Il reste un emplacement. Un seul. Nous le prenons. Usine à campeurs. Mais nous prenons. Puis allons tâter du Lac dans ce coin de Jura. Se rafraîchir. Jouer dans le sable. 35° au moins. Bain de foule et de soleil. Tatoués de tous bord et surpoids à foison.
Puis nous rentrons. Nous nous installons. Montons la tente. Faisons en sorte plutôt qu'elle ne descende pas trop. Instable, le terrain. Boutiquons vite fait un repas. Comprenons que la nuit sera longue.
Et pour cause : l'environnement !
Sonore, l'environnement.
Pluriel, de surcroît.
D'abord, musique de cirque, voix speaker, apéro jeux. Ca met dans l'ambiance.
Ensuite, dans notre champ de vision, une magnifique tente. Dedans, une jolie famille avec bébé qui pleure, maman qui s'énerve, papa qui temporise, belle-maman qui dit à maman comment s'y prendre, etc. Tout le monde se réconciliera avec un bon barbecue. Mais monsieur s'avérera être un redoutable ronfleur. Idéal pour la stéréo. Car de l'autre côté, deux "bandes de jeunes" ont choisi la soirée de la mort qui tue.
Les gars ont l'air sympas, sont tout en rires et en anecdotes. Pas que de l'eau ils boivent. Pas que de la cigarette ils fument. Allez. Laissons. On a eu leur âge. Par contre, c'est chiant cette musique techno. On pense que c'est le camping. Pas du tout. C'est deux tentes plus bas. D'autres jeunes. Parmi eux, des nanas. Qui hêlent en gloussant les gars du haut. Débat.
- Venez !
- Non, vous, venez !
Etc.
Les gars iront. Ca fera une accalmie.
Le ronfleur, lui, est fidèle au poste. On s'assoupit. Les gars reviennent. Vers 4 h du matin. Imperturbable, le ronfleur. Ils remettent ça, les gaillards.
On ouvre une paupière. Allez, on a eu leur âge. Mais une voix finira par s'élever : Bon, les garçons, c'est bon maintenant, faudrait peut-être songer à vous coucher. Ok, disent-ils. On applaudit quand même.