Il ne manque pas de spécialistes de Simenon. Sa vie et son œuvre semblent inspirer, et de plus en plus, le commentaire. Signe, s'il en était besoin, de ce que ses livres, et l'immense massif qu'ils constituent ensemble, sont une matière quasiment inépuisable. On y revient toujours. Moi-même d'ailleurs, comme je vous le confiais il y a peu, je ne m'en lasse pas.
Du coup, je ne pouvais qu'être attiré par le grand ensemble d'émissions diffusé cette semaine sur France Culture à propos de Georges Simenon. D'autant que son concepteur, Pierre Assouline, a écrit une biographie qui fait référence. Pendant cinq jours, d'hier à vendredi, ce sont trois heures et demie chaque matin (de 9 heures à 12h30, pour être précis) consacrées au créateur de Maigret.
Écouter France Culture à Madagascar, ce n'est pas toujours simple. Il vaut mieux passer par la page dédiée aux podcasts pour retrouver - mais probablement ne faut-il pas traîner - les émissions déjà diffusées. C'est donc ce que j'ai fait, pour écouter ce matin les émissions de ce lundi. Et vous ferez pareil (je vous l'ordonne!) si vous les avez manquées. C'est tout simplement remarquable.
Chaque journée étant construite autour d'un thème, il vaut mieux suivre l'ordre, puisque la chronologie est respectée. Hier, c'était Liège. Les premières années, celles où l'on accumule ce que vous serez, disait Simenon.
Pendant une heure, c'est l'écrivain lui-même, à partir d'extraits d'interviews, qui raconte sa ville de naissance. Le temps où il était un petit garçon obéissant. La boulimie de lectures. La révolte. Les débuts dans le journalisme et l'écriture...
Puis un débat rassemble (plutôt qu'oppose) deux des spécialistes évoqués plus haut. Michel Lemoine et Alain Bertrand évoquaient la présence de la Belgique dans les romans de Simenon. Qui, disaient-ils, fut un écrivain liégeois plutôt qu'un écrivain belge...
Un peu de lecture en guise d'intermède instructif - Lettre à ma mère, qui en dit long sur les rapports complexes de l'enfant, puis de l'adulte, avec celle qui lui avait donné la vie.
Et, pour finir, une heure de reportages, avec une promenade en Outremeuse, le quartier de Liège où il a vécu - y compris une halte pour avaler un genièvre, boisson typique de l'endroit -, une visite du Fonds Simenon au Château de Colonster, sur les hauteurs de Liège, des interventions de Jacques Dubois, éditeur de Simenon dans la Pléiade, d'autres de John Simenon, le fils "américain" de l'écrivain...
Bref, trois heures et demie de vrai bonheur au cours desquelles Pierre Assouline joue le rôle d'un guide averti qu'il est plaisant de suivre. Pour connaître le programme complet de cette série, je ne peux mieux faire que vous renvoyer à la note de blog dans laquelle il fournit les détails pour chaque jour de la semaine.
Et j'en profite pour signaler déjà la sortie, le 3 septembre, d'un Autodictionnaire Simenon dans lequel a puisé, parmi les nombreuses déclarations de Simenon parlant de lui-même, celles qui pouvaient composer un autoportrait éclaté - puisque les entrées sont classées par ordre alphabétique. Je ne l'ai pas lu complètement, mais je peux déjà vous dire que c'est passionnant. Comment la légende se construit, comment les contradictions sont mises en évidence, comment la vérité se fait jour...
Quand vous aurez écouté les émissions, je suis certain que vous irez vous aussi voir dedans. Tout en vous replongeant dans l'œuvre, qui reste bien entendu l'essentiel.