Ce n’est un secret pour personne en Belgique, la famille royale est depuis un certain temps en ligne de mire dans la presse et le landerneau politique. On n’en est pas encore au désamour ni encore moins au rejet, n’exagérons rien, mais il faut bien admettre que le climat se gâte entre le bon peuple belge et son roy, sa femme et ses p’tits princes (en tout, 21 personnes). N’en déplaise aux aficionados et indécrottables séides de la monarchie, la contestation du système sinon du régime est en marche. J’ose dire : enfin !
Alors que les dotations de l’Etat à ces têtes couronnées non élues et issues de 1830 n’arrêtent pas de faire polémique et débat (et pourtant la monarchie ne coûte pas « la peau des fesses » au contribuable belge), de nombreux faits et gestes de cette pléthorique smala, autrefois lisse, discrète et BCBG, font l’objet de critiques et d’ironie qui dépassent largement le cadre pipole. Tout est maintenant observé à la loupe et décortiqué de façon critique. Plus rien n’est gratuit ni passé respectueusement sous silence poli et convenu.
C’est du nord du pays – la Flandre - que viennent généralement les révélations dont la dernière en date, l’histoire des deux yachts d’Albert et Paola, a donné un sérieux coup de canif dans la notoriété et l’autorité morale du roy. Pas plus tard que le 21 juillet, celui-ci compatissait avec toutes les victimes de la crise et le voilà faire débauche médiatique de millions d’euros. Cherchez l’erreur. Même Libé en a parlé.
Je disais donc que les révélations venaient toujours de Flandre. Les francophones sont bien plus circonspects sur la question royale et particulièrement la presse. Faut-il s’en étonner quand on sait que le grand patron des deux quotidiens parmi les plus lus en Belgique francophone (la sérieuse Libre Belgique et la populaire Dernière Heure) est un ami intime d’Albert et Paola. Quant au Soir, il surfe opportunément là ou la vague belgicaine l’amène. La presse écrite francophone est décidément très très suiviste, là ou sa consoeur flamande est critique. Je sais, je donne peut-être l’image de quelqu’un qui crache dans la soupe, mais moi je vois tout ça de l’extérieur. Et c’est triste à mourir.
Face à cette baisse lente et continuelle de popularité, la sagra familia tente coûte que coûte de redorer le blason. Sa dernière initiative, un gag bien involontaire, n’est prise au sérieux que par les inconditionnels et les crédules, elle fait ricaner : le prince Philippe, héritier présomptif de Tonton Albert qui n’en finit pas de régner à 75 ans, le mal aimé de la Flandre et d’une partie de la Wallonie, le « Charles » de la monarchie belge affublé d’une Barbie ridicule, s’est mis dans la tête de devenir un grand commis-voyageur de l’Etat pour appuyer de son auguste personne le commerce extérieur de la nation. Rien de moins pour un personnage timoré et sans charisme. Devoir d’Etat ! Son intention – pour autant que ce soit la sienne – est évidemment louable, mais elle ne tient pas la route. Notez qu’il le fait déjà en « conduisant » trois ou quatre fois par an des cohortes de chefs d’entreprise par delà les frontières du royaume. Mais ici il veut le faire tout seul (ou presque), comme un grand. Monseigneur « mènera » donc dorénavant des « missions économiques de courte durée (1 jour) et ciblées ». Qu’entend-il par là ? Lui seul le sait. Il sera accompagné de Monsieur le ministre des affaires étrangères (en l’occurrence le sombre Leterme, un autre gag). Blabla show et promo pour les gogos. Selon “De Standaard”, qui rapportait l’information, le pauvre Philippe voudrait ainsi démentir des critiques répercutées par certains médias lors d’une mission en Afrique du Sud en … 2006.
Bon, ben, pas d’euphorisme, les républicains, la fin de ce cirque n’est pas encore pour demain. Malheureusement. Les Belges sont ainsi faits.
.
ûéé
ûéé