L'éditeur Yale s'est déclaré très attaché à la liberté d'expression, pour contrebalancer cette décision, mais peu enclin à devenir un motif de désordre civil. Ayant pris en compte le fait que les précédentes éditions de ces caricatures se sont accompagnées de mouvements violents et d'incidents, c'est donc en accord avec l'opinion d'experts qu'il a pris sa décision.
Le président de l'association américaine des professeurs d'université, Cary Nelson, a pour sa part déploré la décision et dans une lettre ouverte, il en pointe les conséquences : à la manière de ce qui se passa avec The Jewels of Medina, ouvrage refusé par un Random House de peur qu'il ne provoque une insurrection et des montées de violence, faut-il qu'un éditeur se prive d'un ouvrage ou d'une partie de son contenu, sous prétexte qu'il pourrait choquer des fondamentalistes religieux ? « Nous ne négocions pas avec les terroristes. Nous venons juste d'accéder à une demande qu'ils n'ont pas encore formulée », enrage-t-il.
Pourtant, dans l'ouvrage de l'intéressée, il semblait bien qu'était prouvé que cette première crise des caricatures de Mahomet avait tout du conflit politique bien plus que de la crise culturelle...