Splinter
USA, 2008
Réalisation : Toby Wilkins
Scénario : Kai Barry, Ian Shorr, Toby Wilkins
Avec : Shea Whigham, Paulo Costanzo, Jill Wagner, Rachel Kerbs
Résumé : Un jeune couple en vacances se fait prendre en otage par un couple de repris de justice en fuite. Lors d’une brève halte dans une station service désertée, ils se font attaquer par une étrange créature. Pour survivre à cette nuit, ils vont devoir s’allier…
Splinter est un film qui fait plaisir à voir. Non pas que ce petit film soit une révolution, mais il prouve que même avec très peu de moyens il est possible de proposer un creature feature de qualité. Le scénario est très classique (un groupe de personnes dissemblables enfermées dans un lieu clos en proie à une bestiole inconnue) mais le réalisateur Toby Wilkins a la bonne idée de pleinement utiliser le lieu de l’action. Que ce soient les différentes pièces ou objets que contient la station service, tout servira à un moment ou un autre. En plus, pour une fois le film ne se contente pas de personnages bâteau déjà vus 1000 fois auparavant. Pas de lâche ou d’ordure qui meurt d’une mort atroce, pas de blonde écervelée, pas de black rigolo, le nombre réduit de personnages oblige le film à les développer correctement, ce qui fait que l’on s’attache rapidement à eux. Du coup, le suspense s’en retrouve décuplée et les moments de trouilles sont suffisamment nombreux pour tenir en haleine. Qui plus est, les héros du film sont pour une fois plutôt intelligents et réfléchissent avant d’agir, ce qui est encore une fois très rare. Le seul gros reproche que l’on peut faire au film, c’est que l’on a du mal à distinguer la créature (qui fait pas mal penser à celle du Leviathan de George Cosmatos) vu que tous les plans la mettant en scène sont ultracuts. Mais a priori, il s’agit juste d’une technique pour cacher les défauts des effets spéciaux (petit budget oblige) donc c’est pardonnable. Le film est finalement assez avare en scènes gores, préférant se baser sur le suspense (ce qui lui réussit plutôt bien) mais propose tout de même quelques passages bien sanglant (dont une très douloureuse amputation qui rappellera des souvenirs aux gens ayant vu Les Ruines de Carter Smith).
Au final, Splinter est une solide petite série B horrifique offrant sa dose de frissons à l’amateur en ayant la bonne idée de développer des personnages attachants. Une très bonne surprise.
Note : 7/10
Le Monde (presque) perdu (Land of the Lost)
USA, 2009
Réalisation : Brad Silberling
Scénario : Chris Henchy, Dennis McNicholas
Avec : Will Ferrell, Anna Friel, Danny McBride
Résumé : Le docteur Rick Marshall (Will Ferrell) est la risée de toute la communauté scientifique depuis qu’il a prétendu pouvoir créer une machine permettant de voyager dans d’autres dimensions. Relégué à un poste ingrat, il finit par sortir de sa retraite lorsqu’une jeune scientifique lui apprend qu’elle a trouvé des éléments pouvant appuyer sa théorie. Remotivé, Marshall fabrique sa machine et décide de la tester. Un test qui les enverra dans un monde parallèle très étrange.
Lorsque je suis allé voir Land of the Lost, je ne savais pas à quoi m’attendre. Certes, la présence de Will Ferrell au générique était un gage de qualité, mais les bandes annonces du film ne dévoilaient que des gags assez poussifs et laissaient présager une volonté de l’électron libre de la comédie US de vouloir s’attaquer à un film plus mainstream, ce qui pouvait inquiéter. Et au final, c’est bien un film un peu hybride auquel nous avons droit, une œuvre pensée comme une comédie d’aventures familiale (le choix de Brad Silberling à la réalisation en atteste) mais totalement pervertie et parasitée par son acteur principal.
Le film commence sur une scène typiquement « ferrellesque » dans laquelle l’acteur se fait ridiculiser au cours d’une interview télévisée tout en se prenant pour une superstar (il décide de fumer la pipe sur le plateau, agresse le présentateur lorsque celui-ci lui pose une question dérangeante). Un excellent début qui remporte immédiatement l’adhésion. Et la surprise, c’est qu’une fois l’introduction passée (ou plutôt expédiée, vu qu’au bout de 10 minutes de film les héros sont déjà catapultés dans le monde parallèle), le rythme reste soutenu du début à la fin. On se retrouve dans un pastiche rigolard des films d’aventure des années 50-60, avec ses décors en carton-pâte, ses effets spéciaux approximatifs (le t-rex et les gars en costumes de lézards) et ses incohérences à la pelle (au bout de quelques minutes les personnages savent parler la langue des autochtones préhistoriques). Mais c’est justement ça qui fait tout l’intérêt du film, celui-ci jouant de tous ces clichés pour proposer un spectacle totalement fou. On assiste réellement à un film d’aventures à l’ancienne parasité par Will Ferrell (et le génial Danny McBride) et non à un film d’aventures avec Will Ferrell dedans. Le spectacle censément familial part donc dans les délires cul et sexe, la drogue, et le langage cru. Les scènes cultes s’enchaînent à une vitesse surprenante (l’attaque du camion de glace, le trip hallucinogène avec le crabe géant, la traversée du nid des ptérodactyles) et on se demande à chaque fois quelle nouvelle folie cet OVNI va bien pouvoir balancer à l’écran. Bien évidemment, le film regorge de joutes verbales débiles entre Ferrell et McBride et le docteur Rick Marshall a presque un petit côté Jack Burton dans son aptitude à foirer à peu près tout ce qu’il entreprend. On ressort du film lessivé, l’esprit retourné et avec l’impression d’avoir vu quelque chose de totalement différent.
Bien évidemment, Land of the Lost a suscité une totale incompréhension et a été un énorme flop aux USA (et il ne redorera certainement pas le blason de Ferrell en France) mais pourrait fort bien devenir un film culte dans les années à venir, une fois que les gens le prendront pour ce qu’il est : un trip parodique totalement fou et jouissif.
Note : 7/10
Carver
USA, 2008, DTV
Réalisation : Franklin Guerrero Jr
Scénario : Franklin Guerrero Jr
Avec : Matt Carmody, Erik Fones, Neil Kubath
Résumé : Un groupe d’amis part camper dans une forêt isolée. Dans une cabane appartenant au tenancier du bar du coin, ils découvrent ce qui semble être des films gores amateurs. Ils vont bientôt s’apercevoir que ce les morts sur ces films sont loin d’être truquées…
Le cinéma d’horreur est la proie de deux énormes maux de nos jours (autres que l’éternelle vague de remake) : le torture porn et les caméras numériques. Le torture porn est peut-être le sous-genre qui a fait le plus de mal à la crédibilité du cinéma d’horreur depuis sa création, tandis que le numérique a malheureusement permis à nombre d’auto proclamés cinéastes de pondre des immondices moches telles ce Carver. Car Carver n’est qu’un banale torture porn de plus, un film sans envergure, sans génie, d’un amateurisme rare (c’est limite si on se demande si l’équipe comportait un preneur de son tant certains dialogues sont parfois inaudibles). Carver est peut-être ce qui se fait de pire dans ce sous-genre pas bien reluisant du torture porn : une histoire qui met quasiment la moitié du film à démarrer, des personnages inintéressants et crétins au possible (mention spéciale à la brune qui parvient à abattre le méchant pour ensuite décider de se suicider 5 minutes avant la fin du film), et des scènes gore vraiment gerbante (il faut reconnaître tout de même un certain savoir-faire dans les effets gores, le budget a certainement dû passer tout entier dedans). Et non content de proposer une histoire tout ce qu’il y a de plus banale, Carver ne se foule pas et pique des scènes entière dans tous les coins : les snuffs movies à la Motel, le gros lourdaud tueur à la Hostel et Massacre à la Tronçonneuse, le camp déserté à la Vendredi 13, etc. Et bien entendu, le film se termine sur un twist hyper prévisible, et amené avec la finesse d’un pachyderme.
Une perte de temps, un film à oublier immédiatement, même avant de l’avoir vu…
Note : 1/10
No Man’s Land: The Rise of Reeker
USA, 2009
Réalisation : Dave Payne
Scénario : Dave Payne
Avec: Michael Muhney, Desmond Askew, Stephen Martines, Robert Pine
Résumé : Dans un motel perdu au milieu du désert, un shérif et son fils tentent d’appréhender un trio venant de dévaliser un casino. L’affrontement tourne à la catastrophe lorsqu’une pompe à essence explose, propulsant tout les protagonistes dans l’univers du Reeker…
Film d’horreur à petit budget, le premier Reeker n’avait pas vraiment marqué son monde. Plombé par un scénario prévisible au possible mais se pensant malin, le film avait tout de même pour lui un monstre au design sympathique et quelques meurtres bien sanglants. Pas de quoi justifier une suite a priori, si ce n’était la détermination de Dave Payne, scénariste et réalisateur du film. Trois ans après, cette séquelle a donc vu le jour. Une suite au titre évocateur, promettant d’apporter quelques explications (dont on se fiche un peu) sur les origines du Reeker. Des explications donc Dave Payne se contrefiche aussi de toute évidence, puisqu’au final il ne sera question de la création du Reeker que pendant les dix premières minutes du film. Dave Payne se lance ensuite dans un quasi remake du premier épisode, encore plus lent et poussif que son ainé. Les acteurs sont en roue libre (mention spéciale à Michael Muhney dans le rôle du gentil flic, qui gesticule comme un hystérique) et le film met des heures à démarrer, tentant vainement d’entretenir un pseudo suspense sur les événements que subissent les personnages. De plus, cette fois-ci le réalisateur et scénariste joue la carte du second degré à base de gags lourdingues plombant définitivement l’ambiance. Le Reeker, principale attraction du premier film, ne se manifeste quasiment pas avant le dernier quart d’heure, ce qui fait que l’on s’ennuie fortement à suivre les aventures rocambolesques des quelques personnages paumés dans le film. Et surtout, cela veut dire que les mises à mort sont très peu nombreuses et de plus assez peu originales.
Le premier Reeker était déjà plus que dispensable, mais cette suite au rabais le rendrait finalement presque sympathique…
Note : 3/10