Libérée, mais pas graciée... La jeune chercheuse française peut enfin souffler dans le calme de la résidence de l'Ambassade de France à Téhéran, en attendant le verdict de son procès - que tout le monde espère rapide (voir Le Figaro du jour )... L'occasion de prendre conscience de la mobilisation internationale en feuilletant la presse étrangère (voir les photos ci-contre - crédit photo : AFP).
"Le retour en France risque d'être difficile, car c'est une fille assez discrète. Mais le plus dur est passé, et Clotilde doit être sacrément soulagée », confie une de ses amies, qui l'attend de pied ferme à Paris.
Selon ses proches, la jeune chercheuse française, arrêtée le premier juillet à Téhéran, se porte bien. Pendant son mois et demi de détention, elle n'a pas été physiquement torturée, à l'inverse de nombreux jeunes manifestants iraniens. Elle ne s'est pas retrouvée en cellule isolée, comme c'est actuellement le cas pour plusieurs prisonniers politiques du pays. Ce sont l'incertitude sur son sort et les longs interrogatoires qui ont été les plus éprouvants.
La suite ? Son entourage espère un non-lieu avant le ramadan qui commence en fin de semaine... Libérée sous caution, Clotilde ne peut quitter le territoire iranien tant que le jugement du tribunal n'aura pas été prononcé. Les négociations se poursuivent donc en coulisse.
Au cours de ces dernières années, Bernard Poletti, l'Ambassadeur de France à Téhéran, est devenu, malgré lui, un habitué des crises franco-iraniennes, qu'il a toujours traité avec opiniâtreté et discrétion (voir son discours du 14 juillet à l'Ambassade de France). Clotilde Reiss n'est pas la première à se retrouver dans le collimateur de la Justice iranienne. En novembre 2005, un ressortissant français avait été condamné à 18 mois d'emprisonnement pour allégation de franchissement illégal de la frontière maritime. Il est resté 15 mois derrière les barreaux avant d'être libéré.
Un chercheur français s'est également vu confisquer son passeport par les autorités iraniennes après avoir pris des photos d'une cérémonie religieuse au Sistan-Balouchistan. Assigné à résidence, il n'a pu quitter l'Iran que deux mois plus tard. Plus récemment, une documentariste franco-iranienne s'est retrouvée sous les verrous pour avoir filmé des images jugées trop sensibles. Autant de signes illustrant les « crispations » franco-iraniennes.
Mais dans cette affaire, c'est l'Elysée qui a voulu prendre directement les commandes. En pleines vacances d'été, Nicolas Sarkozy s'est emparé en personne du dossier. Quitte à activer des leviers régionaux. A deux reprises, le bureau de la Présidence française a en effet remercié la Syrie. Partenaire stratégique de Téhéran, Damas est dernièrement redevenu fréquentable aux yeux de la France. La « carte » syrienne tombait donc à pic pour tout le monde : elle sort Bashar al Assad de son isolement et elle permet à la France de justifier aux yeux de ses autres alliés son rapprochement avec Damas.
Quant à la République islamique, elle s'est prêtée au jeu afin, disent certains, de se débarrasser d'un dossier qui devenait trop encombrant. Pas question, pourtant, du point iranien, de se laisser tout dicter par Damas. Faut-il y voir une des raisons du report du voyage de Bashar al Assad à Téhéran, « pour des raisons techniques et naturelles » selon les agences de presse iraniennes ?
La perspective de le voir repartir à Damas, avec Clotilde Reiss dans ses bagages, et de le voir endosser le rôle de « sauveur » ne serait, dit-on à Téhéran, pas bien digérée par la République islamique. Citée par le site de la télévision iranienne Press TV, une source anonyme du Ministère iranien des Affaires étrangères) vient même de démentir la médiation syrienne évoquée par "plusieurs journaux, y compris le quotidien français Le Figaro", tout en précisant qu'Assad devrait arriver à Téhéran ce mercredi.