Clotilde Reiss n’est pas sortie d’affaires. Les tractations continuent. L’Elysée scénarise l’évolution de l’affaire. Lundi encore, la présidence de la République faisait savoir que Nicolas Sarkozy était suspendu à son mythique téléphone portable pour libérer définitivement la jeune Française. L’UMP a publié un communiqué triomphant : "Après la libération de Nazak Afshar, employée à l'ambassade de France en Iran [...] c'est la preuve que la France n'oublie pas ses ressortissants où qu'ils se trouvent et qu'elle dispose de par la présence de Nicolas Sarkozy d'une réelle influence".
La France aurait payé une caution pour faire sortir la jeune Française. On parle de 213 000 euros. Bernard Kouchner dément. Si le paiement se confirme, une question se pose : pourquoi la France n’a –t-elle pas également payé la caution de la collaboratrice franco-iranienne Nazak Afshar la semaine dernière ? Selon son fils, Nazak Afshar aurait dû hypothéquer son domicile familial pour quitter la prison.
La Syrie a aidé. Nicolas sarkozy l’a remercié dans son communiqué de dimanche. Le président syrien se rend d’ailleurs en Iran cette semaine pour une visite officielle. Depuis plus d’un an, la France tente de donner une respectabilité internationale à la Syrie. Sarkozy explique que ce rapprochement était indispensable pour rétablir la stabilité politique du Liban. Voici qu’il sert également à sortir la France d’un piège dans lequel elle s’était enfermée. On aura en effet quelque difficulté à nier que Clotilde Reiss s’est retrouvée otage d’une situation qui la dépasse. Lors de l’élection présidentielle iranienne, Sarkozy n’a pas eu de mots assez durs contre le pouvoir iranien, alors qu’il s’est montré excessivement conciliant et docile vis-à-vis de Bachar al-Assad ou Mouammar Kadhafi. Barack Obama a montré que l’on pouvait tenir un discours de responsabilité sans aller jusqu’à insulter l’avenir. Un spécialiste de l’Iran explique même que Reiss aurait pu être libérée plus tôt si Sarkozy s’était montré plus discret :
"Si les autorités françaises avaient fait moins de bruit autour de son cas, elle aurait peut-être déjà été libérée."Pour la Sarkofrance, il y a donc deux types de dictatures dans le monde: les utiles et les autres.
L'Iran vient de rappeler à Nicolas Sarkozy qu'elle sait se rendre incontournable.