A mort l'ISF !

Publié le 06 août 2009 par Nemo
A peine ai-je installé mes pénates du côté de la petite mer* qu'une idée dérangeante me tarabuste
La maison de la famille de Madame où je séjourne, autrefois acquise pour une bouchée de pain pourrait bien valoir à mes beaux-parents d'être imposables sur leur patrimoine !
Exerçant l'honorable mais néanmoins éreintant métier de boulangers-pâtissiers, ceux-ci pourraient bien survenir audit impôt durant leur vie active.
Toutefois, la question se pose de leur situation durant leur retraite. La France, pays de la retraite par répartition, chantre de l'opposition à la retraite par capitalisation, ne valorise guère l'effort financier des indépendants. Bien que ceux-ci contribuent de manière fort importante aux cotisations retraites, le moment venu, ceux-ci n'en sont pas remerciés. Loin s'en faut.
Mettons donc de côté ce sujet qui mériterait un billet à lui seul.
Beau-papa et belle-maman, après avoir travaillé plus de 40 ans de leur vie à un rythme hebdomadaire oscillant entre 70h et 90h, vont se retrouver avec une retraite qui ne suffira pas à leur maintenir un niveau de vie qu'ils ont obtenu jusque là à la sueur de leur front.
Admettons pour la suite du raisonnement.
A cause de la flambée immobilière qu'a connu la région, leur patrimoine théorique pourrait bien dépasser le seuil de 790.000 EUR et ce, sans que leurs revenus n'aient bougé d'un iota !
Faites le calcul vous-même. Avec une résidence principale en région parisienne (que l'on peut difficilement trouver en dessous de 300 000 EUR pour plus de 100 m²), la moindre résidence secondaire achetée en zone touristique fait passer aisément ce seuil par le seul jeu de la spéculation ! Il ne s'agit par ailleurs que d'une valeur théorique !
Un appartement en banlieue, une maison à la campagne, une petite flambée du marché immobilier et pouf...vous voilà considéré comme "riche" aux yeux de la loi...et ce même si ce fut au prix de sacrifices extraordinaires pour ce faire.
La question n'est pas réellement des taux et abattements qu'il conviendrait de recalculer. Non. Je comprends le raisonnement qui consiste à demander des efforts contributifs plus importants à ceux qui vivent aisément mais grever un patrimoine m'apparaît être un non-sens !
La plus-value lorsqu'elle sera effective et réalisée sera déjà grevée d'un impôt spécifique ! Pourquoi y surajouter un impôt basé sur la plus-value "potentielle" non encore réalisé?
Le Président de la République avait eu pour objectif présidentiel de supprimer cet impôt...quoi de plus normal, symbole ultime de la gauche qui illustrerait une victoire de la droite décomplexée. Il s'agit encore d'idéologie !
Seulement, il ne saurait être acceptable de supprimer cet impôt tout en mettant à mal l'effort contributif des plus riches (notamment avec le bouclier fiscal).
Je suis fermement contre cet impôt abscons, au calcul incohérent et qui vise à remettre en question un principe fondamental de notre république: le droit de propriété.
Pourquoi donc maintenir un impôt dont le message principal est: "nous vous reprochons d'avoir un patrimoine"?
Je suis en contrepartie totalement en faveur d'une revalorisation de l'impôt sur le revenu: réinstaurons et lissons la progressivité au-delà de 50%, adoucissons les taux pour les classes moyennes, et surtout supprimons le bouclier fiscal !
En période de crise, il n'est pas aberrant de ficher des tranches d'imposition au dela de 70% ! (Même hors période de crise...)
Notons qu'il serait suicidaire de ne le faire qu'à la seule échelle française...il conviendrait de le faire à l'échelle européenne !
J'avoue ne pas nourrir de sympathie particulière à l'égard de cet impôt idéologique et inefficace qui a eu pour effet pervers de se détourner de l'essentiel: taxons plus les revenus des plus aisés, seul moyen pertinent pour éviter que ne s'accumulent artificiellement les fortunes en France en freinant l'ascension sociale d'autrui.
De toutes façons, en matière d'impôt injuste, il y a aussi la TVA...mais ça, c'est une autre histoire.
PS : *Nicolas, si jamais tu passes dans le coin, je te promets de te payer un coup de chouchen (ou une bière si tu insistes!)