Parfois une formule vous intéresse et vous pouvez être rebutée car un ingrédient vous manque…
Mais bien souvent la solution est dans votre placard !
Je tenterais de préciser
quand j’emploie un ingrédient « rare » par quel autre plus commun il
peut être remplacer. Je vais toutefois essayer de vous donner ici quelques
pistes générales.
Les ingrédients de la phase aqueuse :
Ils peuvent toujours être remplacés par de l’eau. Attention si vous remplacer un gel par de l’eau, il peut y avoir modification de la consistance car le gel, comme son nom l’indique, contient un agent gélifiant. La texture du produit fini peut être plus liquide, avoir moins de tenue, être plus compacte. Dans toutes mes formules, pour le moment, j’emploie l’aloe vera liquide d’Aromantic, non gélifié.
Les hydrolats peuvent se substituer les uns aux autres. Pensez à vérifier les propriétés. Pensez à l’impact sur l’odeur du produit fini.
Si vous enlevez l’aloe vera, vous perdrez surtout des propriétés cicatrisantes et anti-inflammatoires. Compensez éventuellement avec un actif adapté (par exemple le bisabolol).
Si vous enlevez le gel de silicium, vous perdrez des propriétés régénérantes sur le plan structure des cellules. Compensez éventuellement avec un actif adapté (par exemple l’allantoïne).
Si vous enlevez la glycérine, vous perdrez des propriétés humectantes. Compensez éventuellement avec un actif adapté (par exemple le complexe NFF d’Aromantic ou le « Honey moisturizer »=miel hydratant).
Les huiles et beurres.
Toute huile peut être remplacée par une huile de même nature, en essayant de conserver des propriétés similaires, tant que ses caractéristiques sont proches. Il faudra tenir compte du taux de pénétration (par exemple l’huile de chanvre pourra être remplacée par l’huile de noyau d’abricot, également fluide, mais pas par l’huile d’amande douce plus visqueuse) et de la résistance de l’huile à l’oxydation (une huile fragile ne pourra pas remplacer une huile résistante prévue pour être chauffée dans la formule).
Ne pas négliger l’aspect olfactif et l’aspect coloration (je pense aux huiles très orange comme argousier, urucum, buriti…), un mélange d’huiles orange et verte, pouvant se révéler parfaitement désastreux sur l’aspect final de votre produit.
Exemples :
L’huile de pépin de grenade pourra être remplacer par : huile d’onagre, huile de bourrache.
L’huile de kukui pourra être remplacée par : huile de noyau d’abricot, huile de macadamia (attention pas le contraire, l’huile de macadamia supporte d’être chauffée, pas celle de kukui !)
En ce qui concerne les beurres, outre ce qui vient d’être indiqué pour les huiles, il convient de remplacer un beurre par un autre de consistance équivalente. Quelques beurres par catégories :
- Beurres durs : cacao, sal, illipé, kokum, mangue (certains le classeront dans la catégorie ci-dessous, le mien est plutôt dur), ucuuba…
- Beurres moins durs : karité, kpangnan, mowrah, dhupa, tucuma (peut être classé dans la catégorie au-dessus, il est dur mais fondant)…
- Beurres souples : babassu, coco, beurres fabriqués à partir d’huiles hydrogénées (voir article sur les beurres) comme beurre de cassis, d’amande, d’avocat, etc.
- Huiles épaisses : callophylle inophylle (tamanu), neem, chaulmoogra (peut être classé dans la catégorie au-dessus), andiroba…
Les émulsifiants
Un émulsifiant peut être remplacé par un autre à plusieurs conditions :
- On remplace un émulsifiant eau dans huile ou huile dans l’eau par un émulsifiant de même type (c’est l’émulsifiant qui globalement détermine le type d’émulsion, je reviendrais sans doute là dessus), si possible en choisissant un émulsifiant ayant le même coefficient HLB (Hydrolipidic Balance), coefficient qui détermine sa capacité à émulsifier et quel type d’émulsion il produira. Se renseigner si nécessaire auprès de son fournisseur.
- On remplace un émulsifiant en adaptant son pourcentage d’utilisation et en ajustant si nécessaire la formule en équilibrant avec l’huile de base de la formule.
- On tient compte de la température d’émulsion. Si vous remplacez un émulsifiant à froid par un émulsifiant opérationnel à 70°C, les ingrédients prévus initialement pour ne pas être chauffés devront être revus un à un pour ne pas surchauffer un ingrédient fragile. Dans ce cas précis, c’est tout le mode opératoire qui sera vraisemblablement à revoir.
- On tient compte du pouvoir épaississant de l’émulsifiant. Si on remplace un émulsifiant qui épaissit, par exemple de la polawax, par un émulsifiant qui n’épaissit pas, il faudra ajouter un agent de consistance.
- On tient compte des caractéristiques particulières de l’émulsifiant…Certains sont faits pour donner des crèmes épaisses, d’autres des laits…
Les cires peuvent se substituer les unes aux autres en tenant compte de leur point de fusion.
Par exemple, les cires de carnauba, candelilla et de son de riz ont un point de fusion élevé (elles donnent de la dureté au produit fini), elles peuvent se substituer l’une à l’autre mais pas à une cire à point de fusion plus bas comme la cire d’abeille, de mimosa, sous peine d’obtenir un produit bien moins malléable…Voir dur comme du béton !
Les cires de fleurs peuvent être remplacées par une cire inodore plus l'introduction d'un ingrédient parfumé pour équilibrer l'aspect olfactif.
Les épaississants comme l'acide stéarique peuvent être remplacer par un petit pourcentage de cire ou l'introduction d'un beurre plus ou moins dur dans la phase huileuse. L'alcool cétéarylique peut être remplacé par un mélange d'alcool cetylique et d'acide stéarique...L'alcool cétylique peut être remplacé en introduisant de la glycérine et un autre épaississant (il a des propriétés émollientes).
Les gélifiants peuvent se substituer les uns aux autres, en tenant compte de la nécessité ou non de chauffer pour obtenir la gélification. Par exemple, la cellulose nécessite un chauffage important de la phase aqueuse dont la gomme xanthane peut se passer. Tenir compte de la fermeté du gel qu'on souhaite obtenir en adaptant le pourcentage utilisé qui ne sera pas identique selon le gélifiant retenu. Attention à l'effet collant ou pelucheux que produiront certains gélifiants utilisés à haute dose.
Les huiles essentielles peuvent se substituer les unes aux autres, soit en gardant les mêmes propriétés, soit pour adapter les propriétés à vos besoins. Mais il convient d’examiner l’aspect olfactif et surtout de vérifier les précautions d’emploi propres à chaque huile essentielle, que vous fassiez ou non des modifications d’ailleurs.
Je tenterais de faire un article sur les familles olfactives des huiles essentielles.
Bien entendu l’aspect olfactif pose le même problème pour les absolues, les cires de fleurs parfumées, les macérats parfumés et tout autre ingrédient à odeur prononcée.
On ne remplace pas un ingrédient parfumé par une huile essentielle si le produit est destiné à un enfant de moins de 3 ans !!!
Si on destine le produit à un enfant de plus de 3 ans ou à un pré-ado, on adapte les dosages.
Les actifs
Les actifs peuvent se substituer les uns aux autres ou être compenser tant qu’on veille à ce que l’ingrédient de substitution ait des propriétés similaires. On corrige alors le dosage en suivant les indications de son fournisseur.
Cf exemple de la glycérine plus haut… Ca marche aussi dans l’autre sens ! Si on remplace un actif hydratant par de la glycérine, on utilisera au moins 4%de glycérine, ajuster alors le volume en diminuant l’eau dans la formule.
Je reviendrais sur cette rubrique ou je ferais un article spécial.
Certains ingrédients sont incompatibles entre eux, je tenterais également de lister ces cas particuliers.
Cet article sera sans doute compléter selon vos observations (si si, je les attends) et ce qui me reviendra à l'esprit plus tard.
On peut
aussi modifier une formule en gardant son architecture et en recherchant d’autres
propriétés… C’est tout l’intérêt de la cosmétique faite maison…S’adapter aux
besoins de l’utilisateur !
Images : hydrolats, huiles, cires, huiles essentielles