Je ne crois pas avoir lu les précédents livres de Fabrice Lardreau. Et l’appel lancé en quatrième de couverture à tous ceux qui apprécient Michel Houellebecq n’était pas fait pour me rassurer: «Il est l’auteur de dix romans, dont Une fuite ordinaire (Denoël), remarqué par Michel Houellebecq». Ayant toujours estimé, après lecture (et non sur base d’un quelconque a priori), que ce dernier écrit à peu près n’importe comment – c’est-à-dire, au fond, qu’il n’écrit pas –, et que par ailleurs il aborde généralement des sujets qu’il est incapable de maîtriser faute de disposer des moyens littéraires nécessaires, je ne peux considérer son avis comme une référence. Mais il faut lire de tout, n’est-ce pas? Et même des auteurs appréciés par d’autres qu’on n’apprécie pas. Une bonne surprise n’est jamais impossible.
Nord absolu est une de ces bonnes surprises, tant mieux. Fabrice Lardreau y tisse une intrigue surprenante dans un pays imaginaire, sur fond de racisme et d’exclusion. Il fait tenir le monde sur un territoire où se nouent des enjeux politiques finalement pas très éloignés de ceux que nous connaissons.
Son livre est un miroir, certes placé assez loin de nos sociétés, mais dans lequel, en y regardant bien, nous reconnaîtrons quelque chose de nous. Pas nécessairement le meilleur. Une manière détournée – mais efficace, j’espère – de nous alerter sur quelques dérives possibles, sans insister, les qualités de ce roman résidant surtout dans la manière. Les thèses sous-jacentes, chacun en fera ce qu’il veut…