Le Joueur d'échecs

Publié le 16 août 2009 par Lael69
Stefan Zweig
Le Livre de Poche
93 pages
Résumé: Qui est cet inconnu capable d'en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu'antipathique ? Peut-on croire, comme il l'affirme, qu'il n'a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer.Le narrateur y parviendra. Les circonstances dans lesquelles l'inconnu a acquis cette science sont terribles. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l'isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.Une fable inquiétante, fantastique, qui, comme le dit le personnage avec une ironie douloureuse, " pourrait servir d'illustration à la charmante époque où nous vivons ".
Qui ne connaît pas Le Joueur d'échecs ? Considéré comme un classique en littérature, je l'avais étudié en classe de Terminale en cours de Lettres. J'avais beaucoup aimé l'écriture très efficace, où l'intrigue prend de l'ampleur au fur et à mesure que l'on entre dans la psychologie des personnages. Le récit, d'une part, de la partie entre Czentovic et Monsieur B est complémentaire de l'autre récit, plus captivant encore de la maîtrise du jeu de Monsieur B. Comment a-t-il acquérit autant de stratégie et de savoir-faire? On apprend que ce dernier fut enfermé dans une geôle privée par les nazis. Volant le seul livre qu'il trouva sous la main, Monsieur B appris par coeur des parties d'échecs. Enfermé, isolé, il développa une forme d'obsession sinon de schizophrénie très intense. Comme toujours, on ne peut être déçu par l'intrigue menée par Stefan Zweig, entre subtilité et ambiguëté, les personnages nous saisissent par leurs côtés sombres. Dans la Confusion des sentiments, c'était ce professeur tour à tour, protecteur et distant envers son élève, lequel ne savait plus comment réagir face à autant de changement soudain. Dans Le Joueur d'échecs, étrangement l'accent n'est pas mis sur le champion, mais sur son adversaire, comme un formidable jeu de renvoi entre le narrateur et ce personnage. Celui qui capte l'attention n'est pas celui qu'on croit et la fin, imprévisible reste terrifiante. Le Joueur d'échecs est une nouvelle enrichissante, tiraillée entre la psychanalyse et la compréhension d'un personnage énigmatique et la volonté de montrer l'adaptation à un environnement hostile. Le lecteur ne peut être que captivé et encore une fois séduit par l'écriture de Zweig.
Les avis de Calepin,Keisha, Lilly, Karine