Chatelaillon-plage et Fouras

Par Cecile64pb

Nous filons vers Châtelaillon-plage et sa longue plage de sable fin : 3km de long.

Seul petit soucis à marée basse = la mer se recule et laisse apparaître un estran vaseux, pas franchement attirant pour la baignade mais apprécié des pêcheurs à pied qui y trouvent coques, palourdes, couteaux, crevettes grises ou roses... La plage est ventée et bien aménagée avec des douches pour se rafraîchir!

Chatelaillon-plage est vraiment charmant, son essor remonte à 1890-1915, grâce à l'arrivée du réseau ferré qui permit d'y pratiquer les bains de mer et grâce à la fréquentation de l'aristocratie française et anglaise qui construisit de belles demeures & petits châteaux. On en recense plus de 750 restaurés!

En effet, la compagnie des chemins de fer des Charentes achète en 1877, 25 ha de terre à Châtelaillon & décide d’y installer une halte et de nouveaux lotissements. De 412 habitants en 1892, Châtelaillon passe à 814 en 1901, date du 1er recensement communal. En 1936, date des 1ers congés payés, la population atteint 2236 habitants (retraités, commerçants, professions libérales...)

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La promenade le long de la plage est bordée de tamaris et de séduisantes propriétés. La rue à sens unique permet aux voitures de profiter du panorama.

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Maison construite dans le 2ème quart du XXs, elle illustre l’importance des classes moyennes dans la naissance et le développement de Châtelaillon.
Elle est reconnue station balnéaire climatique en 1926.

Dès 1939, Châtelaillon-Plage reçoit près de 2500 personnes évacuées des villages d’Etzling et d’Alsting en Moselle.
Pour assurer leur chauffage dans des résidences de vacances, le conseil municipal prit la décision d’abattre les platanes du boulevard. L'arrivée des Allemands le 23 juin 1940 entraîna la construction des blockhaus sur la colline des Boucholeurs, faisant partie du mur de l’Atlantique. Chatelaillon est libérée le 6 mai 1945. Après la seconde guerre mondiale, la station accueillit une clientèle essentiellement populaire. A partir de 1960, et malgré l’apport d’une population nouvelle travaillant à La Rochelle, le déclin progressif du Casino et le désensablement de la plage font perdre à la ville toute identité qui devint alors une banlieue de La Rochelle.

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Après le déjeuner, on reprend la voiture en direction de Fouras. La presqu'île s'étend sur 4 km et offre un panorama sur les îles d'Aix, de Ré et d'Oléron, ainsi que sur Fort Boyard.

Fouras a connu un fort développement au début du XIXs, grâce à la mise en route des chemins de fer de l'Etat & à la mode des bains de mer qui en firent une station balnéaire très prisée avec de superbes villas XIX & XXs.

Fouras compte un peu plus de 4000 habitants qu'il est aisé de multiplier par 3 en juillet-août!

Cette paisible presqu'île offre un délicieux dépaysement, paisible et très familial à travers ses ruelles où la reine de Charente a élu domicile. Elle revêt ses plus belles tenues au début de l'été : juin et juillet sont ses mois préférés! Elle est partout, sur les bords de route, le long des murs des maisons, elle s'adosse partout et adooooooore le soleil : la rose trémière est incontournable. originaire d'Asie, la rose trémière appartient à la famille des Malvacées. Son nom botanique vient du grec "althaino" et du latin "rosa" = rose qui guérit, en référence à ses propriétés médicinales. Rose trémière est une altération de Rose d'Outremer, rapportée d'Orient par les croisés du Moyen Age aux XII & XIIIs.

Voici le musée de Fouras, gratuit et offrant un beau panorama sur la presqu'île et les îles. Il ne reste rien du château érigé au XIs, pour contrôler l'estuaire et instaurer un péage. L'actuel donjon date de la fin du XVs et fut complété d'une forteresse sous Louis XIV d'où son nom "Fort Vauban", aggrémentée de plate-formes, courtines, tours... typique de Vauban.

Il ne faut pas oublier les courants chauds qui traversent sa pointe avancée de la Fumée, favorisant la croissance des huîtres et des moules qui en font un centre ostréïcole & mytilicole important. A marrée basse, l'estran sableux apparaît avec ses parcs à huîtres, ses petits coquillages que les locaux ramassent.

A fortes marées, on peut même rejoindre en voiture le fort Enet (visite de 2h à marée basse, se renseigner auprès de l'office de tourisme), de forme semi-cylindrique, il fut construit en 1810 par Napoléon pour interdire le passage entre l'île d'Aix et Fouras en souvenir de l'affaire des brûlots (en avril 1809, à la demande de Napoléon les escadres de Brest & Rochefort se regroupent dans la rade de l'île d'Aix afin de secourir les Antilles -victimes d'un blocus britannique-. L'estacade construite par l'amiral Allemand pour protéger l'escadre est détruite par des brûlots anglais qui profitent du vent de N-O et de la marée montante; les vents & les courants poussent les français vers la côte! Ils s'échouent et tentent de regagner Rochefort par la Charente (4 vaisseaux perdus, 10 en piteux état). A partir de là, l'importance de fermer la rade de l'île d'Aix devient évidente.) Renforcé en 1840 suite à des menaces anglaises, complété par des casemates, des logements... L'entente cordiale franco-britannique déclasse le fort au début du XXs.

On aperçoit Fort Boyard depuis la côte charentaise, construit entre 1843-59 afin de protéger la passe entre Aix-Oléron & Rochefort sur un banc de sable. Malheureusement, la portée des canons passent à 3km et l'utilité du fort à cet emplacement-là ne sert plus à rien! Il devient alors une prison avant d'être abandonné et racheté par un particulier en 1962 avant que le Conseil Général de Charente ne s'en porte acquéreur en 1989.

Saviez-vous que Fouras est le 1er centre national de captage de naissains d'huîtres? La culture se déroule en 4 phases :

1/ captage :3 fois/an, l'huître pond des larves qui au gré des courants, se fixent sur des collecteurs. Au bout de 3 semaines, elles donnent le naissain.

2/  naissain : 9 mois plus tard, les larves font 2-4cm, on les détache des collecteurs "détroquage" et on les élève dans des bassins d'eau de mer pendant 9 mois.

3/  élevage : soit à même le sol, soit sur tables

4/ affinage : en septembre, on sort l'huître de la mer et on la replonge dans les bassins pendant 3-4 mois avant de les commercialiser.

La région Poitou-Charente produit les incontestables Huîtres Marennes Oléron, mais aussi des Huîtres de l’Ile de Ré et des environs de la Rochelle, ces huîtres présentent un goût de jeune noisette, moins oidé que les autres huîtres car elles ne sont pas élevées en pleine mer, et une couleur bleu-vert profond grâce à une micro-algue spécifique des claires. Notez tout de même que ces huîtres bénéficient d'un Label Rouge et représentent 50-55% de la production française d'huîtres.

Il ne faut pas oublier la culture de la moule, qui se fait sur des pieux en bois 'bouchots', les larves se fixent sur des cordes en chanvre, formant un manchon noir 'la pelisse' sur laquelle on pose un filet souple 'le catinage'. Au bout d' 1 an, les moules sont récoltées à marée haute.

Sur toute la cote charentaise, vous ne cesserez de voir et bien entendu, d'admirer les "carrelets".

Ces cabanes de pêcheurs doivent leur nom au filet carré tendu. On le descend horizontalement au moyen d'un treuil depuis le ponton, les pêcheurs le remontent très rapidement, pour bien emprisonner les poissons situés entre le filet et la surface. Cette pêche est très réglementée car elle implique la construction d'un ponton sur le domaine maritime. La tempête de décembre 1999 avait détruit 600 carrelets, heureusement 450 ont été reconstruits en suivant des directives strictes : tout bois, toit en tôle "autorisé".

Certains carrelets sont totalement isolés de la côte à marée haute et un bateau est alors indispensable!

Nous quittons Fouras et partons à Rochefort où nous avons réservé une chambre à l'hôtel ROCA FORTIS. Petit hôtel familial central 2 étoiles, propre bien qu'un peu vieillot (pas de parking, ni de restaurant, petit-déjeuner continental).

En face de l'hôtel, la chambre d'hôtes Palmier sur cour était complet mais semblait être une adresse à retenir pour un prochain séjour, rue de la République.