Le musée de Messine est en travaux (depuis longtemps, dit-on), pas encore installé dans la belle construction toute neuve qui lui est destinée; seules quelques oeuvres sont présentées dans l’ancien bâtiment, d’ailleurs plein de charme. Les deux gloires locales sont Antonello et Caravage. Ce dernier, de passage ici entre Malte et Naples, un an avant sa mort, y laissa deux tableaux d’église : le haut en est sombre, quasi impossible à discerner, les scènes (une Adoration des Bergers et une Résurrection de Lazare) sont bien dans sa manière tardive, tragiques et attachants. Voici une trogne tout à fait caractéristique du Caravage et qu’on croit avoir déjà vue ailleurs. Je me souviens d’un long article dans The Guardian où l’auteur racontait ses voyages afin de voir in situ tous les tableaux du Caravage; il y arrivait presque, d’ailleurs, je crois. Il y a pire passe-temps, je devrais peut-être suivre ses traces. Ceux d’ici sont présentés dans une semi obscurité pour “faire ambiance” sans doute, mais heureusement on peut s’en approcher tout près. Dans la même salle, deux tableaux d’un caravagesque local, Mario Minniti, qui fut l’élève et le modèle du maître; d’une autre résurrection, celle du fils de la veuve de Naïm, j’extrais ce beau visage féminin, hélas un peu flou.
Girolamo Alibrandi, autre peintre sicilien bien représenté ici, dans un grand Jugement dernier en assez mauvais état, nous offre, au premier plan, ce nu bien en chair, où la sensualité du corps est gommée par le regard hagard de la fraîche ressuscitée ne sachant trop ce qui lui arrive.
Enfin, un Maître flamand inconnu a garni l’arrière-plan d’une
Crucifixion de la collection de tous les instruments de torture possibles et imaginables : ce thème assez fréquent des symboles de la passion paraît ici presque ludique, avec cette juxtaposition décousue d’images flottantes.Pas vu beaucoup d’art contemporain, ni même moderne. Et la Casa dei Cavalieri, de Giovanni Cammarata, est hélas fermée en août.