette haute nécessité de décroissance. Yves Cochet, ingénieur de profession et brillant pédagogue, est minoritaire dans son parti (Les Verts) désormais idéologiquement incohérent qui aurait du porter ce débat.
La décroissance : Une haute nécessitéNous ne nous attarderons pas sur les amis d'Harry Durimel qui gagnerait à s'interroger sur les égarements politiques et son appartenance à un parti qui a choisi comme tête de liste le libéral Daniel Cohn-Bendit.
Le mode de vie étasunien, s'il devait être généralisé à tous les habitants de la Terre, nécessiterait les ressources de six planètes comme la nôtre. Si nous prenons comme référence l'Europe il en faudrait trois. Pour un partage moins inéquitable, pour notre avenir, la décroissance est inévitable.
Quel “projet guadeloupéen” prend en compte une décroissance soutenable ?
Celui de Lurel, Gillot, des Verts ? Des organisations “patriotiques” du LKP ? Le tout automobile ne peut continuer. Ni en Guadeloupe, en Martinique, à New-York, Sao-Paulo ou Pékin. Nous ne pouvons pas perdurer dans ces consommations énergivores et dévorantes, ces climatiseurs et gadgets électroniques, voyages en avion fortement polluants et contribuant à l'augmentation des gz à effet de serre, etc
On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant sain et autrement.
Grisés par la globalisation et la technique qui l'a accompagnée, une partie d'entre nous s'imaginent que la Terre est devenue plate. Demain le transport et l'énergie coûteront si chers qu'il sera hors de question d'importer des containers réfrigérés aux Antilles, de même que des légumes espagnols ne traverseront pas toute l'Europe en camion pour achalander les rayons des supérettes allemandes.
Notre auto-suffisance alimentaire, utopie aujourd'hui, devra être effective demain. La Guadeloupe n'a pas de pétrole comme Trinidad & Tobago, pas d'or comme en Guyane ni le nickel de la Nouvelle-Calédonie.
Cela fait 400 ans que la Métropole s'intéresse à la Guadeloupe et pas aux Guadeloupéens.
L'intérêt de la France à posséder des petits bouts de territoire par le monde et les espaces maritimes immenses qui les entourent est géo-stratégique. Mais dans un contexte de tensions grandissantes et d'avenir incertain la priorité sera peut-être le seul hexagone. Vivre mieux avec moins. Moins de biens, plus de liens. Nous avons de grands défis à relever ; sans quoi nous assisterons à la suite logique du tableau effroyable dressé devant nos yeux. Si nous n'enterrons pas le capitalisme il aura raison de nous.
En nous inscrivant résolument dans l'épanouissement écologique de nos pays et du monde à venir, en contestant la violence économique et le système marchand, nous naîtrons au monde avec une visibilité levée du post-capitalisme.
Auteur(s) : Kam
Paru dans Le Mika Déchaîné (06/09)
Ça nous regarde : Simplicité volontaire et décroissance

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