L’innovation influence t’elle les usages ou les usages influencent t’ils l’innovation ?

Publié le 17 août 2009 par Gregoirelacoste

C’est sur un tweet de Bruno Walter «  »Qu’est ce que l’innovation? C’est répondre à une question que le consommateur ne s’est pas encore posée » par F.Staub (père de la cocotte) » que j’ai envie de rebondir aujourd’hui.

En effet si anodin que cette citation puisse paraitre elle fait ressurgir un débat vieux d’une cinquantaine d’années mais sur lequel nous ne somme toujours pas plus avancé.

Celui-ci est : L’innovation influence t’elle les usages ou les usages influencent l’innovation.

Tout d’abord définissons ce qu’est l’innovation car cette notion n’est pas claire (comme le web 2.0 d’ailleurs) et cela permettra de poser les bases de la réflexion.

« L’innovation technologique peut être entendu sous le sens de la mise en application d’un nouveau service ou produit ou de sa remise à niveau (en terme de performance) dans l’optique de répondre à un usage ou un besoin du consommateur. »

L’innovation influence les usages.

Le courant sociologique du déterminisme technologique soutien la thèse de l’innovation comme initiateur du changement social et par là des usages.

Les exemples sont nombreux et cela se vérifie avec le marketing qui tente constamment de faire émerger les besoins latent des consommateurs dans l’optique d’y répondre par la suite avec un nouveau produit.
On pourrait citer le téléphone portable qui n’avait aucune utilité avant d’être commercialisé. Mon père me dit souvent qu’à l’époque il se donnait rendez vous avec ses amis à tel lieu à tel heure. Aujourd’hui on téléphone quand on est devant la porte d’un ami pour lui confirmer qu’on est là… Le constat s’en trouve même amplifié pour les sms. D’ailleurs sur la question des usages du mobiles on constate même que téléphoner est devenu has-been et pour cela cet usage n’apparait même plus dans les statistiques…

Source : GfK m2 « Contenus et Services Multimédias Mobiles » – 1er trimestre 2009 – Individus possesseurs de téléphones mobiles de 15 ans et + via

La cocotte est bien évidemment un très bon exemple puisqu’elle a réussi à changer la vie de million de ménagères en simplifiant la cuisine à la vapeur.
Le web quant à lui, a modifié considérablement le rapport que nous avons avec l’information, le divertissement, la culture et les communautés en permettant l’accès à des ressources illimités, mais est-ce une révolution technologique ou une évolution des usages ?

On en retient que l’innovation répond à un besoin avant même que celui-ci soit formulé mais dans le cadre des Technologie de l’Information et de la Communication, peut on reprendre ce modèle ?

Les usages influencent l’innovation

On peut voir le sujet d’une manière sensiblement différente surtout quand on fait référence au web 2.0 ou le web social. Cette appellation correspond d’ailleurs tout a fait à la thèse de l’usage qui influence l’innovation.

Pour résumer ce serait les communautés et les internautes lambdas qui influenceraient, par leur besoins affirmés, les nouvelles technologies.

Quoi de plus parlant que de prendre Twitter comme exemple. En effet cette plateforme était initialement prévue pour un usage bête et méchant qui consistait à raconter sa vie en 140 caractères. Les communautés par leur usages se sont accaparées le service pour le rendre plus professionnel, axé sur l’intelligence collective, l’information, la veille. C’est donc la première étape de l’influence des usages sur la technologie puisque l’usage effectif diffère de l’utilité initiale du service. Par la suite les besoins se sont éclaircis et des services sont nés autour, comme des moteurs de recherches de tweets, des annuaires, des jeux, des outils statistiques, de veille… toutes ces fonctionnalités avaient déjà été formulé par les membres de la plateforme. Bien sûr ces innovations ne sont pas des innovations majeures, mais elles ont tout de même un impact sur l’écosystème du web.

Cedric Deniaud dans son article « Avant de voir les outils, voyez les usages… » nous montre que l’importance dans les outils participatifs réside dans les échanges entre les membres d’un même réseau ou entre les membres de réseaux différents. Ce sont les internautes qui vont créer le contenu, échanger et faire vivre l’outil à leur manière. Ainsi on peut dire que l’outil doit se baser sur les usages des internautes pour répondre au besoin de sociabilité de chacun en facilitant et non en réinvantant les modes de discussions.

Le web 2.0 c’est aussi le User Generated Content où chacun est libre de s’exprimer à sa façon et de faconner le web selon son envie, peut donc encore croire à l’influence de la technique sur l’homme ?

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